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Elections anticipées ou non: Netanyahu doit choisir

Provoquer des élections anticipées ou payer le prix pour sauver sa coalition: le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fait face…

Provoquer des élections anticipées ou payer le prix pour sauver sa coalition: le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fait face à des choix difficiles après la démission de son ministre de la Défense dénonçant le cessez-le-feu conclu à Gaza.

Le sort du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël semble dépendre largement de la décision de M. Netanyahu d’accéder ou non aux exigences de l’un de ses principaux rivaux et d’attribuer à son ministre de l’Education, Naftali Bennett, le portefeuille de la Défense, rendu disponible par la démission fracassante d’Avigdor Lieberman.

M. Lieberman a formellement présenté sa démission par écrit jeudi, a indiqué son ministère. Mais c’est mercredi qu’il a claqué la porte, plongeant le gouvernement dans la crise, au lendemain du cessez-le-feu conclu indirectement par Israël avec le mouvement islamiste Hamas et ses alliés dans la bande de Gaza.

La trêve a mis fin à la pire confrontation armée depuis la guerre de 2014 dans et autour de l’enclave coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée.

Entre lundi et mardi, au lendemain d’une incursion israélienne dans la bande de Gaza ayant mal tourné, les groupes palestiniens ont tiré des centaines de roquettes et d’obus de mortier sur Israël. L’armée israélienne a riposté en frappant des dizaines de position palestiniennes.

Quatorze Palestiniens ont été tués par les tirs et frappes israéliens. Les hostilités ont causé la mort d’un officier israélien et d’un autre Palestinien travaillant en Israël, tué par une roquette.

Après des mois de tensions et plusieurs escalades, les protagonistes ont rarement parus plus proches d’un quatrième conflit, avant l’annonce du cessez-le-feu sur intercession égyptienne.

L’ultranationaliste ministre de la Défense, partisan de la manière forte contre le Hamas au pouvoir à Gaza, a parlé de « capitulation devant le terrorisme » et appelé à des législatives « le plus tôt possible ».

– Sur le fil du rasoir –

L’échéance est normalement fixée à novembre 2019, mais depuis des mois flotte un parfum d’élections anticipées.

Avec le retrait du petit parti de M. Lieberman –Israel Beiteinou– de la coalition, M. Netanyahu ne dispose plus que d’une majorité d’une voix sur 120 au parlement (Knesset), et doit trancher: prononcer la dissolution, comme il a l’autorité de le faire, auquel cas les électeurs doivent être appelés aux urnes sous 90 jours. Ou tenter de sauver la coalition, au moins pour le moment.

Son parti, le Likoud, a dit mercredi que M. Netanyahu prendrait le portefeuille de la Défense (en plus de ceux déjà détenus des Affaires étrangères et de la Santé) et que des élections n’étaient pas nécessaires.

Le Premier ministre va continuer ses consultations jeudi, a dit le Likoud.

Mais les commentateurs ne donnent pas cher de la survie de la coalition. Ils voient mal M. Netanyahu gouverner avec une majorité minimale et difficilement contrôlable pendant un an, comme il l’avait éprouvé à ses dépens en 2015-2016, avant précisément de convaincre M. Lieberman de le rejoindre.

Surtout, ils l’imaginent mal concéder le portefeuille de la Défense à M. Bennett.

Le parti nationaliste religieux de celui-ci a signalé qu’il ne lui laissait guère le choix: ce sera la Défense ou les bureaux de vote.

– Question de timing –

« Ce gouvernement n’a aucune raison de continuer à exister » si le Foyer juif n’obtient pas ce ministère « pour changer la politique de sécurité, permettre à Israël de reprendre l’initiative et restaurer sa force de dissuasion », a dit le parti nationaliste religieux mercredi soir, dans une critique non voilée de la politique gouvernementale.

M. Bennett partage avec M. Lieberman une prédilection pour le gant de fer contre le Hamas. Tous deux membres du cabinet de sécurité, le forum restreint chargé des questions les plus sensibles, ils sont aussi à la tête de partis concurrents. Ils ont passé leur temps à s’invectiver au sujet de Gaza, parmi d’autres sujets.

L’apparent ultimatum du Foyer juif occulte les intérêts éclectiques des autres partenaires de la coalition, qui ont aussi leur mot à dire, comme les ultra-orthodoxes ou le ministre des Finances Moshé Kahlon. Ce dernier passe pour peu susceptible d’approuver la nomination de M. Bennett.

Pour M. Netanyahu, le timing peut être essentiel, et non pas seulement parce qu’il est en passe de battre le record de longévité d’un Premier ministre –il est en poste depuis 2009.

Bien qu’il paraisse toujours sans rival, les évènements gazaouis des derniers mois semblent avoir écorné sa réputation de meilleur garant de la sécurité du pays. Les habitants de la périphérie de Gaza sont descendus dans la rue pour dénoncer un cessez-le-feu qui les laisse, selon eux, à la merci des prochaines salves palestiniennes.

Un sondage publié jeudi indique que 74% des personnes interrogées ne sont pas satisfaites de la réponse de M. Netanyahu au dernier accès de fièvre.

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