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Gibraltar, prospère petite colonie britannique au sud de l’Europe

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Gibraltar, dont l’avenir post-Brexit constitue un sujet épineux entre Londres et Madrid, est une prospère petite colonie brita

nnique de 30.000 habitants, située à l’extrême sud de l’Espagne qui en revendique inlassablement la souveraineté.

– Cédé par l’Espagne –

Situé à un emplacement stratégique permettant le contrôle du détroit, le Rocher de Gilbratar, de l’arabe jabal Tariq (la montagne de Tariq) a été pris par la flotte anglo-hollandaise en 1704, avant d’être cédé en 1713 par l’Espagne à la Grande-Bretagne en vertu du traité d’Utrecht.

Celui-ci prévoit que Londres possède « pour toujours » ce territoire de 6,2 km2, mais que si la Couronne renonçait à sa souveraineté, celle-ci reviendrait alors à l’Espagne.

Déclaré en 1964 « territoire colonial » par les Nations unies, Gibraltar est l’un des 14 « territoires dépendants » du Royaume-Uni.

– Rester dans le giron britannique –

La population de Gibraltar, lors d’un référendum en 1967, s’est prononcée à 99% pour le maintien des liens avec la Grande-Bretagne et contre le rattachement à l’Espagne, alors dirigée par le dictateur Francisco Franco.

L’épisode le plus tendu des relations entre Gibraltar et l’Espagne date de cette époque: la fermeture de la frontière par le régime franquiste en 1969, en représailles à l’entrée en vigueur de la Constitution de Gibraltar. Dans le préambule, Londres s’engage à ne restituer la souveraineté du territoire à un Etat tiers qu’avec l’accord « librement et démocratiquement exprimé » des habitants du Rocher.

La libre circulation n’a été rétablie qu’en 1985 par la démocratie espagnole, juste avant l’entrée de l’Espagne dans l’Union européenne.

Un second référendum organisé en 2002 a confirmé le souhait quasi unanime de cette colonie de demeurer dans le giron du Royaume Uni.

En juin 2016, l’annonce du Brexit a provoqué un énorme émoi à Gibraltar, qui avait voté à 96% pour le maintien dans l’UE.

– Boom des jeux en ligne –

Durant la Seconde guerre mondiale, c’est depuis une des galeries creusées pour défendre le rocher que le général américain Dwight Eisenhower, commandant en chef des Alliés, dirigea les opérations de débarquement en Afrique du nord.

Aujourd’hui, ces galeries abritent les ordinateurs d’un data center destinés aux paris et jeux par internet qui constituent la première ressource de la colonie britannique en assurant 25% de son produit intérieur brut, selon le ministère du commerce.

Car en vingt ans, le « Rocher » est devenu la Mecque de l’industrie des jeux d’argent en ligne: paris sur les matches de foot ou les élections législatives britanniques, poker, roulette, baccara…

Outre ce secteur en pleine expansion fournissant de l’emploi à plus de 3.000 personnes, la florissante économie de l’enclave est également spécialisée dans les services financiers, le commerce et l’hôtellerie.

– Travailleurs frontaliers –

Près de 14.000 travailleurs, en grande majorité des Espagnols mais aussi des ressortissants de quelque 59 autres nationalités établis en Espagne, passent la frontière chaque jour pour aller travailler dans la petite colonie où règne le plein emploi.

Parmi eux, 2.500 Britanniques vivant en Espagne en raison du moindre prix de l’immobilier, franchissent à pied ou en voiture le poste frontière qui traverse la piste de l’aéroport construite sur un isthme reliant Gibraltar à l’Espagne.

– Fiscalité avantageuse –

Gibraltar, qui n’applique pas de TVA, est sorti fin 2009 de la « liste grise » des paradis fiscaux établie par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), en acceptant d’échanger des informations fiscales avec une dizaine de pays.

Début 2011, il a aboli son régime exemptant d’impôts certaines entreprises, mais le taux désormais en vigueur (10%) reste bien inférieur à celui appliqué ailleurs dans le monde.

Le territoire ne reverse pas d’impôts au Royaume-Uni.

– Singes et « fish and chips » –

Sur ce rocher enclavé en Andalousie, tout rappelle l’Angleterre: les cabines téléphoniques rouges, les boîtes aux lettres du Royal Mail, les lampadaires décorés de fleurs, les traditionnels « fish and chips » servis dans les pubs…

Tout, sauf les palmiers et les singes qui déambulent paisiblement sur le rocher, rappelant aussi que l’on est ici aux portes de l’Afrique.

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