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En Syrie, les derniers jihadistes de l’EI acculés au bord du fleuve Euphrate

Les jihadistes jusqu'au-boutistes du groupe Etat islamique (EI) tentent désespérément mardi de défendre le dernier lambeau de leur "califat" en…

Les jihadistes jusqu’au-boutistes du groupe Etat islamique (EI) tentent désespérément mardi de défendre le dernier lambeau de leur « califat » en Syrie, après avoir été acculés dans un tout petit secteur au bord du fleuve Euphrate.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, ont annoncé avoir forcé l’EI hors de son principal campement informel où il s’était retranché ces derniers jours, dans le village de Baghouz, aux confins orientaux de la Syrie.

Cette percée notable rend plus proche la fin d’une offensive lancée il y a des mois et visant à en finir avec le dernier vestige du « califat » autoproclamé en 2014 par l’EI sur de vastes régions conquises à cheval entre la Syrie et l’Irak. Mais les FDS n’ont pas été jusqu’à proclamer la victoire.

Certains jihadistes qui se battent désormais dans une ultime bande au bord de l’Euphrate ne semblent pas disposés à se rendre alors qu’un haut responsable de l’EI a lancé un message appelant à des attaques contre les FDS.

« Les FDS contrôlent la zone de campement à Baghouz », composée essentiellement de tentes de fortune, de voitures abandonnées et de tunnels sous-terrains, a affirmé sur Twitter le porte-parole des FDS, Mustafa Bali.

« Il ne s’agit pas d’une annonce de victoire, mais d’un progrès significatif dans la bataille contre Daech », a néanmoins indiqué M. Bali en utilisant un acronyme en arabe de l’EI.

Le camp informel servait jusque-là de principal terrain pour les jihadistes retranchés dans la poche de l’EI. Ces derniers sont désormais coincés dans un secteur très étroit sur les bords du fleuve, a précisé l’alliance arabo-kurde des FDS.

– Encerclés –

« Des centaines de combattants de Daech blessés ou malades ont été capturés » après la chute du camp et « ont été évacués vers des hôpitaux militaires », a ajouté M. Bali.

Les FDS, qui comptent dans leurs rangs des combattants de tribus arabes locales, ont pris position dans le camp abandonné, laissant les derniers jihadistes sans issue possible.

Encerclés depuis trois axes, ces derniers ne peuvent pas fuir à travers le fleuve, le régime syrien et ses alliés étant déployés de l’autre côté, sur la rive orientale.

« Les affrontements se poursuivent », selon M. Bali.

Après une nouvelle nuit de bombardements, les FDS « ont progressé et des dizaines de combattants se sont rendus », a indiqué à l’AFP un porte-parole des FDS, sous le couvert de l’anonymat.

Soutenues par les raids de la coalition internationale antijihadistes, les FDS ont lancé leur assaut final début février pour déloger les derniers jihadistes de leur ultime poche à Baghouz, dans la province de Deir Ezzor.

Cette offensive, la dernière phase d’une opération déclenchée en septembre 2018, pour chasser l’EI des derniers secteurs sous son contrôle en Syrie, a été ralentie par la présence de milliers de civils.

Depuis janvier, quelque 67.000 personnes ont quitté l’enclave, dont 5.000 jihadistes arrêtés après leur reddition, selon les derniers chiffres des FDS.

– Appel à la vengeance –

La plupart des civils rescapés, en grande partie des familles de jihadistes, sont transférés vers le camp d’Al-Hol (nord-est), où plus de 70.000 personnes, dont 41.000 enfants, sont entassées dans des conditions particulièrement difficiles, selon l’ONG Comité de secours international (IRC).

Depuis décembre, 123 personnes, dont une grande majorité d’enfants de moins de cinq ans, sont décédées en route vers le camp ou peu de temps après leur arrivée, a ajouté l’IRC.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014, l’EI, une organisation ultraradicale responsables d’atrocités et d’attentats sanglants, avait proclamé un « califat » sur un territoire grand comme le Royaume-Uni, y instaurant sa propre administration et collectant des impôts auprès de millions d’habitants vivant sous son joug.

Une perte totale de Baghouz signerait la fin territoriale de son « califat », après la défaite de l’EI en 2017 en Irak.

Mais l’organisation a déjà entamé sa mue en organisation clandestine, et elle continue de mener des attaques suicide meurtrières.

Alors que le sort du chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, est toujours inconnu, un porte-parole du groupe, Abi Hassan al-Mujahir, a appelé lundi ses partisans à se venger contre les combattants kurdes dans le reste de la Syrie, dans un message posté sur Instagram.

Début mars, le chef des forces américaines au Moyen-Orient, le général Joseph Votel, a averti que le combat contre l’EI en Syrie « est loin d’être fini ».

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus de 370.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

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