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Gambie: la ville de Barra sous la hantise de l’émigration clandestine

L'une des pires tragédies migratoires que la Gambie a connues ces derniers années a propulsé la ville de Barra, d'où…

L’une des pires tragédies migratoires que la Gambie a connues ces derniers années a propulsé la ville de Barra, d’où partent plusieurs migrants clandestins vers l’Europe, au-devant de la scène.La catastrophe s’est peut-être produite dans la ville côtière mauritanienne de Nouadhibou où le naufrage d’une pirogue de migrants partis de la Gambie a fait 62 morts début décembre, mais l’attention s’est rapidement portée sur l’endroit où le malheureux voyage a commencé. La ville de Barra !

Suspendue juste au nord de la capitale Banjul et de l’autre côté d’un estuaire à l’embouchure du fleuve Gambie dans l’océan Atlantique, la ville côtière de Barra, a servi de point de départ de la pirogue de migrants illégaux qui a heurté un rocher et chaviré au large des côtes de Mauritanie.

Les infortunés migrants partaient vers l’Espagne au moment de cette tragédie qui a fait aussi 47 disparus et 85 survivants, selon les derniers chiffres des autorités mauritaniennes.

Outre cette embarcation tragique, deux autres navires remplis de migrants en situation irrégulière qui ont quitté Barra, une ville de près de 10.000 habitants située au carrefour d’une rivière, ont été interceptés par les garde-côtes mauritaniens.

Depuis le naufrage, les réactions des habitants de la ville, où règne une ambiance funèbre dans les rues, ne manquent pas.

Interrogée par l’Agence de presse africaine, Mam Jarra Secka, une habituée du ferry, a déclaré que même si de nombreuses personnes à Barra sont en deuil, certaines semblent se consoler en apprenant que les deux autres bateaux interceptés par les autorités mauritaniennes sont arrivés à bon port même si elles sont loin de leur destination finale en Espagne.

Barra se trouve à la croisée des chemins et assiste quotidiennement au mouvement constant des personnes et des marchandises de l’autre côté de l’estuaire du fleuve, du sud vers le nord, à la lisière du Sénégal voisin. Les mêmes mouvements s’effectuent dans l’autre sens.

A 5 km de la capitale gambienne, la ville du ferry est la capitale de la division de Lower Niumi qui avait depuis longtemps acquis la réputation de lieu de transit pour de nombreux migrants clandestins en quête de meilleures conditions de vie.

Le front de mer de Barra, parfois rempli de pirogues de pêche et de transport, offre une vue pour les pirogues impliquées dans le transport de « migrants clandestins » dont certains sont prêts à casser leurs tirelires pour payer leur passage en Europe.

Cette dernière tragédie survient à un moment où la plupart des Gambiens commençaient à penser que le syndrome du « retour en arrière » s’était peut-être éteint lorsque le gouvernement d’Adama Barrow a dévoilé des programmes visant à rendre les jeunes autonomes et employables.

C’est aussi une période de réprimande pour les soi-disant agents qui facilitent de tels voyages périlleux pour les migrants, en leur faisant payer une fortune pour leurs expéditions.

Alors que le président Barrow et son gouvernement s’engagent à démanteler les réseaux de trafiquants d’êtres humains, de nombreux Gambiens en colère exigent des représailles sévères contre les passeurs.

Réagissant sur Facebook, Tijan Njie a imputé le problème aux passeurs qui possèdent encore le pouvoir d’inciter les migrants crédules à casquer d’énormes sommes d’argent pour de tels voyages risqués.

« Les Gambiens veulent des réponses, il y a des rapports selon lesquels les passeurs sont tous des Gambiens et en fait ils ont collecté des centaines de milliers de dalasis de ces jeunes désespérés », a-t-il écrit.

« Nous demandons leur arrestation immédiate et l’imposition de la réclusion à perpétuité aux personnes qui se livrent au trafic d’êtres humains dans le cadre de ces voyages dangereux. Le gouvernement devrait intervenir et protéger les jeunes contre ces criminels », a-t-il ajouté.

Le président Barrow a observé une minute de silence avant de prendre la parole lors d’une réunion dans la ville côtière de Tanji, à 33 km au sud de Banjul, dans le cadre d’une tournée statutaire destinée à rencontrer la population.

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