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Elections en Centrafrique: l’ONU s’inquiète d’un manque de ressources

Plus d'un an avant des élections en Centrafrique, l'émissaire de l'ONU pour ce pays, le Sénégalais Mankeur Ndiaye, a mis…

Plus d’un an avant des élections en Centrafrique, l’émissaire de l’ONU pour ce pays, le Sénégalais Mankeur Ndiaye, a mis en garde vendredi le Conseil de sécurité contre un manque de ressources qui pourrait conduire à un report des scrutins et faire replonger le pays dans une grave instabilité.

Le calendrier électoral prévoit un enregistrement des électeurs à partir de janvier 2020, un premier tour des élections présidentielle et législatives en décembre 2020, et un second tour, si nécessaire, en février 2021. Des élections locales, jamais organisées depuis 1988, sont aussi programmées pour novembre 2021.

Le budget total pour ces scrutins est estimé à 41,8 millions de dollars.

Malgré des « pas encourageants », comme le décaissement par le gouvernement de 2 millions de dollars qui s’ajouteront à des fonds promis par l’Union européenne l’ONU, « la tenue des élections aux dates prévues reste menacée par l’insuffisance des ressources techniques, financières et humaines », a signalé Mankeur Ndiaye.

A cela s’ajoutent « l’absence d’un mandat logistique approprié de la (force de l’ONU) Minusca », forte d’environ 12.000 militaires, et « la persistance de l’insécurité » qui « suscitent des appréhensions au sein d’une partie de la classe politique centrafricaine », selon l’émissaire de l’ONU.

Le mandat de la Minusca doit être renouvelé en décembre et devrait intégrer un soutien aux élections centrafricaines. La force de l’ONU souhaite qu’à cette occasion un renforcement de ses moyens aériens trop « limités » pour soutenir les opérations des Casques bleus sur le terrain soit aussi décidé, a précisé le responsable onusien lors d’un entretien avec l’AFP.

Mankeur Ndiaye a appelé à une mobilisation de la communauté internationale pour que les élections « se déroulent de manière libre, inclusive et équitable sur l’ensemble du territoire ».

Commissaire à la paix et à la Sécurité de l’Union africaine, Smail Chergui a souligné pour sa part qu’il « n’y avait pas d’alternative aux élections générales de 2020-2021 ». « Tout sera mis en oeuvre pour la tenue à bonne date de ces élections », a-t-il assuré.

– « Démarcher tout le monde » –

Pour Mankeur Ndiaye, « il ne faut pas attendre juillet » pour commencer « la mobilisation des ressources ». « Il faut lancer un appel à tous les partenaires bilatéraux de la Centrafrique pour qu’ils contribuent également » à financer le processus électoral, a-t-il précisé, estimant qu’il « faut démarcher tout le monde », y compris la Russie, la Chine.

« Tout retard » dans les élections « entrainerait une situation d’instabilité », avec « une transition qui serait inacceptable pour la communauté internationale », a prévenu l’émissaire de l’ONU.

Interrogé sur l’insécurité et l’absence d’application de l’accord de paix par certains individus ou groupes, Mankeur Ndiaye a souligné qu’au besoin, des sanctions pourraient être prises.

L’accord de paix de février le prévoit et des sanctions peuvent être actionnées sur demande des facilitateurs (ONU, UA…), a-t-il rappelé. Un document va être prochainement validé à ce sujet, a-t-il ajouté, pour définir les violations et les sanctions applicables, à la fois pour les signataires de l’accord de paix mais aussi pour quiconque menacerait le processus politique.

Coordinateur du dossier centrafricain au Conseil de sécurité, la France a jugé que les progrès accomplis en Centrafrique depuis l’accord de paix de février étaient « encourageants ».

« Il y a des avancées, notamment dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration », a précisé devant les médias l’ambassadeur français à l’ONU, Nicolas de Rivière.

Interrogé pour savoir si de nouvelles exceptions à l’embargo sur les armes allaient être discutées après une demande mercredi du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra à son homologue russe Vladimir Poutine d’avoir des armements « plus lourds » pour contrer des groupes armés toujours actifs, le diplomate a répondu: « Pour le moment, on met en oeuvre la décision adoptée en septembre ».

Le 14 septembre, l’ONU avait assoupli l’embargo pour autoriser à nouveau la livraison d’armes d’un calibre inférieur ou égal à 14,5 mm aux forces centrafricaines. Bangui réclame depuis longtemps une levée totale de l’embargo sur les armes.

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