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En Côte d’Ivoire, des dessinateurs s’engagent contre les dangers de l’immigration clandestine

Un bateau en forme de cercueil rempli d'Africains et une tête de mort comme ombre: c'est par cette image tragique…

Un bateau en forme de cercueil rempli d’Africains et une tête de mort comme ombre: c’est par cette image tragique que le dessinateur ivoirien Jihel a représenté l’immigration clandestine, thème du Festival de dessins de presse et de bande dessinée « Cocobulles » d’Abidjan.

« Le dessin explique les dangers qu’il y a dans l’immigration clandestine. C’est pour amener les Africains à prendre conscience que c’est leur vie qui est en jeu quand ils se lancent dans cette aventure. C’est être candidat à la mort », explique Jihel.

« On veut +conscientiser+ la jeunesse, leur dire qu’ici c’est possible de se réaliser », ajoute-t-il.

L’immigration clandestine vers l’Europe, qui concerne chaque année des milliers d’Africains, suscite de nombreux drames: assassinats, viols, migrants réduits en esclavage en Libye, naufrage meurtriers d’embarcation tentant de traverser la Méditerranée.

Plus de mille hommes, femmes et enfants sont ainsi morts en tentant de traverser la Méditerranée depuis le début de l’année 2019, selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans le public, le message passe. « Une image vaut mille mots donc à travers les dessins on peut aisément comprendre. Les caricatures montrent les effets néfastes de l’immigration. C’est une manière de sensibiliser, de ne pas encourager ces jeunes à partir », estime Thibault N’Guessan, étudiant en arts plastiques à Abidjan venu visiter le festival.

« Il y un dessin qui m’a marqué: la mer est représentée sous forme de draps (linceul) qui recouvrent un bateau. Ca m’a touché vraiment », confie Laurent Offé, un autre étudiant.

– « Visa refusé pour la centième fois » –

A côté des traditionnels stands de dédicaces et des concours de dessins, amateurs ou professionnels, le Festival a organisé des rencontres avec des anciens migrants et des membres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Pendant ces conférences, les dessinateurs maniaient leur plume selon leur inspiration. Et certains, comme le dessinateur Pahé n’ont pas hésité à contredire les discours officiels, avec « comme à mon habitude des petites caricatures qui énervent, qui dérangent ».

Il a notamment dessiné un migrant avec son baluchon dans le désert qui répond: « La vie est un combat. Rien à foutre », à la question: « Tu n’as pas peur de mourir ? ».

« Comment est-ce qu’on va interdire à quelqu’un qui vit mal chez lui de vouloir aller ailleurs? On ne peut pas interdire aux gens de se déplacer, c’est impossible », souligne-t-il.

Un autre de ses dessins, montre un homme qui pleure devant le guichet des visas de l’ambassade de France. « Visa refusé, c’est la centième fois ». « Essayez encore », lui rétorque l’employée.

« Ils pourront poser toutes les barrières qu’ils veulent, on ne peut pas empêcher l’immigration, c’est impossible », conclut-il.

A côté de lui, les planches didactiques du Guinéen Tiekwei Souomou retracent le parcours sordide d’une femme victime de violences sexuelles alors qu’elle tente d’atteindre l’Europe.

D’autres dessins sont plus poétiques, comme celui qui représente un bateau baptisé Eldorado, échoué sur une plage.

Sur un autre, une vague avale un bateau sur lequel rame l’Afrique…

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