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En Syrie, les enfants premières victimes de la mortalité dans le camp d’Al-Hol

"La situation humanitaire est très mauvaise, et on ne reçoit pas suffisamment d'aides", se plaint Amina Hussein, qui vit dans…

« La situation humanitaire est très mauvaise, et on ne reçoit pas suffisamment d’aides », se plaint Amina Hussein, qui vit dans le camp d’Al-Hol, dans le nord-est syrien, comme des dizaines de milliers de déplacés, notamment des proches de jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Les conditions de vie particulièrement difficiles y ont entraîné en 2019 la mort de plus de 517 personnes, dont 371 enfants, a indiqué à l’AFP mardi Dalal Ismaïl, une responsable du Croissant-Rouge kurde pour ce camp géré par les autorités kurdes.

« La situation est catastrophique et c’est un fardeau très lourd », a ajouté Mme Ismaïl, précisant que de nombreux enfants, dont des étrangers, sont morts durant l’hiver « en raison du froid et du manque de moyens de chauffage adéquats ».

La malnutrition et le manque de soins médicaux pour les prématurés figurent parmi les principales causes de mortalité, a précisé Mme Ismaïl à une équipe de l’AFP qui s’est rendue dans le camp.

Environ 68.000 déplacés, en grande majorité des Syriens et des Irakiens, y vivent, dépendant totalement des aides humanitaires.

C’est principalement ici qu’ont été envoyés les femmes et les enfants étrangers affiliés à l’EI, lorsqu’ils ont été évacués de l’ultime bastion du groupe jihadiste, dans la province orientale de Deir Ezzor, reconquis par les forces kurdes en mars 2019.

Déplacée depuis un an et demi de cette province, Amina Hussein assure que « durant l’hiver, la situation empire, le froid est glacial et les pluies inondent les tentes ».

Son fils d’un an et demi est asthmatique. « Son état empire quand je mets le chauffage, et on n’a pas de médicaments ».

Parfois en fauteuil roulant ou sur des béquilles, les femmes en niqab entourées par leur progéniture joufflue attendent leur tour dans les files d’attente devant les cliniques du Croissant-Rouge kurde, espérant recevoir des soins ou récupérer des médicaments.

Tous les jours, Zeinab Saleh, une Irakienne de 28 ans et mère de quatre enfants, tente d’enregistrer le nom de ses enfants à la clinique pour obtenir une consultation, sans succès en raison de l’affluence.

« Ils accueillent seulement 50 personnes par jour, on attend de six heures du matin à neuf heures du soir, sans réussir à enregistrer nos noms, alors on est obligé de revenir le lendemain », lâche-t-elle.

– « Cela ne suffit pas » –

Et les aides fournies par les agences onusiennes ou des ONG internationales « ne suffisent pas », selon le responsable de la communication du camp, Jaber Sayed Mostafa, qui souligne également « les grandes difficultés sur le plan médical, en raison des pénuries importantes de médicaments ».

« Les paniers de nourriture ne suffisent pas non plus. Il y a des familles qui ont encore besoin de tentes ou doivent en changer » car elles sont usées, dit-il.

Fusil à l’épaule, les combattants des forces de sécurité kurdes patrouillent dans les allées du marché, escortant parfois les étrangères sorties du carré qui leur est réservé.

Une enclave à part, placée sous haute sécurité, est réservée aux femmes étrangères et à leurs enfants, des proches de jihadistes de l’EI.

Les femmes se pressent devant les échoppes qui vendent des légumes, des conserves, des vêtements et même des jouets pour enfants pour compléter les aides qu’elles reçoivent.

« Ils nous ont distribué trois couvertures, mais cela ne suffit pas », se plaint Mme Saleh.

« Cela fait deux mois que je leur cours derrière pour une tente, mais je ne l’ai pas encore obtenue », déplore-t-elle, sa petite fille emmitouflée dans un chandail rose et calée contre sa hanche.

Au total, quelque 12.000 étrangers, 4.000 femmes et 8.000 enfants, sont installés dans trois camps de déplacés du nord-est, la grande majorité dans celui d’Al-Hol, selon des statistiques des autorités kurdes.

Et la situation risque encore de s’aggraver. Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, prolongeant l’aide humanitaire transfrontalière apportée à la Syrie, a supprimé le point de passage qui permettait à ces aides d’arriver directement dans les territoires kurdes depuis la frontière avec l’Irak voisin.

Les autorités kurdes ont averti que la suppression du point de passage d’Al-Yarubiyah risquait d’entraîner des pénuries médicales et d’entraver « 60 à 70% de l’assistance médicale apportée au camp d’Al-Hol ».

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