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Elections au Kosovo: l’opposition en tête face aux « commandants »

Les électeurs pourraient avoir sonné l'heure du changement au Kosovo, semblant placer l'opposition en tête des législatives dimanche, devant les…

Les électeurs pourraient avoir sonné l’heure du changement au Kosovo, semblant placer l’opposition en tête des législatives dimanche, devant les anciens chefs de la guérilla qui le gouvernent depuis une décennie.

A 19H30 GMT, après le dépouillement de la moitié des suffrages, les deux partis d’opposition, la LDK (centre droit, 25,1 %) et la gauche (Vetevendosje, 24,7%) semblaient légèrement devancer le principal parti de la coalition au pouvoir, le PDK du président Hashim Thaçi (22,2%). Le trio était largement devant la formation du Premier ministre sortant Ramush Haradinaj (AAK, 12,4%), selon les chiffres de la commission électorale.

Faute de majorité absolue des 120 sièges à pourvoir (dont dix pour la minorité serbe), la formation qui sortira en tête sera chargée de trouver une majorité pour bâtir une coalition, selon la constitution.

Mais durant la campagne, les leaders de Vetevendosje et de la LDK, Albin Kurti et Vjosa Osmani, avaient laissé entendre qu’ils pourraient former une coalition pour écarter du pouvoir les « commandants ».

Ceux-ci sont rendus responsables par une grande partie des 1,8 million d’habitants de la profonde crise socio-économique, d’une corruption et d’un clientélisme endémiques, et de services publics désastreux.

En cas d’accession aux affaires, l’opposition sera confrontée à un double défi: ne pas décevoir la population mais aussi répondre aux exigences des Occidentaux qui attendent une résolution du conflit avec la Serbie, une des principales sources d’instabilité en Europe.

– ‘L’heure est venue !’ –

Après avoir mené la lutte contre les forces serbes (1998-99, 13.000 morts), les anciens chefs de la guérilla dirigent le Kosovo depuis la proclamation d’indépendance de 2008.

Celle-ci est reconnue par plus de 100 pays dont les principales capitales occidentales, mais toujours fermement rejetée par la Russie, la Chine et la Serbie, qui revendique toujours la tutelle de son ancienne province majoritairement peuplée d’Albanais.

Le scrutin avait été provoqué par la démission en juillet du Premier ministre Ramush Haradinaj, convoqué par le tribunal spécial sur les allégations de crimes de guerre commis par l’Armée de Libération du Kosovo (UCK) durant ce conflit ayant parachevé la désintégration de la Yougoslavie.

« Je crois vraiment (…) que le Kosovo va avoir une raison de se réjouir », avait commenté en votant Vjosa Osmani qui à 37 ans souhaite devenir la première femme à diriger cette société patriarcale.

« L’heure est venue! », a scandé durant la campagne Albin Kurti, vieil adversaire des « commandants » et notamment du président Hashim Thaçi.

De nombreux sujets séparent la jeune juriste du charismatique leader étudiant converti à la social-démocratie.

Mais leur hostilité commune aux « commandants » et l’appel au changement exprimé dimanche notamment par les jeunes, qui représentent plus de la moitié de la population, pourraient leur suffire pour former une coalition, estiment les observateurs.

– ‘Ras-le-bol’ –

Avant même le scrutin, Américains et Européens avaient livré leur feuille de route aux futurs dirigeants: « reprendre de manière urgente les discussions avec la Serbie ». Elles sont au point mort depuis des mois et Belgrade refuse de les reprendre tant que sont en vigueur les droits de douane de 100% imposés à ses produits par Ramush Haradinaj.

Albanais et Serbes du Kosovo se retrouvent sur la lassitude. « J’en ai ras-le-bol de cette histoire de dialogue », lâche Salih Mehana, commerçant de Pristina de 39 ans. « Cela devient drôle. Ils se parlent depuis des années (…) mais pour nous, la situation est de pire en pire », dit un juriste de 30 ans de la partie serbe de Mitrovica qui ne donne pas son nom, comme beaucoup dans cette ville divisée et sous tension.

Pourtant, cette question « sera déterminante » car « la communauté internationale ne donnera pas son aval à un gouvernement qui n’en ferait pas une priorité », dit le professeur de Sciences politiques Nexhmedin Spahiu.

A l’exception de Ramush Haradinaj, les principaux candidats ont semblé prêts à renoncer à cette barrière douanière pour reprendre le dialogue.

Un des sujets les plus sensibles sera l’organisation institutionnelle des secteurs où vivent les quelque 120.000 Serbes du Kosovo qui ont une nouvelle fois offert un plébiscite aux candidats de la Srpska Lista, émanation du parti au pouvoir à Belgrade qui s’aligne invariablement sur les positions du président de la Serbie, Aleksandar Vucic.

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