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En Auvergne, Macron vient à l’aide des éleveurs, et leur remonte les bretelles

"Je serai à vos côtés": Emmanuel Macron s'est voulu rassurant vendredi en Auvergne avec les éleveurs bovins, leur proposant des…

« Je serai à vos côtés »: Emmanuel Macron s’est voulu rassurant vendredi en Auvergne avec les éleveurs bovins, leur proposant des aides supplémentaires face à la sécheresse et le financement d’abattoirs pour échapper à l’emprise du groupe dominant dans le secteur de la viande, accusé de maintenir des prix trop bas.

Venu « apporter un message de soutien et d’amitié » au Sommet de l’élevage à Cournon d’Auvergne, le chef de l’État n’a pour autant pas mâché ses mots contre les éleveurs qui ont expulsé jeudi deux députés LREM pour avoir voté en faveur du Ceta, le traité de libre-échange UE-Canada. Une « violence inacceptable », a-t-il jugé, estimant que les grands syndicats agricoles « ne pouvaient pas cautionner » un acte « anti-démocratique et anti-républicain ».

Roland Lescure et Jean-Baptiste Moreau avaient été expulsés manu militari la veille du Sommet. Une action « un peu dure, mais à la hauteur de l’exaspération des éleveurs vis-à-vis de ces députés, et elle a notre soutien total » a assumé auprès de l’AFP Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

A peine arrivé en Auvergne, après trois heures de « grand débat » sur les retraites à Rodez jeudi soir, M. Macron a assisté au concours inter-régional Salers, où étaient présentés les meilleurs spécimens de ces vaches rustiques à la robe rouge et aux cornes en forme de lyre.

« La situation est difficile, je serai à vos côtés » a-t-il assuré, en saluant son prédécesseur Jacques Chirac, qui bénéficie d’une cote d’amour unique auprès des paysans.

Comme au salon de l’Agriculture de Paris, M. Macron a -difficilement- parcouru les allées de celui de Cournon-d’Auvergne en parlant aux exposants et au public de cette exposition rassemblant les meilleurs bovins, ovins et caprins des troupeaux français.

– « Aidez-nous! »-

« Aidez-nous! », lui ont lancé plusieurs agriculteurs à son passage, « donnez-nous des perspectives, car on a le sentiment que la société française ne veut plus de monde agricole ».

« On est mal, c’est le matraquage qui est dur, on a l’impression d’empoisonner les gens », lui a crié une éleveuse.

« J’en peux plus non plus de l’agribashing », leur a répondu M. Macron.

Interpellé sur le Ceta, le président a renvoyé la balle dans le camp français. « Les difficultés qu’on a aujourd’hui n’ont rien à voir avec le Ceta! » a-t-il dit. « Notre problème aujourd’hui est que nous ne savons pas valoriser correctement ce qu’on produit. »

« C’est à nous de nous réorganiser, d’investir (…) il n’y a pas de fatalité » a martelé le président, qui souhaite « qu’on arrête » le système français tournant autour d’un seul acteur dominant dans le secteur de la viande, le groupe Bigard, qui fait la pluie et le beau temps sur les prix dans la plus parfaite opacité.

« Il y a un acteur qui vous achète la viande au prix le plus bas possible pour faire sa rentabilité, il faut qu’on arrête avec ce système » a-t-il dit. « On est des couillons nous-mêmes » a lancé le président.

– Structurer la filière –

Dans une bruyante cohue, M. Macron a proposé que l’Etat investisse dans des abattoirs « dans quelques bassins où les mecs sont prêts à se structurer », grâce au grand plan d’investissement agricole annoncé dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation.

Pour encourager la structuration de la filière, il a posé avec les promoteurs de la nouvelle marque de viande « 1886 », couvrant tous les producteurs du Massif Central, qui vient juste de boucler un petit accord de distribution en test avec Système U. Et a rappelé le besoin d’exporter en Chine où il se rend prochainement.

Sur le Ceta, il a concédé que l’étiquetage devrait pouvoir permettre aux consommateurs de juger vraiment du type de viande qu’ils achètent. « Il faut que les gens puissent savoir que c’est de la viande canadienne, peut-être un peu moins chère mais nourrie avec telle ou telle substance » a-t-il dit.

« Nous devons maintenant, pour les protéines animales transformées (PAT) » utilisées par les Canadiens, « imposer aux Canadiens de s’aligner sur nous » a ajouté le président.

Sur la sécheresse, il a annoncé un assouplissement des critères de « taux de sécheresse » sur l’herbe et les récoltes, de 13 à 11%, permettant de rendre éligibles quelques centaines d’agriculteurs supplémentaires aux indemnisations des calamités agricoles, a indiqué le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume qui l’accompagnait.

Le Chef de l’Etat a promis par ailleurs de se rendre à Rouen après l’incendie de l’usine Lubrizol. En attendant, il poursuivait vendredi soir son séjour auvergnat en se rendant au Polydôme de Clermont-Ferrand, pour les 100 ans du journal régional La Montagne.

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