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Géorgie: le parti au pouvoir propose une réforme électorale pour apaiser les manifestants

L'oligarque et chef du parti au pouvoir en Géorgie a promis lundi une réforme électorale appliquée dès les élections législatives…

L’oligarque et chef du parti au pouvoir en Géorgie a promis lundi une réforme électorale appliquée dès les élections législatives de 2020, une revendication des manifestants qui défilent quotidiennement depuis la semaine dernière dans ce pays du Caucase.

S’exprimant au cours d’une conférence de presse, Bidzina Ivanichvili, généralement considéré comme tirant les ficelles de la politique géorgienne, a promis une « réforme politique de grande ampleur », assurant que les prochaines élections législatives se feront au scrutin proportionnel.

Il n’y aura pas de seuil minimum requis pour rentrer au Parlement, a ajouté l’homme le plus riche du pays.

Pour l’opposition, le système électoral actuel favorise le parti du Rêve géorgien, fondé par M. Ivanichvili et au pouvoir depuis 2012.

Si le milliardaire répond là à une demande de l’opposition, qui mène les manifestations ayant commencé jeudi, rien ne dit que cela sera suffisant pour calmer les protestataires qui réclament aussi la tenue d’élections législatives anticipées.

– « Combat pacifique » –

Une dirigeante du principal parti d’opposition « Géorgie européenne », Eléné Khochtaria, s’est félicité devant la presse des « premiers résultats » obtenus par les manifestants grâce à leur « combat pacifique », dénonçant toutefois le fait que le ministre de l’Intérieur Guiorgui Gakharia n’ait pas quitté son poste, autre demande de ce mouvement de contestation.

Les manifestations ont commencé après le discours polémique d’un député russe devant le Parlement géorgien, signe de relations toujours très tendues entre Tbilissi et Moscou, plus de dix ans après la brève guerre entre les deux pays en août 2008.

De violentes échauffourées ont fait dans la nuit de jeudi à vendredi 240 blessés — 160 manifestants et 80 policiers — alors qu’au moins 10.000 personnes s’étaient rassemblées devant le Parlement.

Plusieurs médias ont rapporté que des manifestants, dont une jeune fille de 19 ans, ont été éborgnés après avoir reçu des balles en caoutchouc.

Les manifestations ont continué les jours suivants et se sont transformées en un mouvement de colère contre Bidzina Ivanichvili et le président russe Vladimir Poutine, les protestataires dénonçant la proximité entre l’homme d’affaire géorgien et la Russie.

La crise politique a pris un tournant géopolitique après la décision de Vladimir Poutine d’interdire aux compagnies aériennes russes de se rendre en Géorgie à partir du 8 juillet, une réponse, selon les autorités russes, à une « provocation russophobe ».

Lundi, l’agence russe de protection des consommateurs a, elle, annoncé un renforcement des contrôles sur les importations de boissons alcoolisées venues de Géorgie, notamment du vin, un secteur clé de l’économie géorgienne.

Les tensions restent fortes entre Tbilissi et Moscou, qui se sont affrontés lors d’une guerre courte mais sanglante en 2008. L’armée russe était alors intervenue sur le territoire géorgien pour soutenir la petite Ossétie du Sud, région séparatiste prorusse, où Tbilissi avait lancé une opération militaire.

Depuis, des troupes russes sont stationnées en Ossétie du Sud et dans une autre république prorusse, l’Abkhazie. Beaucoup de Géorgiens estiment que la Russie occupe ce qui constitue des territoires géorgiens, tandis que Moscou a reconnu l’indépendance de ces deux petites régions.

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