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Espagne: un religieux s’oppose à l’exhumation de Franco

Le prieur du monastère bénédictin qui gère le mausolée de Franco en Espagne s'oppose à l'exhumation des restes du dictateur,…

Le prieur du monastère bénédictin qui gère le mausolée de Franco en Espagne s’oppose à l’exhumation des restes du dictateur, a indiqué jeudi le gouvernement, assurant que cette obstruction n’empêcherait pas le transfert.

Dans le dernier épisode du feuilleton de cette exhumation sans cesse retardée, le gouvernement hausse le ton dans un communiqué. Il dit ne pas être surpris par l’attitude du prieur Santiago Cantera qui, « avant d’entrer dans l’ordre des bénédictins, avait été candidat aux élections législatives de 1993 et européennes de 1994 pour le parti de la Phalange espagnole », parti fascisant qui fut un des piliers du régime de Franco.

« L’obstruction du prieur Santiago Cantera n’empêchera pas que le processus suive son cours », assure le gouvernement, qui annonce qu’il fera appel aux supérieurs du bénédictin.

Il tente aussi de faire pression sur l’épiscopat, en soulignant que « l’opinion publique pourrait considérer que l’église espagnole dans son ensemble cautionne ce refus d’un ancien candidat phalangiste (…) et de la propre famille Franco ».

Le socialiste Pedro Sanchez, arrivé au pouvoir en juin comme chef de gouvernement, a fait de ce transfert des restes de Franco dans un lieu plus discret une de ses priorités.

Mais les descendants du général – ses sept petits-enfants – ont déposé une batterie de recours en justice pour s’y opposer. Ils proposent de transférer la dépouille dans leur caveau familial dans la cathédrale de la Almudena, au coeur de Madrid, ce dont le gouvernement ne veut pas entendre parler parce qu’elle y serait encore plus en vue qu’aujourd’hui.

El Valle de los Caidos (la vallée de ceux qui sont tombés) est un mausolée pharaonique que le dictateur Francisco Franco, mort en 1975, avait fait construire à une cinquantaine de kilomètres de Madrid.

Vainqueur de la guerre civile sanglante et chef de l’Etat de 1939 à 1975, Franco avait décidé – au nom d’une prétendue « réconciliation » nationale – d’y transférer les restes de plus de 33.000 victimes – nationalistes et républicaines – du conflit, généralement sans même avertir les familles.

Franco est enterré près de l’autel de la basilique géré par les moines, surmontée d’une croix de 150 mètres de haut. Sa tombe, soigneusement entretenue et fleurie, voisine avec celle du fondateur de la Phalange, Jose Antonio Primo de Rivera.

Le prieur bénédictin avait déjà refusé en avril dernier l’entrée du site aux techniciens chargés d’étudier si des victimes de la guerre civile pouvaient être exhumées du site. Une décision de justice l’avait finalement contraint à les laisser entrer.

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