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Elections en Thaïlande: premier pas vers la dissolution du parti lié à la soeur du roi

Un premier pas a été franchi mercredi en Thaïlande vers une dissolution du parti qui avait présenté la sœur du…

Un premier pas a été franchi mercredi en Thaïlande vers une dissolution du parti qui avait présenté la sœur du roi au poste de Premier ministre, une mauvaise nouvelle pour le clan de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra à l’approche des législatives de mars.

Le fait de proposer la princesse Ubolratana comme candidate doit être interprété comme « hostile à la monarchie constitutionnelle », a indiqué la commission électorale dans un communiqué.

La commission a donc « demandé à la Cour constitutionnelle de dissoudre le parti Thai Raksa Chart », sous l’étiquette duquel elle devait concourir. Ce mouvement est très proche de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, bête noire des militaires au pouvoir.

« Je regrette que mon intention, qui était d’apporter mon aide au pays et à mes compatriotes thaïlandais, ait causé un problème. Cela ne devrait pas être le cas à notre époque », a déclaré mardi soir la princesse sur Instagram.

Une éventuelle dissolution du Thai Raksa Chart pourrait ne pas intervenir avant plusieurs semaines, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.

Mais une telle hypothèse serait un coup dur pour Thaksin Shinawatra. Renversé en 2006 et aujourd’hui en exil, le milliardaire espère avec ce parti nouvellement créé revenir au centre du jeu politique lors des législatives du 24 mars.

L’annonce de la commission électorale intervient alors que les tensions entre les militaires au pouvoir depuis le coup d’Etat de mai 2014 et les partisans, encore nombreux, de Thaksin Shinawatra se sont intensifiées ces derniers jours.

Vendredi dernier, la divulgation du nom de la sœur aînée du roi Maha Vajiralongkorn comme candidate avait provoqué une onde de choc dans le pays où les membres de la famille royale sont traités avec un statut quasi-divin et échappent à toute critique.

Mais, quelques heures plus tard, le roi avait torpillé les ambitions de sa sœur, qualifiant cette candidature d' »hautement inappropriée » dans un pays où « le monarque et les membres de la famille royale sont au-dessus de la politique ».

Si le Thai Raksa Chart est dissous, ses dirigeants pourraient être interdits d’activité politique pendant 10 ans.

« Nous avons agi avec sincérité avec l’intention de voir le pays se diriger vers un avenir heureux », a assuré mardi Preechapol Pongpanich, le dirigeant du parti.

– Chaîne de télé suspendue –

Autre coup dur pour Thaksin Shinawatra, la chaîne Voice TV fondée par ses enfants a été suspendue d’antenne mardi pendant deux semaines par la commission nationale de radiodiffusion et de télécommunications (NBTC).

Cette dernière a estimé que plusieurs de ses programmes auraient pu provoquer de l’agitation dans le pays à l’approche des élections. Elle a même fait poindre la menace d’une suspension d’antenne plus longue voire d’une interdiction.

En réaction, le PDG de Voice TV a annoncé qu’il allait saisir la justice.

Reporters sans frontières a vivement critiqué mercredi la décision de la NBTC qui envoie « un message désastreux sur le pluralisme ». Cela soulève « des doutes quant à l’équité avec laquelle les médias sont traités avant les élections », a renchéri l’ONG Human Rights Watch.

Au total, 69 candidats au poste de Premier ministre provenant de 45 différents partis ont été approuvés par la commission électorale pour les législatives de mars, les premières depuis 2011.

Le chef de la junte au pouvoir depuis 2014, Prayut Chan-O-Cha, est lui même candidat pour prendre la tête du futur gouvernement élu.

Il y a encore moins d’une semaine les observateurs prédisaient une élection sans surprise à l’issue de laquelle ce dernier avait de grandes chances de conserver le pouvoir grâce notamment à un Sénat nommé entièrement par les militaires.

Mais les récents événements ont fait ressurgir les interrogations.

Des rumeurs d’un renversement du régime sont même apparues dimanche sur les réseaux sociaux du pays qui a connu douze coups d’Etat depuis 1932. Elles ont été rapidement démenties par la junte.

Les lignes politiques ont bougé en Thaïlande depuis le décès du roi Bhumibol en 2016 et l’accession au trône de Maha Vajiralongkorn qui s’est octroyé davantage de pouvoirs et a nommé un nouveau chef de l’armée, Apirat Kongsompong, issu d’une faction rivale à celle du chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha.

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