Avalanche de tweets, meeting présidentiel: les républicains, Donald Trump en tête, sont mobilisés à plein pour empêcher un jeune challenger démocrate de prendre mardi une circonscription ancrée à droite depuis des décennies, lors d’une législative partielle qui a pris une envergure nationale.

Dernier duel avant les législatives cruciales de novembre, l’enjeu de cette élection dans l’Ohio est grand alors que les démocrates espèrent reprendre le contrôle de la Chambre des représentants à Washington.

Une défaite des républicains dans ce solide bastion conforterait l’impression qu’une « vague démocrate » se prépare. Une courte victoire du républicain ne suffirait pas à atténuer cette perception.

Signe de l’importance de ce scrutin à haut risque: Donald Trump a fait le déplacement samedi pour appuyer son candidat à la Chambre, Troy Balderson, et multiplie depuis les tweets de soutien. Son vice-président Mike Pence, deux de ses fils, Eric et Donald Jr., se sont fendus de leurs propres messages de soutien.

« Ohio, votez aujourd’hui pour Troy Balderson », a encore martelé Donald Trump mardi matin, accusant Danny O’Connor d’être « faible face à la criminalité, sur la frontière (avec le Mexique), l’armée, les anciens combattants, votre 2e amendement », qui autorise le port d’armes, « et vos baisses d’impôts ».

En face, Danny O’Connor, avocat de 31 ans au visage poupin, pourrait accomplir l’inattendu. Se gardant d’entrer dans une joute directe avec Donald Trump, il a appelé sans relâche à la mobilisation.

Les dix points d’avance du mois de juin de Troy Balderson, 56 ans, se sont évaporés dans cette banlieue aisée de la capitale de l’Etat, Columbus. Les deux candidats étaient à égalité technique dans les derniers sondages et la participation semblait forte mardi pour une législative partielle.

– « Républicains en difficulté » –

L’Ohio fait partie des « swing states », ces Etats-clés de l’élection présidentielle américaine. Donald Trump y avait devancé la candidate démocrate Hillary Clinton de huit points en 2016 et de onze points dans la circonscription en jeu mardi. L’élection partielle a été déclenchée par le départ imprévu de l’élu républicain en place depuis plus de 15 ans.

« Le fait que ce soit si serré indique que les républicains sont en difficulté dans tout le pays », pronostique à l’AFP David Cohen, professeur de sciences politiques à l’université d’Akron.

« Que les démocrates soient compétitifs, y compris dans le 12e district de l’Ohio, est un indice qu’une vague bleue pourrait réellement arriver », poursuit-il, en référence à la couleur du parti démocrate.

Face au risque de voir la majorité basculer au Congrès américain, Donald Trump sillonne le pays depuis des semaines pour apporter son soutien aux candidats républicains, moquant les prédictions.

« Ils parlent d’une vague bleue. Je n’y crois pas », a ainsi tonné le président américain samedi, lors de son meeting de soutien dans l’Ohio.

Les démocrates ont besoin d’arracher 23 sièges aux républicains pour récupérer la Chambre. Ils pourraient alors sérieusement entraver les politiques de Donald Trump et multiplier leurs efforts pour le pousser hors de la Maison Blanche.

Or les démocrates ont déjà remporté ces derniers mois plusieurs trophées électoraux marquants, en battant ou en mettant en sérieuses difficultés des républicains dans des territoires d’ordinaires favorables, comme le sud-ouest de la Pennsylvanie et l’Alabama.

Les 435 sièges de la chambre basse seront en jeu le 6 novembre, ainsi qu’un tiers (35) du Sénat et les postes de gouverneurs de 36 Etats.

– Ligne modérée –

Loin des programmes ultra-progressistes présentés avec succès par les démocrates dans d’autres circonscriptions, Danny O’Connor propose une ligne relativement modérée qui le démarque toutefois nettement des politiques de Donald Trump.

Ce fils admiratif d’une « survivante » d’un cancer du sein tient ainsi au renforcement de la couverture santé, plaide pour des limitations « de bon sens » sur les armes et dénonce une « guerre commerciale » qui affecte les agriculteurs de l’Ohio.

Des primaires ont également lieu mardi dans le Michigan, le Missouri et l’Etat de Washington, ainsi que dans le Kansas pour désigner un candidat au poste de gouverneur. Donald Trump y a apporté son soutien à un candidat tentant de ravir la place du gouverneur républicain sortant.