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Equateur: Moreno mise sur le dialogue avec les indigènes en colère

Le président équatorien Lenin Moreno va tenter jeudi de renouer le dialogue avec la communauté indigène en colère, au lendemain…

Le président équatorien Lenin Moreno va tenter jeudi de renouer le dialogue avec la communauté indigène en colère, au lendemain d’une manifestation monstre à Quito pour dénoncer la hausse des prix de l’essence.

« Sans aucun doute, cela va se résoudre très vite », a-t-il assuré mercredi, d’un air confiant, dans une vidéo diffusée par une chaîne de télévision d’Etat.

Confronté à la pire crise de son mandat, avec de violents heurts à Quito, le a déplacé lundi le siège du gouvernement à Guayaquil (sud-ouest).

Mais il est revenu brièvement mercredi dans la capitale, au moment où des dizaines de milliers d’indigènes traversaient la ville, une manifestation relativement calme, marquée uniquement par quelques heurts entre certains jeunes et les forces de l’ordre.

« Je suis venu à Quito afin de tendre la main et de pouvoir vous annoncer que nous avons déjà de bons premiers résultats en ce qui concerne le dialogue », a-t-il déclaré, avant de repartir à Guayaquil dans la soirée.

Des contacts ont en effet été noués entre le gouvernement et les manifestants, sous la médiation des Nations unies et de l’Eglise catholique.

– Prix élevé –

Malgré l’optimiste du président, le dirigeant indigène Salvador Quishpe a affirmé à l’AFP que « la mobilisation n’est pas terminée ».

Et Jaime Vargas, un des dirigeants de la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie), principal organe représentatif des peuples autochtones du pays, se montre carrément réticent à dialoguer avec un « gouvernement qui a cédé aux pressions du Fonds monétaire international » (FMI).

Car la condition indispensable que posent les indigènes – qui représentent 25% des 17,3 millions d’Equatoriens – est bien claire : abandonner d’abord la réforme mettant fin aux subventions sur le carburant, qui a fait bondir les prix à la pompe de plus de 100%.

Mais pour Lenin Moreno, libéral de 66 ans arrivé au pouvoir sous la bannière socialiste, difficile de revenir en arrière. Sa mesure, si impopulaire soit-elle, s’inscrit dans un accord conclu avec le FMI en échange d’un prêt de 4,2 milliards de dollars censé relancer l’économie du pays.

Le prix à payer semble toutefois élevé.

En une semaine, les manifestations ont fait au moins 122 blessés, selon la Croix Rouge, le gouvernement évoquant un décès et 766 arrestations.

Quito tourne au ralenti, entre cours suspendus dans les écoles et transports publics aux abonnés absents. L’état d’urgence a été décrété pour une durée de 60 jours, tout comme un couvre-feu autour des lieux de pouvoir, afin que les forces armées puissent rétablir l’ordre.

Au total, 74.000 militaires et policiers ont été déployés pour faire face à la crise.

– Soutien de la droite –

Si les indigènes sont en pointe de la contestation sociale, c’est aussi parce qu’ils sont les plus touchés par la pauvreté et travaillent majoritairement à la campagne. Et si les prix des carburants s’envolent, ils devront payer plus pour le transport de leurs produits et redoutent que l’inflation s’emballe.

Le petit pays andin est secoué depuis début octobre par un mouvement social inédit depuis 2007, marqué par des blocages de routes et de puits pétroliers en Amazonie, des manifestations parfois violentes et des grèves.

L’occupation de plusieurs champs pétroliers a conduit les autorités à suspendre mercredi les opérations de son principal oléoduc, le Trans-Equatorian Oil Pipeline System (SOTE), paralysant le transport de 68% de sa production (531.000 barils par jour).

Malgré tout, Lenin Moreno, qui se revendique toujours comme socialiste, a reçu dans ce conflit le soutien inattendu de la droite et de l’armée.

A Guayaquil, bastion des milieux d’affaires, des milliers d’Equatoriens ont manifesté mercredi pour prendre sa défense.

« Les mesures sont dures, mais cela aurait dû être fait par le (précédent) gouvernement de Rafael Correa (2007-2017, ndlr), qui ne l’a pas fait. Maintenant il faut laisser le président continuer », déclarait l’un d’eux, Geovanni Molina, retraité de 68 ans.

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