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Ferrand, un incontournable de la macronie au perchoir

Elu mercredi président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand est un incontournable de la macronie, malgré les contestations dans son difficile…

Elu mercredi président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand est un incontournable de la macronie, malgré les contestations dans son difficile rôle de patron des députés LREM, affaibli par une affaire judiciaire.

Parlementaire méconnu il y a encore deux ans et désormais quatrième personnage de l’Etat, Richard Ferrand a émergé dans le sillage du météore Emmanuel Macron, dont il fut un des tout premiers soutiens.

Son costume d’homme de confiance ne semble pas s’être élimé au fil des années: en 2015 lorsqu’il ferraille dans la peau du rapporteur général de la loi du ministre de l’Economie Macron. En 2016, il structure ex nihilo le parti En Marche!, avant de prendre la tête en 2017 d’un groupe inexpérimenté de quelque 300 députés, pour voter les réformes du nouveau président.

Son nom a émergé comme une évidence après le départ du perchoir pour le ministère de la Transition écologique de François de Rugy. « Il faut quelqu’un qui soit solide à la tête de l’Assemblée », résume ainsi le patron des sénateurs LREM François Patriat, en pensant à « l’année difficile », ponctuée de textes importants, qui se profile.

Poser ses valises à l’hôtel de Lassay va néanmoins sonner comme une respiration pour M. Ferrand, éprouvé par 15 mois parfois électriques à la tête du contingent LREM de l’Assemblée. Gestion des premiers pas des uns, des ego des autres, des ambitions, des couacs et des psychodrames ont rendu la vie dure à ce fumeur invétéré de 56 ans.

– « Du temps dans les vestiaires » –

Cet ancien socialiste (37 années de cotisation) au parcours d’élu plutôt modeste (conseiller général du Finistère de 1998 à 2011, conseiller régional depuis 2010) avant de devenir en 2012 député du Finistère, a dû plusieurs fois affronter un vent de contestation au sein d’une frange minoritaire mais active parmi ses troupes. Des braises parfois attisées par son prédécesseur au perchoir avec qui il a entretenu des relations conflictuelles.

« Je pense que Richard Ferrand n’est pas bon pour le poste. Il ne parle à personne, ce n’est pas un bon manager », lançait la semaine dernière une députée LREM, formulant des critiques maintes fois entendues dans d’autres bouches: trop distant, trop directif, trop absent…

« Plus vous avez un groupe important, plus il faut passer du temps dans les vestiaires », plaide-t-il en retour, en pointant en privé avec « philosophie » le « volume d’emmerdements » lié à sa fonction.

« Il y a du plaisir aussi, quand on négocie avec des ministres et on fait de très belles rencontres humaines, on voit des talents émerger », loue encore l’ancien journaliste.

Son entourage comme ses détracteurs soulignent aussi que l’été lui a été plus propice, M. Ferrand tirant son épingle du jeu par son assise dans les turbulences liées à l’affaire Benalla. « Richard Ferrand crée un gros vide », témoigne ainsi la députée Marie Guévenoux, estimant qu’il avait été « décrié pour de mauvaises raisons ».

L’Aveyronnais, fils d’un artisan du bâtiment et d’une employée de commerce, Breton d’adoption depuis 1991, a surtout essuyé la tempête avec l’affaire immobilière le touchant.

Ancien directeur général des Mutuelles de Bretagne de 1998 à 2012, il est toujours sous le coup d’une information judiciaire pour « prise illégale d’intérêts », après une première enquête classée sans suite.

L’histoire, révélée en mai 2017, lui a coûté son éphémère portefeuille de ministre de la Cohésion des territoires, abandonné un mois plus tard pour la tête du groupe, et laissé des cicatrices personnelles importantes, notamment pour sa compagne, également mise en cause, et ses trois enfants de 28, 15 et 10 ans.

Mais elle n’a semble-t-il pas entamé la fidélité du chef de l’Etat qui a su le faire savoir avant que M. Ferrand ne soit investi par ses pairs.

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