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Espagne: conseil des ministres à Barcelone sous pression des indépendantistes radicaux

Le gouvernement espagnol se réunit vendredi à Barcelone pour un conseil des ministres sous haute protection policière en raison des…

Le gouvernement espagnol se réunit vendredi à Barcelone pour un conseil des ministres sous haute protection policière en raison des nombreuses manifestations prévues par les indépendantistes radicaux, qui contrastent avec le dialogue renoué jeudi avec le gouvernement catalan.

« Soyons ingouvernables », « Faisons tomber le régime ». C’est sous ces mots d’ordre que plusieurs organisations indépendantistes catalanes ont appelé leurs militants à tenter de bloquer Barcelone et même d’empêcher la réunion gouvernementale délocalisée dans la métropole catalane et perçue comme une « provocation » du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.

Dès l’aube, une dizaine de routes avaient été coupées par les indépendantistes radicaux des Comités de défense de la République (CDR) en Catalogne, dont les autoroutes AP7 et A2, d’importantes voies d’accès à Barcelone ainsi que des axes névralgiques de la métropole catalane, a indiqué le service de gestion du trafic de la région.

L’image contraste avec la réunion au sommet jeudi soir entre M. Sanchez et le président indépendantiste régional Quim Torra, à l’issue de laquelle un inhabituel communiqué commun a été publié pour affirmer le « pari d’un dialogue effectif » en vue de « garantir une solution » à la crise catalane.

Au cours de cette rencontre, tenue après des semaines de tensions, Madrid et le gouvernement catalan ont convenu de se revoir en janvier.

Le conseil des ministres débutera à 09h00 GMT dans le palais de la Llotja de Mar, étroitement surveillé depuis plusieurs jours par un dispositif policier. Il doit notamment approuver une forte augmentation du salaire minimum, une revalorisation du salaire des fonctionnaires et annoncer des investissements dans les infrastructures catalanes, réclamés de longue date.

Mais les activistes indépendantistes ont prévu d’offrir un accueil des plus hostiles à Pedro Sanchez, que même son prédécesseur conservateur Mariano Rajoy, pourtant fermement opposé aux séparatistes, n’a pas connu.

– Blocages et manifestations –

Les militants des CDR prétendent empêcher l’accès des ministres aux lieux.

Ces collectifs d’extrême gauche, qui ont déjà tenté par le passé d’occuper par la force le parlement régional, ne cessent de répéter sur les réseaux sociaux les slogans « Soyons ingouvernables » ou « Débordons-les ».

Parallèlement, l’influente association Assemblée nationale catalane (ANC), organisatrice ces dernières années de manifestations massives pour l’indépendance, a invité ses militants à se rendre en voiture à Barcelone pour bloquer la ville.

Une vingtaine d’organisations séparatistes, dont l’ANC et les CDR, ont convoqué une manifestation à 18H00 (17H00 GMT) dans le centre de Barcelone avec pour slogan « Faisons tomber le régime ».

Face aux risques d’incidents, après que plusieurs rassemblements dans la région eurent dégénéré ces derniers mois en affrontements avec la police, le gouvernement régional a multiplié les appels au calme.

« Le gouvernement a toujours été très clair et appelé à la non-violence, au pacifisme, au civisme », a affirmé jeudi la porte-parole de l’exécutif régional, Elsa Artadi.

Est en effet en jeu la reprise du dialogue scellée jeudi au cours de la deuxième réunion entre MM. Sanchez et Torra après une première en juillet, un mois après l’arrivée du socialiste au pouvoir à Madrid.

Investi à la tête du gouvernement début juin notamment grâce aux voix des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé son mandat avec la volonté de renouer le dialogue, huit mois après la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017.

Mais le ton s’était durci ces dernières semaines entre les deux parties.

Les indépendantistes, sans qui M. Sanchez n’a pas de majorité au parlement, avaient ainsi annoncé qu’ils ne voteraient pas le budget après les lourdes réquisitions du parquet espagnol début novembre à l’encontre de leurs dirigeants devant être jugés début 2019 pour leur rôle dans la tentative de sécession.

Le chef du gouvernement, échaudé par le succès de l’extrême droite à l’élection régionale début décembre en Andalousie (sud), notamment grâce à son discours anti-indépendantiste, avait tenu des propos très virulents contre les séparatistes la semaine dernière en les accusant de « ne plus avoir que le mensonge pour soutenir leurs positions politiques ».

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