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Elections en RDC: Ramazani Shadary, un « dauphin » sous surveillance et sous sanction

Homme de confiance, héritier très encadré et persona non grata en Europe: Emmanuel Ramazani Shadary est le candidat du président…

Homme de confiance, héritier très encadré et persona non grata en Europe: Emmanuel Ramazani Shadary est le candidat du président sortant Joseph Kabila à l’élection présidentielle à un tour prévue dimanche prochain en République démocratique du Congo.

A 58 ans, son destin politique s’est emballé le 8 août dernier quand M. Kabila a pris la décision rare en Afrique centrale de ne pas briguer un troisième mandat interdit par la Constitution et de désigner un « dauphin », un candidat à sa succession.

L’heureux élu devait réunir plusieurs critères: avoir la confiance du chef, c’est-à-dire être proche des « Katangais » qui tiennent l’appareil d’Etat sécuritaire et ne pas s’émanciper s’il arrive au pouvoir, comme l’a fait Joao Lourenço en Angola.

Ramazani Shadary cochait toutes les cases, sans être dans la liste des favoris. L’ex-ministre de l’Intérieur venait d’être nommé à la tête du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti présidentiel) six mois avant son adoubement.

Ramazani Shadary a été ministre entre décembre 2016 et février 2018, au plus fort de la répression des manifestations contre le maintien au pouvoir du président Kabila.

A ce titre, le « dauphin » fait partie des 14 personnalités congolaises sous sanction de l’Union européenne (UE) pour « sérieuses violations des droits de l’homme ».

Un signe supplémentaire d’allégeance envers le chef, d’après des observateurs. Le président Kabila a d’ailleurs récemment déclaré qu’il faisait « pleinement confiance à tous ceux qui ont été sanctionnés ».

– Fervent catholique –

Sans être de l’ex-Katanga, le bastion minier du pouvoir, Ramazani Shadary est originaire du Maniema, la même province que la mère du président, Sifa Mahanya.

Avant de le désigner, M. Kabila a pris soin de constituer autour de son candidat une coalition politique, le Front commun pour le Congo (FCC), qui réunit tous les poids-lourds politiques du régime.

Souriant et à l’abord facile, Ramazani Shadary du haut de ses 1,90 m est un harangueur de foules maniant facilement un argot assaisonné d’anecdotes et de blagues.

« Fervent chrétien catholique », selon ses proches, il a lancé sa campagne le 24 novembre en assistant à une messe dans la cathédrale de Kinshasa.

Deux jours plus tard, il était à Lubumbashi où il a proclamé sa fidélité à l’un des fiefs du président Kabila, et au chef de l’Etat lui-même: « le Katanga m’a tout donné! »

Diplômé en sciences politiques, Ramazani Shadary prépare une thèse de doctorat à l’Université de Kinshasa où il enseigne par ailleurs.

Comme bien des responsables congolais, il a fait ses premiers pas au sein de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti historique de l’opposition, dans la période trouble des deux guerres du Congo (1996-2003).

Président de la fédération provinciale de l’UDPS au Maniema, Ramazani Shadary fut élu vice-gouverneur de cette province par une élection à main levée dans un stade en 1997, à la chute du dictateur Mobutu Sese Seko renversé par Laurent-Désiré Kabila.

Une année après, le père et prédécesseur de l’actuel président l’a nommé gouverneur du Maniema. Il a été confirmé à ce poste par Joseph Kabila en 2001.

Ramazani Shadary est un des fondateurs en 2002 du PPRD où il a occupé en 2005 les fonctions de secrétaire national chargé du processus électoral et de président de la Commission de discipline.

Élu député en 2006, réélu en 2011 dans la circonscription de Kabambare (est), il a assumé les fonctions de président du groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, puis coordonnateur de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale de 2011 à 2016.

Marié et père de huit enfants, Ramazani Shadary parle le swahili et le lingala, les deux langues parlées respectivement dans l’est et dans l’ouest de la RDC.

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