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Entre église évangéliste et bordel, une base de vie des garimpeiros au Suriname

A Yaopassi, les drapeaux brésiliens sont partout, mais c'est bien au Suriname, sur l'autre rive du fleuve Maroni, face à…

A Yaopassi, les drapeaux brésiliens sont partout, mais c’est bien au Suriname, sur l’autre rive du fleuve Maroni, face à la Guyane, que se situe ce site de ravitaillement des garimpeiros, où se côtoient église évangéliste et bordel.

A l’arrivée des étrangers, les regards se font méfiants. « Pas de danger » assure, Michou, un amérindien wayana de 28 ans, habitué des lieux, qui s’improvise guide touristique, mais conseille de ne pas s’aventurer seul dans le site, où la misère saute aux yeux.

Loin des villages amérindiens proprets de Taluen et Twenké, du côté français, à vingt minutes de pirogue, où les panneaux de défense de l’environnement incitent à ne pas jeter ses détritus, Yaopassi fait sale et anarchique, une impression accentuée par les énormes flaques de boue qui jalonnent la piste principale, où quelques quads circulent.

Des baraquements en bois, parfois encore en construction, sort de la musique brésilienne, à plein tube, donnant une fausse impression de fête. « En un an, le site a doublé de volume, ça va très vite », témoignent plusieurs Français, qui comme tout le monde, posent le pied illégalement au Suriname.

Pas de contrôle de papiers, pas de patrouille militaire pour passer la frontière marquée par le fleuve Maroni.

En haut de la rue, une pimpante église évangéliste en bois, peinte en bleu et blanc, « Assembleia de Deus », jouxte le bordel en bois, plus discret, où une prostituée fait timidement quelques signes d’incitation.

« On ne s’attarde pas », conseille Michou, car « on vient de se faire photographier par des militaires surinamais ».

Ces derniers fréquentent le site, tout comme les autochtones wayanas, qui viennent se ravitailler en produits du quotidien, en alcool, voire proposer leur services aux garimpeiros. « Faire le taxi d’une rive à l’autre », pour les orpailleurs qui apprécient les capacités de piroguier des Améridiens, « c’est 10 euros », explique Michou.

Comme toutes les bases de vie des garimpeiros, qui pullulent sur le fleuve côté surinamais, on y accède d’abord par le « supermarket », tenu par un « Chinois ».

On y trouve tout: de la nourriture, de la viande congelée, des bières, des couches pour bébé, mais aussi des matelas, de la vaisselle, des réchauds, des frigos, des scies, de l’essence.

Plus au fond, à l’abri des regards indiscrets, des kit empaquetés de ce que tout garimpeiro doit emmener en forêt: hamac, pioches, gamelles, etc. Et certainement, encore plus caché, le précieux mercure utilisé par les orpailleurs pour amalgamer les paillettes d’or, mais interdit en Guyane.

Ici, on parle français, portugais, anglais, et on paye dans toutes les monnaies, mais surtout en pépites d’or.

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