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Gaza: les groupes palestiniens cessent les tirs de roquettes après une nuit d’hostilités

Le Hamas et ses alliés ont fait taire les armes jeudi après un barrage de roquettes contre Israël dont la…

Le Hamas et ses alliés ont fait taire les armes jeudi après un barrage de roquettes contre Israël dont la lourde riposte aérienne contre des dizaines de cibles dans la bande de Gaza a coûté la vie à une Palestinienne enceinte et son bébé.

Le calme était revenu en fin d’après-midi dans les bande de Gaza et sur ses pourtours israéliens après les hostilités de la nuit poursuivies jusque dans la matinée, ont constaté les journalistes de l’AFP.

Mais une quatrième guerre dans la bande de Gaza depuis 2008 continue à menacer. L’issue de discussions indirectes engagées par Israël et le Hamas avec l’entremise de l’Egypte et de l’ONU pour dissiper ce spectre et tenter d’établir une trêve durable est plus incertaine que jamais.

Les groupes armés palestiniens « ont cessé vers midi (09H00 GMT) toutes les opérations de représailles contre l’agression israélienne », a déclaré un membre de leur commandement conjoint dans une possible référence à la mort, mardi, de deux membres de la branche armée du Hamas dans une frappe israélienne.

Le Hamas et ses alliés « considèrent cet épisode d’escalade comme terminé », a-t-il ajouté.

L’ordre a été globalement respecté. Une roquette a cependant atterri après l’annonce de l’arrêt des tirs près de Beer-Sheva, à une quarantaine de kilomètres de Gaza. L’engin n’a pas fait de dégât ni de victime. Mais, selon les médias israéliens, c’est la première fois depuis la guerre de 2014 qu’une roquette est envoyée à une telle distance, et non pas à proximité immédiate de Gaza, comme un avertissement possible lancé à Israël.

Les environs israéliens de Gaza ont essuyé entre mercredi soir et jeudi plus de 180 tirs de roquettes et de mortier, auxquels l’aviation israélienne a riposté en frappant plus de 150 sites militaires du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige l’enclave, selon des chiffres fournis par l’armée israélienne.

Le territoire reclus, appauvri et coincé entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, a résonné des frappes israéliennes pendant des heures, d’imposants panaches de fumée et des boules de feu s’élevant dans les airs.

Trois Palestiniens, dont une femme enceinte de 23 ans, Enas Khammash, et sa fille Bayan de 18 mois, ont été tués dans ces raids israéliens, ont rapporté les secours gazaouis. Le troisième Palestinien tué a été identifié par le Hamas comme appartenant à sa branche armée.

Abdullah Khammash, 31 ans, un cousin de la femme et de l’enfant tuées, a interpellé à distance le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman.

« Je dis à Lieberman: +Venez voir vous-mêmes les dégâts. Qu’est-ce que cette petite fille avait fait de mal? », s’est-il ému. La famille n’a aucun lien avec les groupes armés, a-t-il protesté.

La maison touchée se trouve à quelques centaines de mètres d’une importante base du Hamas.

Un porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, a dit ne pas avoir d’informations sur cet évènement, mais, « par définition, nous avons seulement visé des cibles militaires utilisées par le Hamas ». Douze autres Palestiniens ont été blessés dans les raids.

Côté israélien, la pluie de roquettes venue de Gaza a ranimé les scènes connues de civils se précipitant vers les abris.

A Sdérot, localité atteinte par plusieurs projectiles, Hagit Shitert, 45 ans, a elle aussi couru pour se protéger. Dans la panique, un de ses fils s’est blessé dans l’escalier quand une roquette est tombée près de leur immeuble, criblant la bâtisse d’éclats, pulvérisant l’arrière d’une voiture et laissant un trou béant dans le sol. Mais « jamais, jamais, je ne partirai », assure-t-elle.

Hormis Sdérot, la plupart des projectiles sont tombés dans des zones inhabitées et le système de défense anti-aérien israélien a intercepté plus de 30 engins, selon l’armée.

Une Thaïlandaise d’une trentaine d’années a cependant été gravement touchée au ventre par des éclats jeudi matin. Trois autres personnes ont été atteintes de la sorte, ont indiqué les secours.

Ces hostilités sont la troisième confrontation majeure depuis juillet, ébranlant une nouvelle fois le cessez-le-feu tendu observé depuis 2014 par Israël et le Hamas ainsi que ses alliés de part et d’autre de la barrière de sécurité israélienne qui ferme hermétiquement la frontière avec Gaza.

Les accès de fièvre se multiplient depuis le 30 mars et le début d’un mouvement de protestation palestinien le long de la barrière pour dénoncer, entre autres, le blocus imposé par l’Etat hébreu à l’enclave. Les tensions ont été exacerbées par le transfert, le 14 mai par les Etats-Unis, de leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem.

Au moins 165 Gazaouis ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars. Un soldat israélien a été tué le 20 juillet près de Gaza, pour la première fois depuis 2014.

– « Croisée des chemins » –

L’envoyé spécial de l’ONU Nickolay Mladenov, a appelé toutes les parties à « s’éloigner du bord du gouffre ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu réunit jeudi après-midi le cabinet de sécurité, forum restreint examinant les questions stratégiques.

L’un des membres du cabinet, le ministre de l’Energie Youval Steinitz, a reflété le pessimisme à la radio publique.

« Nous sommes à la croisée des chemins. La question est de savoir si nous allons vers un arrangement (avec le Hamas) ou vers une escalade et une opération militaire (israélienne) lourde. Pour le moment, il semble que nous nous acheminions vers la deuxième option ».

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