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Elections locales sous tension en Albanie engluée dans une crise politique

Les Albanais votent dimanche lors d'élections municipales tendues, boycottées par l'opposition qui refuse de reconnaître les résultats et observées de…

Les Albanais votent dimanche lors d’élections municipales tendues, boycottées par l’opposition qui refuse de reconnaître les résultats et observées de près dans un Etat qui aspire à entrer dans l’UE.

L’Etat des Balkans est englué dans une crise politique depuis février, lorsque les députés de droite ont démissionné du Parlement et organisé des manifestations, parfois émaillées de violences, pour obtenir le départ du Premier ministre socialiste Edi Rama.

La droite accuse Edi Rama de fraude électorale passée et de liens avec le crime organisé, allégations que réfute l’intéressé.

L’Albanie saura à l’automne si les Etats-membres de l’UE acceptent d’ouvrir des négociations d’adhésion. La plupart des Etats membres sont prêts à engager ces négociations, mais la France, les Pays-Bas et le Danemark freinent le processus d’adhésion. Des réserves sont également formulées en Allemagne.

Edi Rama a refusé de reporter ce scrutin municipal malgré la décision en ce sens du président Ilir Meta, un de ses adversaires politiques, qui avait expliqué vouloir préserver la stabilité du pays. Dominé par les socialistes, le Parlement a déclaré cette décision anticonstitutionnelle et engagé une procédure de destitution du président.

Dans plus de la moitié des 61 communes, les candidats socialistes sont seuls en lice. Ailleurs, ils sont opposés à des adversaires de petits partis ou à des indépendants.

L’opposition, qui contrôle aujourd’hui à peu près la moitié des municipalités, a déjà prévenu qu’elle ne reconnaîtrait pas le résultat du vote, qui s’achève à 17H00 GMT.

Dans la capitale Tirana, des groupes de plusieurs dizaines de partisans de l’opposition ont manifesté dimanche devant des bureaux de vote aux cris de « Ne votez pas! » et « Rama, va-t-en! ».

« Personne ne m’empêchera de voter » a déclaré à l’AFP Arjan Celi, un ingénieur de 45 ans, passant à travers les manifestants pour voter.

Dans la foule des manifestants, Entela Mushi, un économiste, affirme: « Ces élections ne seront pas reconnues et nous résisterons avec force ».

– Un « test de maturité » –

Durant la campagne, les militants du Parti démocratique (droite) ont manifesté, attaquant parfois des bureaux de vote pour y détruire le matériel électoral. Deux écoles ont été incendiées. Les manifestations hebdomadaires contre M. Rama ont dégénéré parfois en affrontements avec la police.

Mais à la veille du scrutin, le chef de l’opposition de droite Luzlim Basha a appelé ses partisans à boycotter le scrutin et à mener des « manifestations non-violentes partout ».

La crise politique dans cet Etat pauvre et fragile du sud-est européen, peuplé de 2,8 millions d’habitants, a suscité l’inquiétude des diplomaties américaine et européenne.

Les pays européens et les Etats-Unis ont mis en garde l’opposition contre tout violence ou tentative d’obstruction du vote.

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont les observateurs surveillent le scrutin, a également appelé à la « plus grande retenue ».

« Toute tentative de faire dérailler par la violence le processus démocratique sera un coup d’arrêt pour l’Albanie et abîmera sa réputation internationale », a prévenu l’OSCE dans un communiqué.

Pour le politologue Aleksander Cipa, ce scrutin local est un « test de la maturité démocratique » du pays: « L’Albanie, sa démocratie et sa classe politique, pâtiraient de tout acte de violence ».

Quelque 7.000 policiers sont mobilisés pour surveiller le bon déroulement du vote, selon les autorités.

Depuis la chute du communisme en 1991, l’Albanie peine à établir un fonctionnement démocratique apaisé. La rhétorique politique y est très violente, chaque camp accusant l’autre d’être notamment aux mains du crime organisé.

Mi-juin, le procès pour trafic de drogue de l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur Saimir Tahiri a été reporté au 3 juillet. S’appuyant notamment sur cette affaire, l’opposition de droite accuse le pouvoir socialiste de corruption et de liens avec le crime organisé, ce que le pouvoir dément.

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