InternationalAFP




Dix jours après le cyclone au Mozambique, Beira commence à relever la tête

Dans la cour du collège-lycée, des centaines de sinistrés du cyclone Idai, qui a balayé le Mozambique mi-mars, cohabitent avec…

Dans la cour du collège-lycée, des centaines de sinistrés du cyclone Idai, qui a balayé le Mozambique mi-mars, cohabitent avec des écoliers en uniforme. Des femmes lavent des piles d’assiettes en plastique multicolore, tandis que des élèves s’apprêtent à reprendre les cours après plus d’une semaine d’interruption.

« C’est important pour notre futur de revenir à l’école. Le cyclone, c’était très dur, mais il faut avancer maintenant », explique Jini, 16 ans, cravate bleu marine assortie à son pantalon.

« C’est bien qu’ils aient décidé de rouvrir l’école, c’est comme si on revenait à la normale. »

La cour de l’école Samora Machel à Beira (centre), où flotte un drapeau mozambicain délavé, bruisse des conversations des lycéens de nouveau réunis. Mais le cyclone, qui a fait près de 450 morts au Mozambique, est dans tous les esprits.

« C’est difficile à la maison, je n’avais pas envie de revenir ici. La maison a été endommagée et je veux aider », confie Maria, 16 ans.

Son amie Dominga la réconforte. « Ca va aller. Le cyclone est fini, il faut penser à l’école. »

Mais au collège-lycée, tout rappelle la violence des intempéries. Le gymnase a été transformé en centre de déplacés. Dans la cour, des femmes cuisinent sur un feu de bois. Dans le jardin, gisent des branches cassées. Le toit en tuiles a lui relativement bien résisté.

Des employés de l’établissement s’activent pour nettoyer le sol des classes à coups de serpillères et de détergents, pour effacer des odeurs tenaces.

La directrice de l’établissement, Fina Duarte, gare sa voiture devant l’école et en sort d’un pas décidé et la mine grave.

Son établissement de 6.630 élèves a été réquisitionné pour accueillir des sinistrés, mais qu’à cela ne tienne.

« Les rescapés sont dans le gymnase et certains espaces communs, mais pas dans les classes où l’on donne cours », explique-t-elle à l’AFP.

– 3.000 écoles détruites –

Les lycéens « ont des examens à préparer, il faut qu’ils reprennent l’école au plus vite », ajoute le numéro 2 de l’école, Saimon Militao.

La direction comptait rouvrir l’établissement ce lundi, seulement pour les lycéens. Au petit matin, près de 3.000 élèves avaient fait le déplacement.

Mais rapidement, la direction s’est heurtée au principe de réalité. Le grand ménage est loin d’être terminé. Impossible de reprendre les cours dans l’immédiat. Le lycée ne rouvrira que mardi.

Au Mozambique, 90.000 élèves sont privés d’école à la suite des intempéries. Plus de 3.000 écoles ont été détruites, selon l’ONU.

Beira, deuxième ville du pays, porte toujours les stigmates du passage d’Idai: poteaux électriques déterrés, câbles léchant le tarmac, nids de poules géants, électricité toujours coupée dans de nombreux quartiers.

Mais la résilience s’organise. Des habitants s’affairent sur les toits arrachés, d’autres débitent à la hache ou à la machette les nombreux arbres qui n’ont pas résisté.

Les vendeurs de rue reprennent possession des trottoirs.

« Je recommence à vendre du poisson », se réjouit Domingo Ruiz, derrière des monticules de poissons séchés dans le bidonville de Praia Nova.

« Pendant plusieurs jours, c’était impossible de vendre. Les gens n’avaient pas d’argent parce que les banques étaient fermées. » Mais depuis vendredi, des établissements bancaires ont pu rouvrir.

Sur la plage de Praia Nova, des ouvriers transportent dans une charrette à bras des blocs de béton récupérés ça et là. « Une fois les maisons en tôle réparées, on les mettra sur les toits pour éviter qu’ils s’envolent », explique l’un deux, Francisco Ruiz.

Mais dans ce quartier extrêmement pauvre, tous n’ont pas les moyens de se mettre immédiatement à pied d’oeuvre.

Le salon et la cuisine de Zacharia Arman Mashonga ne sont plus qu’un sol boueux ouvert aux quatre vents. « Pour le moment, j’habite chez un voisin qui m’héberge le temps que je trouve l’argent pour reconstruire ma maison », confie le jeune homme de 25 ans.

« Mon travail, c’est de porter les poissons une fois que les bateaux de pêche sont rentrés. Je ne gagne pas beaucoup d’argent, et je ne sais pas quand je pourrai racheter de la tôle ».

Suivez l'information en direct sur notre chaîne