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Elections au Mexique: Meade, un indépendant dans l’ombre du PRI

Personne ne met en doute son intelligence, ni ses capacités de gestionnaire ou encore son caractère simple, mais José Antonio…

Personne ne met en doute son intelligence, ni ses capacités de gestionnaire ou encore son caractère simple, mais José Antonio Meade n’a pas réussi à faire oublier qu’il a été désigné par le parti au pouvoir, très impopulaire.

D’ascendance irlandaise et libanaise, Meade, 49 ans, n’a pourtant jamais milité au sein du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), longtemps hégémonique dans le pays, et pour beaucoup synonyme de corruption et de clientélisme.

Un grand-père sculpteur, un père militant dans ce parti et exerçant des fonctions publiques : Meade a grandi dans une famille catholique où l’on pratiquait la politique ou l’art.

Lui a choisi la politique sans toutefois rejoindre le parti de son père. Il a travaillé sous les deux présidences du Parti action nationale (PAN, conservateur), à partir de 2000, avant d’être recruté par le nouveau président Enrique Peña Nieto lorsque le PRI est revenu aux affaires en 2012.

Les gouvernements successifs ont apprécié ses compétences, qui lui ont valu d’enchaîner les prestigieux portefeuilles ministériels: ministre de l’Energie, des Affaires étrangères, puis du Développement social et enfin des Finances.

Il jouit de l’estime de ceux qui ont travaillé avec lui. Certains sourient quand ils doivent parler de lui.

– Chocoroles –

« Il apporte toujours des chocoroles (petits gâteaux au chocolat) aux réunions, il adore ça », raconte l’un de ses ex-collègues.

Meade a étudié parallèlement le droit à l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) et l’économie à l’Institut technologique autonome du Mexique (ITAM, privé).

« Il était d’une autre dimension du fait de son intelligence », se souvient le chroniqueur politique Fausto Pretelin, qui a étudié avec lui à l’ITAM.

Ses voisins apprécient sa discrétion et connaissent son goût pour les tacos du quartier.

« Pepe », comme ses voisins le surnomment, emploie en dehors des caméras un langage simple, coloré, et se déplace avec une sécurité discrète. Il conduit sa propre voiture et voyage sur des vols commerciaux.

Contrairement à Peña Nieto, considéré comme un galant toujours attentif à son apparence, Meade, qui souffre de vitiligo, blague sur les taches sur son visage et son léger surpoids, bien qu’il se félicite d’avoir perdu plusieurs kilos durant la campagne.

Alors qu’il était ministre des Finances, il a fait un jour l’objet d’un contrôle aléatoire de bagages à la douane de l’aéroport. Les employés voyant qu’il s’agissait de « leur » ministre ont voulu lui éviter l’inspection, mais il a refusé tout passe-droit et ouvert ses valises.

Sa femme, Juana Cuevas, est peintre. Il l’a rencontrée sur les bancs de la faculté d’économie. Charismatique, elle aime porter des vêtements colorés fabriqués par des artisans mexicains et apparaît souvent à ses côtés dans les meetings.

– Candidature inespérée –

Il y a un peu plus d’un an, peu de gens pensaient que le PRI choisirait un homme n’ayant pas milité dans sa structure pour le représenter.

Sa désignation a été décidée par Peña Nieto en personne, a indiqué à l’AFP l’écrivain et chroniqueur Martha Anaya.

Meade est « l’homme pur » dont la mission était de « laver le visage du PRI », selon elle. Avec sa réputation de probité, il semblait crédible pour affronter « le discours d’honnêteté et anticorruption de Lopez Obrador ».

Las: depuis sa désignation comme candidat du PRI en novembre, il est resté dans l’opinion publique le candidat du pouvoir, et les nombreux scandales de corruption qui ont touché le gouvernement ainsi les mauvais chiffres enregistrés en termes de criminalité plombent sa campagne.

Pour Pretelin, la candidature de Meade n’était viable que s’il prenait ses distances avec le président et critiquait ouvertement le parti qui l’avait désigné, mais cela n’a pas eu lieu.

« Meade s’est avéré être le candidat le plus brillant de l’élection, mais il n’a pas pu faire face au rejet » du PRI dans la société, a-t-il expliqué.

Visiblement peu à l’aise pour haranguer les foules depuis une estrade, Meade n’a jamais réussi non plus à se connecter avec l’électorat durant les meetings.

A quelques jours de l’élection du 1er juillet, il ne figure qu’en troisième position dans les enquêtes d’opinion, très loin derrière le candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador.

Meade « s’est montré trop tiède et trop novice », juge Anaya. « Il n’est parvenu qu’à convaincre le coeur de l’électorat du PRI, et encore, au prix de beaucoup d’efforts ».

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