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En Syrie, de nouvelles évacuations attendues de l’ultime poche de l’EI

Les forces arabo-kurdes dans l'est syrien attendent mercredi un nouvel afflux de civils sortant de l'ultime réduit du groupe Etat…

Les forces arabo-kurdes dans l’est syrien attendent mercredi un nouvel afflux de civils sortant de l’ultime réduit du groupe Etat islamique (EI), en espérant la fin prochaine de ces évacuations pour donner l’assaut final contre le reliquat du « califat » jihadiste.

Ces derniers jours, hommes, femmes et enfants en pleurs, dont de nombreux étrangers, ont continué de fuir par milliers la petite poche encore tenue par l’EI dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie, à proximité de la frontière irakienne.

Après des semaines de privation dans le réduit jihadiste, les évacués débarquent affamés à une position des Forces démocratiques syriennes (FDS), près de Baghouz. L’alliance arabo-kurde les soumet à des fouilles et à des interrogatoires pour identifier les jihadistes dissimulés parmi la foule.

Parfois en béquille ou en chaise roulante, il y a des centaines de blessés, touchés par des bombardements ou l’explosion de mines. Du pain, de l’eau, du lait mais aussi des couches sont distribuées.

Depuis décembre, près de 50.000 personnes au total, principalement des familles de jihadistes, ont quitté la poche de l’EI, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Parmi eux, se trouvent plus de 5.000 combattants, selon l’OSDH.

Mais, d’après les estimations des FDS, des milliers de personnes pourraient encore se trouver dans le réduit jihadiste de moins d’un demi-kilomètre carré, composé de quelques pâtés de maisons accolés à un campement informel.

Soutenus par la coalition internationale emmenée par Washington, les FDS attendent la sortie des derniers civils, principalement des femmes et des enfants de jihadistes, pour relancer leur offensive.

Des images exclusives de la BBC, prises depuis le côté irakien de la frontière, ont révélé mercredi à quoi ressemble ce carré jihadiste: devant des bâtisses ocres, quelques tentes précaires faites parfois de couvertures colorées sont plantées autour d’arbres desséchés.

Le linge a été mis à sécher, quelques femmes en niqab s’activent autour de leurs abris, un homme tout de noir vêtu, peut-être un jihadiste, passe en courant.

– « Détresse psychologique » –

Mardi, des centaines de personnes, dont des femmes et des enfants en grand nombre, ont quitté Baghouz à bord de près de 30 camions, pour être transférés vers une position des FDS près du village, a rapporté une journaliste de l’AFP.

Il s’agissait de la quatrième évacuation du genre en moins d’une semaine.

Dans le cadre de ces évacuations, les hommes soupçonnés d’appartenance à l’EI sont maintenus en détention. Les femmes et les enfants, dont les proches de jihadistes, sont transférés vers des camps de déplacés du nord-est syrien.

L’ONG Save the Children a souligné mercredi la « sévère détresse psychologique » dont souffrent « des milliers d’enfants » dans les camps.

Certains ont vraisemblablement été témoins « d’actes de brutalité » et vécu sous « d’intenses bombardements », explique l’ONG, précisant que ces enfants nécessiteront d’un soutien psychologique sur le long terme.

Leurs troubles psychologiques se traduisent par de la nervosité, de l’isolement, de l’agressivité, des cauchemars et une énurésie nocturne, poursuit l’ONG.

L’organisation cite notamment une fillette de 11 ans ayant « assisté à des décapitations ». Elle n’a jamais revu son frère, arrêté il y a quatre ans par l’EI, à l’âge de 17 ans.

Selon Save the Children, 2.500 enfants étrangers issus de 30 pays vivent aujourd’hui dans trois camps de déplacés dans le nord-est du pays.

– « Que fait la France? » –

Après une montée en puissance fulgurante en 2014, et la proclamation d’un « califat » sur des pans entiers de la Syrie et de l’Irak, l’EI a vu son territoire se réduire comme peau de chagrin.

A son apogée, l’organisation avait attiré des milliers d’étrangers. Des Français, des Britanniques, ou encore des Russes d’origine tchétchène.

Une avocate française, Marie Dosé, qui défend des familles de jihadistes français en Syrie, a accusé mardi Paris de laisser « crever des enfants en zone de guerre ».

« Que fait la France pour ces enfants, qui sont ses enfants, depuis 18 mois? C’est un désastre humanitaire », a déclaré à l’AFP l’avocate.

Quasiment rayé de la carte, l’EI a entamé sa mue en organisation clandestine. Ses jihadistes sont toujours disséminés dans le désert central de la Badiya en Syrie, où ils ont formé des cellules dormantes pour mener des attentats meurtriers dans les territoires qu’ils ont perdus.

En l’absence d’un engagement antiterroriste soutenu, il ne faudrait à l’EI que six à 12 mois pour entamer une « résurgence », avait récemment averti l’armée américaine.

La bataille contre l’EI représente aujourd’hui un des principaux fronts de la guerre en Syrie qui a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.

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