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Elizabeth Warren, coup de barre à gauche pour conquérir la Maison Blanche

Longtemps électrice républicaine, née de parents modestes dans un Oklahoma marqué par la conquête de l'Ouest, la sénatrice Elizabeth Warren…

Longtemps électrice républicaine, née de parents modestes dans un Oklahoma marqué par la conquête de l’Ouest, la sénatrice Elizabeth Warren incarne l’espoir le plus solide de l’aile progressiste des démocrates qui rêvent de gagner la Maison Blanche en 2020.

La candidate de 70 ans est désormais l’une des grandes favorites de la primaire démocrate. C’est donc à elle que pourrait revenir la mission d’affronter dans les urnes le milliardaire républicain Donald Trump dans un an.

« Notre système politique fonctionne pour les riches et les puissants et laisse tous les autres derrière », répète inlassablement Mme Warren.

Lutter contre les inégalités béantes, protéger le droit à l’avortement… l’élue démocrate fait campagne sur un programme progressiste, voire résolument à gauche quand elle promet de casser les monopoles, mettre Facebook à l’index ou annuler une partie des dettes étudiantes.

Sa « conversion » démocrate, elle l’explique par une histoire familiale qui démarre au coeur des Etats-Unis, dans l’Oklahoma, Etat au fort héritage amérindien, durement frappé par la pauvreté au début du 20e siècle

Enfant, elle découvre l’incertitude économique lorsque son père, seul gagne-pain du foyer, subit une crise cardiaque. Mais sa mère parvient à trouver un emploi payé au salaire minimum, sauvant la famille de la pauvreté.

Sauf qu’aujourd’hui, de mêmes revenus ne pourraient plus suffire, et que la pente est encore plus raide pour les minorités, regrette la septuagénaire dans ses discours de campagne, où elle mêle son histoire personnelle à son programme.

Mariée une première fois à 19 ans, elle abandonne rapidement les études. Jeune maman, elle peut toutefois se remettre en selle grâce à des écoles du soir abordables.

A 50 dollars par semestre, loin des sommes astronomiques d’aujourd’hui aux Etats-Unis, ces études « ont été ma deuxième chance », confie-t-elle dans un spot de campagne.

Jusqu’à pouvoir devenir enseignante pour enfants handicapés, puis professeure de droit à Harvard, puis sénatrice en 2013… puis candidate à la Maison Blanche.

Ses trois frères, eux, se sont engagés dans l’armée: « c’était leur ticket pour la classe moyenne ».

« Aujourd’hui, ils y a moins de voies pour accéder à la classe moyenne, et encore moins de deuxièmes chances », déplore-t-elle.

– « J’ai un projet pour cela » –

Electrice républicaine jusqu’au milieu des années 1990, elle explique avoir été peu militante avant de décider de quitter le parti lorsqu’elle l’a perçu comme trop proche de Wall Street face aux familles qui croulaient sous des dettes accumulées non pas à cause de leur irresponsabilité, mais d’un système biaisé, dit-elle.

Devenue grande spécialiste des questions de faillite, elle avait mis en garde contre la crise bien avant le krach de 2008, puis avait été appelée au Congrès pour superviser le sauvetage du secteur financier, avant d’inspirer au président Barack Obama la création d’une agence de protection des usagers des banques.

Premier grand nom à entrer dans la course à l’investiture démocrate, le 31 décembre 2018, elle a grimpé peu à peu jusqu’à la seconde place.

Au passage, elle a doublé le sénateur indépendant Bernie Sanders. Son ami se revendique socialiste tandis qu’elle s’est dite « capitaliste jusqu’à la moelle ».

Pour financer ses mesures, Elizabeth Warren propose une taxe sur les très grandes fortunes.

Cheveux courts, silhouette fine et vestes aux couleurs vives, elle arrive à ses meetings de campagne d’un pas rapide avec, en fond, la chanson emblème des femmes qui travaillent: « 9 to 5 », de Dolly Parton.

Son dynamisme sur scène contraste avec l’image plus rigide qu’elle donne à la télévision, son timbre de voix parfois chevrotant prenant des accents combatifs.

Les petites foules du printemps sont devenues des milliers de personnes attendant parfois des heures pour se prendre en photo avec elle.

Et partout, elle martèle cette phrase devenue emblème de sa campagne: « J’ai un projet pour cela ».

– Les critiques s’accentuent –

Sauf qu’avec son ascension, les critiques se sont durcies: Ses rivaux plus centristes tapent où cela fait mal en l’accusent d’être trop vague sur sa proposition de réforme du système de santé.

Une autre polémique menace sa candidature: elle s’est longtemps dite fière d’origines amérindiennes, qui se sont en fait révélées très diluées dans son patrimoine génétique, après un test ADN.

Après des excuses auprès d’Amérindiens, elle est parvenue à reléguer la controverse au second plan.

Mais si elle était désignée candidate, s’inquiètent des démocrates, l’affaire ne manquerait pas de ressurgir face à un Donald Trump qui la surnomme, moqueur, depuis longtemps « Pocahontas ».

D’ordinaire cassant avec ses rivaux, l’homme d’affaires a toutefois eu récemment de rares mots élogieux pour sa rivale potentielle.

« Elle s’est relevée de ses cendres, et je lui accorde ce mérite », a-t-il déclaré en octobre sur Fox News. « Mais je n’aime pas en parler ».

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