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GB : héraut du Brexit, Nigel Farage quitte le parti europhobe Ukip

L'eurodéputé Nigel Farage, fervent partisan d'un Brexit sans concession, a annoncé mardi quitter le parti europhobe et anti-immigration Ukip qu'il…

L’eurodéputé Nigel Farage, fervent partisan d’un Brexit sans concession, a annoncé mardi quitter le parti europhobe et anti-immigration Ukip qu’il a co-fondé et dirigé pendant près de dix ans, estimant que celui-ci ne pourrait mener le Royaume-Uni vers la sortie de l’UE.

« C’est le coeur lourd que je quitte l’Ukip. Ce n’est pas le parti du Brexit dont notre nation a cruellement besoin », a écrit cet europhobe convaincu dans le journal Daily Telegraph, après avoir contribué au vote en faveur du Brexit au référendum de juin 2016.

« Les Partis conservateur et travailliste ayant ouvertement rompu leurs promesses sur le référendum et les élections législatives, l’Ukip devrait se situer haut dans les sondages », a poursuivi l’ancien trader de 54 ans.

« Je dois toutefois admettre avec regret que je pense maintenant que ce ne sera plus le cas », a-t-il ajouté, critiquant le positionnement antimusulmans du leader actuel, Gerard Batten, et sa volonté d’intégrer au sein de la formation une figure de l’extrême droite britannique, Tommy Robinson.

« Il y a une grande place pour un parti du Brexit dans la politique britannique, elle ne sera pas remplie par l’Ukip », a-t-il conclu.

En août, Nigel Farage a été nommé vice-président du mouvement pour le Brexit Leave Means Leave, avec lequel il s’est dit déterminé à relancer la bataille pour obtenir une rupture nette avec l’Union européenne.

– Proche de Trump –

Animateur radio et commentateur sur Fox News, il a également fait parler de lui en dehors de son pays en devenant le premier homme politique britannique à s’entretenir avec le président américain Donald Trump juste après son élection.

Il avait abandonné en juillet 2016 la direction de l' »United Kingdom Independence Party », qu’il avait co-fondé en 1993, estimant avoir atteint son objectif politique après une campagne référendaire couronnée par le Brexit, voté par 52% des Britanniques.

Depuis, l’Ukip peine à se trouver une raison d’être, affaibli par l’absence d’un leadership fort, des luttes internes et des difficultés financières. Le parti a dû remplacer son chef plusieurs fois en deux ans.

Aux élections législatives en juin 2017, la formation qui ambitionnait de devenir le premier parti d’opposition à la place des travaillistes n’a obtenu aucun siège au Parlement, avec seulement 1,8% des voix, contre 12,6% en 2015.

– Pinte et cigarette –

Né le 3 avril 1964 dans le Kent (sud de l’Angleterre), Nigel Farage a bâti sa légende en sillonnant les pubs avec une pinte et une cigarette à la main.

Il aurait pu faire « beaucoup d’argent » à la City, où il a été trader sur les marchés des métaux. Mais il a préféré la politique pour « faire une différence » et donner du sens à une vie qui a failli s’arrêter prématurément à plusieurs reprises.

Âgé d’une vingtaine d’années, il a frôlé la mort et l’amputation d’une jambe après avoir été renversé par une voiture à la sortie du pub. Quelques mois plus tard, on lui a diagnostiqué un cancer des testicules.

Guéri, il a épousé une infirmière, avec laquelle il a eu deux fils. Il aura encore deux filles avec sa deuxième femme, Kirsten Mehr, une Allemande.

Il a frôlé la mort une troisième fois en 2010, dans un accident d’avion le jour des législatives, lorsque la bannière publicitaire tractée par son petit biplace s’est empêtrée dans l’hélice.

Il s’en est tiré avec quelques côtes fracturées et un poumon perforé, mais souffre toujours des séquelles, comme le trahit sa démarche légèrement raide.

C’est avec l’énergie du survivant qu’il a pris le pouvoir à l’Ukip. Omniprésent et messianique, doté d’une gouaille et d’un charisme de télévangéliste, il incarne rapidement le parti à lui tout seul.

Trop sulfureux, trop clivant, qualifié de raciste par certains, il échoue cependant, à six reprises, dans ses tentatives de se faire élire député au Parlement britannique.

Il se console en s’immisçant au coeur même du camp ennemi, le Parlement européen, où il siège depuis 1999 sans interruption et pourfend un système « corrompu » et « antidémocratique ».

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