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Espagne: négociations contre la montre pour reconduire Sanchez au pouvoir

Les socialistes espagnols et la gauche radicale, Podemos, négociaient mercredi contre la montre un programme qui permettrait au chef du…

Les socialistes espagnols et la gauche radicale, Podemos, négociaient mercredi contre la montre un programme qui permettrait au chef du gouvernement Pedro Sanchez d’être reconduit au pouvoir jeudi par un vote de confiance des députés.

Les équipes de négociateurs distillent au compte-gouttes les informations sur ces tractations difficiles, qui pourraient déboucher sur le premier gouvernement de coalition en Espagne depuis la guerre civile en 1936-39.

Pedro Sanchez, vainqueur des dernières législatives, a échoué au premier tour d’investiture comme chef du gouvernement quand son parti s’est retrouvé pratiquement seul à voter pour lui alors qu’il avait besoin de la majorité absolue de 176 sièges sur 350 à la Chambre.

Au deuxième tour jeudi, il lui suffira de recueillir plus de oui que de non. Mais il lui faut pour ça arracher un accord à Podemos, qui réclame un rôle important dans le prochain cabinet.

Son chef Pablo Iglesias, qui a déjà dû renoncer à y siéger à la demande de Sanchez, avait accusé mardi les socialistes de vouloir « humilier » son parti en ne lui offrant que « des rôles de figurants ».

Podemos « ne se laissera pas piétiner » avait-il lancé au Premier ministre sortant dans un débat acrimonieux devant les députés médusés.

– Nouvelle offre –

Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a donc mis une nouvelle offre sur la table mais une source de Podemos a affirmé en début d’après midi, à l’interruption des pourparlers, qu’il « n’y avait rien de nouveau ».

« Le PSOE n’est pas prêt à partager des responsabilités sociales » alors que « nous voulons des postes de responsabilité pour impulser des politiques sociales en matière d’égalité, de travail, de finances publiques et de transition écologique », a ajouté cette source.

Le parti de gauche radicale, qui compte 42 députés contre 123 socialistes, rappelle amèrement qu’il a déjà dû renoncer aux ministères régaliens: Intérieur, Justice, Défense, Affaires étrangères, Finances, etc.

Les socialistes eux ont fait savoir par des indiscrétions à la presse qu’ils attendaient une réponse à leurs propositions.

La numéro deux du gouvernement, Carmen Calvo, devait reprendre en début de soirée les négociations avec l’équipe de Podemos, dirigée par Pablo Echenique, un physicien de formation qu’une atrophie musculaire cloue dans un fauteuil roulant.

Ils ont jusqu’à jeudi à 13H30 (11H30 GMT) pour s’entendre, l’heure fixée pour le début du second tour d’investiture.

Un accord des deux partis de gauche est pratiquement assuré des soutiens et des abstentions de petits partis régionaux, y compris les indépendantistes catalans de Esquerra Republicana Catalana (ERC, Gauche républicaine catalane), nécessaires à l’investiture de Pedro Sanchez.

Mais cette coalition, comme l’Espagne n’en a plus connu depuis la guerre civile, n’aura pas les coudées franches pour mener des réformes d’envergure, relève Antonio Barroso, du cabinet de consultants Teneo.

« Ils n’auraient pas de majorité dans une chambre très fragmentée » et « en fait l’entrée de Podemos va encore limiter la marge de manoeuvre de Sanchez pour négocier des accords politiques ponctuels », vu l’antagonisme entre Podemos et les partis de droite.

– Eviter septembre –

S’ils échouent à s’entendre en revanche, Pedro Sanchez aura jusqu’au 23 septembre pour trouver une formule qui lui permette de se maintenir au pouvoir, faute de quoi de nouvelles élections seront automatiquement convoquées en novembre. Ce seraient les quatrièmes en quatre ans.

Mais septembre « n’est pas une période faste pour faire de la politique », a averti le chef du groupe parlementaire d’ERC à la chambre Gabriel Rufian, en incitant le PSOE à pactiser avec Podemos.

« On sera alors tout près » du verdict du procès de 12 leaders séparatistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne, a-t-il rappelé. Leur condamnation attendue risque de remobiliser les séparatistes qui organisent déjà tous les ans une manifestation monstre pour la journée de la Catalogne, le 11 septembre.

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