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GB: la justice confirme l’extradition de l’ex-patron croate d’Agrokor

Un tribunal londonien a confirmé jeudi l'extradition vers la Croatie d'Ivica Todoric, ex-propriétaire du géant croate de l'agroalimentaire et de…

Un tribunal londonien a confirmé jeudi l’extradition vers la Croatie d’Ivica Todoric, ex-propriétaire du géant croate de l’agroalimentaire et de la distribution Agrokor, premier employeur des Balkans, soupçonné de malversations, d’abus de confiance et de faux.

Ivica Todoric, 67 ans, avait déposé une requête pour faire appel d’une décision rendue en ce sens en avril. Sa requête ayant été refusée, il ne dispose plus de recours légal pour s’opposer à son extradition, qu’il a contestée en se disant victime d’une « persécution politique ».

En costume sombre et chemise blanche, l’homme d’affaires s’est présenté au tribunal aux côtés de son avocate Cherie Booth, l’épouse de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. A l’issue de l’audience, il a confié à l’AFP sa détermination à « poursuivre le combat » contre la procédure judiciaire entamée contre lui.

« Depuis que j’ai quitté la Croatie, je me suis engagé à révéler la vérité sur le groupe mafieux qui m’a volé Agrokor », a-t-il affirmé dans un communiqué. Il a dénoncé un « processus politique corrompu, orchestré par les plus grands leaders du gouvernement croate ».

« Il n’y a pas de persécution politique en Croatie », a réagi le ministre croate de la Justice, Drazen Bosnjakovic. « Nous savons dans quelle situation se trouvait Agrokor, et quelles répercussions cela aurait pu avoir sur l’économie », a-t-il ajouté. Ivica Todoric « aura droit a une procès juste et équitable, un procès politique est impossible », selon lui.

– 7,8 milliards d’euros de dette –

Réclamé par la justice croate, Ivica Todoric faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen et avait été interpellé en novembre 2017 à Londres.

Agrokor, qui emploie 60.000 salariés et pèse 15% du PIB croate, a été placé en 2017 sous la tutelle de l’Etat croate pour tenter d’éviter une faillite et protéger l’économie nationale. Sous la direction d’Ivica Todoric, le groupe avait mené une politique d’acquisition agressive, accumulant une dette titanesque, estimée en octobre 2017 à 7,8 milliards d’euros.

En juillet, plus des deux tiers des 3.000 créanciers ont renoncé à une partie de leurs créances et accepté de les convertir en actions, éloignant ainsi le spectre d’une faillite. En vertu de cet accord, le premier créancier du groupe, la banque russe Sberbank devait détenir pratiquement 40% des parts du groupe.

La crise d’Agrokor a mis à l’épreuve le gouvernement de centre droit du Premier ministre Andrej Plenkovic. En mai, la ministre de l’Économie, Martina Dalic, avait été poussée à la démission, accusée dans la presse de conflit d’intérêt sur ce dossier.

– Commerce de fleurs –

Surnommé « le Patron », Ivica Todoric s’était lancé dans les affaires dans les années 1970 du temps de l’ex-Yougoslavie, en commençant dans le commerce de fleurs.

Il a fondé Agrokor juste avant la disparition de la Yougoslavie dans les années 1990, et avait profité du processus de privatisation de l’économie pour bâtir un empire et devenir un des hommes les plus influents des Balkans.

En 2016, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à 6,7 milliards d’euros, soit près de 15% du PIB croate.

Ivica Todoric a souvent été présenté comme un homme d’affaires modèle, ayant aidé l’économie croate à se redresser après la guerre d’indépendance de 1991-95. Mais pour ses détracteurs, il s’est bâti une situation monopolistique au point de devenir intouchable et d’abuser de son influence.

Quatorze autres personnes, dont ses deux fils et d’anciens responsables de la société, sont également dans le collimateur des autorités croates.

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