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Espagne: Sanchez toujours suspendu au soutien d’un parti indépendantiste catalan

La reconduction à la tête du gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez restait suspendue lundi au soutien indispensable du parti…

La reconduction à la tête du gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez restait suspendue lundi au soutien indispensable du parti indépendantiste catalan ERC dont le chef incarcéré Oriol Junqueras a bénéficié d’une prise de position favorable de l’avocat de l’État.

« Nous savons que nous n’avons pas de majorité parlementaire » et « nous demandons aux autres forces parlementaires qu’elles se rallient à l’avancée et non au blocage », a déclaré M. Sanchez, vainqueur affaibli des élections du 10 novembre, en présentant son programme de gouvernement de coalition avec la gauche radicale de Podemos.

Et ce, pour « que cette capacité et cette volonté d’idées et de projets puissent devenir réalité le plus tôt possible », a-t-il ajouté en référence à un catalogue de mesures incluant notamment une hausse du salaire minimum, une augmentation de la fiscalité pour les plus riches ou l’abrogation de certains aspects de la réforme du marché du travail des conservateurs.

Avec 155 députés au total, les socialistes et Podemos ont besoin de l’appui d’autres forces politiques pour que M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin 2018, puisse être investi à la tête du premier gouvernement de coalition du pays depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.

Le socialiste a scellé un accord lundi avec les nationalistes basques du PNV qui disposent de 6 sièges dans une chambre des députés qui en compte 350.

Mais il a toujours besoin du soutien des indépendantistes catalans d’ERC (Gauche Républicaine de Catalogne) avec qui les socialistes négocient depuis des semaines.

La porte-parole d’ERC, Marta Vilalta, a indiqué lundi soir que son parti prendra position jeudi à l’issue d’un conseil national.

En échange de son appui, ERC réclamait depuis plusieurs jours un geste de l’avocat de l’État dans son rapport concernant la question de l’immunité parlementaire de son chef incarcéré Oriol Junqueras.

Dans ce document très attendu publié lundi, ce corps qui défend les intérêts de l’Etat a demandé à la Cour suprême, plus haute instance judiciaire du pays, d’autoriser M. Junqueras à sortir temporairement de prison pour prendre ses fonctions d’eurodéputé.

Cette prise de position intervient après une décision de la justice européenne qui a donné raison le 19 décembre à M. Junqueras, élu en mai, sur son immunité d’élu européen en estimant que tous les députés européens étaient protégés par cette immunité dès le jour de leur élection.

Mais il reste désormais à savoir si elle sera suffisante pour amener ERC – qui réclamait jusqu’ici la « libération immédiate » de M. Junqueras – à soutenir M. Sanchez. En fin de journée lundi, ce parti n’avait pas encore communiqué sa position.

– La droite vent debout –

Élu le 26 mai au Parlement européen, Oriol Junqueras était alors en détention provisoire dans l’attente de son jugement pour la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Il a depuis été condamné mi-octobre à 13 ans de prison.

La Cour suprême espagnole avait refusé de le laisser sortir de prison pour qu’il puisse prendre ses fonctions d’eurodéputé, amenant la défense de M. Junqueras à déposer un recours.

Dans son rapport, l’avocat de l’Etat demande à la Cour suprême de l’autoriser à sortir de prison pour aller prêter serment comme eurodéputé devant la commission électorale centrale à Madrid avant de se rendre à Bruxelles pour faire les démarches requises. Il lui demande aussi de faire en sorte que M. Junqueras puisse exercer son mandat tout en continuant à purger sa peine.

Mais l’avocat de l’État appelle dans le même temps la plus haute instance judiciaire d’Espagne à solliciter « le plus rapidement possible » auprès du Parlement européen la suspension de l’immunité de M. Junqueras. La Cour Suprême doit rendre sa décision dans les jours à venir sur le recours de M. Junqueras.

La droite et l’extrême droite ont vertement critiqué la prise de position de l’avocat de l’État et accusé M. Sanchez d’avoir fait pression sur ce corps indépendant.

« C’est très grave », a déclaré le chef du Parti Populaire, Pablo Casado. « Pourquoi l’avocat de l’État a tranché en faveur des thèses qu’ERC avançait dans sa négociation avec le gouvernement de Sanchez? », s’est-il interrogé.

« Sanchez utilise les vacances de Noël pour piétiner l’État de droit. Pour obtenir l’appui des séparatistes, il a humilié l’avocat de l’État », a lancé pour sa part le chef de Vox (extrême droite), Santiago Abascal.

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