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Ethiopie: les Oromo célèbrent leur festival annuel sur fond de revendications

Les membres de la plus importante ethnie d'Ethiopie, les Oromo, ont chanté et brandi des drapeaux de leur région samedi…

Les membres de la plus importante ethnie d’Ethiopie, les Oromo, ont chanté et brandi des drapeaux de leur région samedi pour célébrer leur festival annuel à Addis Abeba, une première s’inscrivant dans le contexte de revendications territoriales sur la capitale éthiopienne.

Chez les Oromo, le festival Irreecha célèbre la fin de la saison des pluies et le début du printemps. Il est traditionnellement fêté dans la ville de Bishoftu, à quelque 50 kilomètres au sud-est d’Addis Abeba, en région Oromia, où la foule prie pour l’abondance et la prospérité.

Les festivités principales auront bien lieu dimanche à Bishoftu, mais pour la première fois, des célébrations ont également été autorisées depuis vendredi soir à Addis Abeba, dont le territoire est enclavé dans la région Oromia.

Certains leaders de la région Oromia, une des neufs régions du pays dessinées sur des lignes ethniques, estiment qu’Addis Abeba fait partie de leur territoire.

Dans un contexte politico-ethnique agité, ces célébrations autorisées pour la première fois à Addis Abeba faisaient craindre des tensions. Mais un concert organisé vendredi sur la place Meskel et des cérémonies samedi matin se sont déroulées sans incidents.

Dawud Ibsa, un responsable du Front de libération oromo (OLF), a assuré à l’AFP que les célébrations de samedi sont « très importantes » pour les Oromo qui revendiquent Addis Abeba.

Le responsable de cet ancien groupe rebelle, retiré en 2018 de la liste des organisations considérées comme « terroristes » par les autorités éthiopiennes, a évoqué une « renaissance » de ce qui leur a été selon lui « retiré ».

En 2016, à Bishoftu, le festival Irreecha avait eu lieu sur fond de manifestations antigouvernementales, principalement en région Oromia et en région Amhara (nord).

La police avait tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule après la reprise par une partie des participants de slogans antigouvernementaux, et le mouvement de foule consécutif aux tirs de la police avait provoqué la mort de 55 personnes selon les autorités, bien plus selon les opposants.

Après une édition 2017 qui avait à nouveau pris des allures de rassemblement antigouvernemental, l’Irreecha 2018 avait été placé sous le signe de la réconciliation, quelques mois après la nomination du Premier ministre réformateur Abiy Ahmed, un Oromo.

Ce dernier a affirmé, à l’occasion d’Irreecha, que ce festival est un « symbole de paix et d’unité ».

Selon la radio Fana, proche du pouvoir, Irreecha devrait attirer « des millions d’Oromo venant de tout le pays ».

De nombreux membres des forces de sécurité ont été déployés à Addis Abeba. Jeudi, la police fédérale a annoncé avoir arrêté plusieurs personnes armées qui cherchaient selon elle à « perturber » Irreecha.

A quelques mois d’élections prévues en mai 2020, l’Éthiopie traverse une crise politico-ethnique, marquée par des violences intercommunautaires et l’assassinat fin juin de cinq hauts responsables, dont le chef d’état-major de l’armée et le président de la région amhara.

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