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Festival national du Film: « Adam » ou lorsque l’humain dépasse les frontières

Par Hicham Alaoui - Le film « Adam » en compétition pour un des prix de la 21ème édition du…

Par Hicham Alaoui –
Le film « Adam » en compétition pour un des prix de la 21ème édition du festival national du film au Maroc, qui se déroule à Tanger (28 février- 7 mars), raconte un drame psychologique incandescent sur la difficile condition des mères célibataires dans la société marocaine.« J’ai réalisé ce film parce que j’ai senti un besoin, une urgence de raconter cette histoire d’une jeune femme que j’ai rencontré il y a 17 ans et qui a resurgi de manière très violente plus tard. J’ai écrit le scénario de façon instinctive, et non avec une réflexion en amont », a indiqué la réalisatrice Maryam Touzani dans une interview à APA en marge du festival national du film.

Le scénario est inspiré d’une histoire vraie, raconte cette jeune réalisatrice qui aime faire un cinéma de l’intime. « Je vivais à Tanger chez mes parents lorsque, un jour, une jeune femme enceinte a frappé à notre porte. Elle disait chercher du travail. En fait, c’était un toit dont elle avait besoin car elle avait fui son village et n’avait nulle part où aller. Elle est restée chez nous, où elle a accouché. Et moi, j’ai été témoin de son refus d’enfant, puis de la naissance de sa fibre maternelle. J’ai porté en moi cette histoire pendant une quinzaine d’années. Jusqu’au moment où je suis tombée à mon tour enceinte et que j’ai senti mon enfant bouger ».

« J’ai envie qu’on se pose  les vraies questions, qu’on se regarde vraiment dans les yeux. J’ai aussi envie qu’on regarde ces femmes célibataires t qu’on les sent. On doit se regarder les uns les autres dans les yeux et se poser des questions. On a tous des responsabilités », a-t-elle enchainé.

Pour la réalisatrice  Maryam Touzani,  ce long-métrage se situe très près de beaucoup de pays africains. Il aurait pu se passer au Maroc comme en Algérie ou dans des pays de l’Afrique subsaharienne.

« A partir du moment où on parle de l’humain on dépasse les frontières. On est dans des sociétés qui se ressemblent dans plusieurs causes. C’est quelque chose qui nous rapproche. Le film se situe aussi dans le contexte africain car il y a cette porosité entre nous. +Adam+ peut se passer dans n’importe où », a estimé cette ancienne journaliste devenue scénariste et réalisatrice de courts et de longs métrages ainsi que de documentaires.

Pécheresses, hors-la-loi. Comme telles sont jugées au Maroc les femmes qui ont un enfant hors mariage. Rejetées par leur famille, elles se retrouvent dans la rue. Un tabou absolu, dans une société corsetée par les normes patriarcales et religieuses, où les relations sexuelles hors mariage, interdites par la loi, sont passibles d’une peine allant d’un mois à un an de prison.

De nombreuses associations ont été créées pour extirper les mères célibataires de l’exclusion sociale et du désarroi, en leur offrant un toit, un appui moral et matériel. On estime à 220 000 le nombre de mères célibataires au Maroc.

Dans cet état de choses, le film « Adam » rend hommage à la force de ces femmes tenues à l’écart mais la qualité de son écriture, le talent de ses actrices et sa beauté plastique en font beaucoup plus qu’un film dossier.

Dans un espace où deux personnes étrangères vont s’affronter puis s’entraider – une jeune femme enceinte et une veuve –, Maryam Touzani livre un portrait intimiste et pictural d’une grande beauté, un brûlot féministe contre la condition aliénante des femmes.

Née à Tanger, Maryam Touzani a, à son actif, plusieurs courts-métrages notamment « Quand ils dorment » (2011), et « Aya va à la plage » (2015), qui traite de l’exploitation des jeunes enfants comme domestiques.

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