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Gilets jaunes, bonnets rouges, chemises vertes: les habits de la révolte

Six mois après le début du mouvement, le gilet jaune est entré dans le vestiaire de la contestation sociale. Bonnets,…

Six mois après le début du mouvement, le gilet jaune est entré dans le vestiaire de la contestation sociale. Bonnets, parapluies, rouge à lèvre : tour d’horizon des accessoires de protestation en France et dans le monde.

– Etoffes françaises –

Avec ou sans cocarde, le bonnet phrygien devient l’une des allégories de la République après la révolution de 1789. Attribuée à la région antique de Phrygie (actuelle Turquie occidentale), cette coiffe rouge aurait été portée par les esclaves affranchis en Grèce et à Rome.

Nombre de révolutionnaires qui la portent sont des « sans-culottes », ainsi nommés car ils portent des pantalons et non les hauts-de-chausses qui s’arrêtaient au genou et symbolisaient l’aristocratie sous l’Ancien régime.

Un autre bonnet, rouge lui aussi, traverse les siècles. Porté dès 1675 par les Bretons opposés à une réforme fiscale de Paris, le bonnet rouge réapparaît plus de 300 ans après, en 2013, toujours en Bretagne, contre un projet d’écotaxe.

Dans les années 1930, les « chemises vertes » prônent la grève de l’impôt dans les campagnes françaises, accusant l’État de harceler les paysans.

Obligatoire pour les automobilistes depuis 2008, le gilet jaune fluo devient dix ans plus tard l’étendard d’une fronde populaire inédite qui démarre en réaction à la hausse des prix des carburants avant d’agréger des revendications multiples.

– « Servantes écarlates » –

États-Unis, Argentine, Irlande, Pologne, les « servantes écarlates », tuniques rouges et bonnets blancs, inspirées du roman de la Canadienne Margaret Atwood, popularisé par la série éponyme, sont devenues en 2018 une puissante expression du mouvement #MeToo.

Le costume, qui rappelle les tenues de nonnes, s’est imposé pour les anti-Trump comme une parabole de la dérive conservatrice américaine et des violences subies par les femmes. Pour les mêmes droits, les « pussy hats », bonnets roses aux oreilles de chat, colorent les rues américaines au lendemain de l’investiture de Donald Trump début 2017.

– Chemises thaïlandaises –

En 2008 à Bangkok, les « chemises jaunes » tiennent le haut du pavé face aux « chemises rouges » des partisans de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par des généraux royalistes en 2006.

Le jaune, couleur du lundi, jour de naissance du défunt roi Bhumibol et de l’actuel monarque Rama X, est associé au royalistes et aux élites de Bangkok, tandis que les chemises rouges représentent les régions rurales du nord.

En 2009, c’est au tour des « chemises bleues » de manifester, inspirées par l’homme politique Newin Chidchob et opposées aux « chemises rouges ».

– Parapluies à Hong Kong –

Multicolores, plusieurs milliers de parapluies défilent à Hong Kong en 2014 pour protester contre la réforme électorale de l’ancienne colonie britannique.

Outil pacifique de protection contre la police, l’accessoire devient l’emblème de manifestations prodémocratie à Hong Kong, jusqu’à entrer dans le parlement régional et être exposé en croquis au British Museum de Londres fin 2018.

– Rouge à lèvres au Nicaragua –

Les opposants au président nicaraguayen Daniel Ortega choisissent le rouge à lèvres comme instrument de dénonciation en octobre 2018. Ils diffusent sur les réseaux sociaux le slogan #soypicorojo (j’ai le bec rouge) pour réclamer la libération d’opposants emprisonnés.

L’idée est lancée lorsque la militante féministe Marlen Chow est arrêtée : elle s’était maquillée soigneusement et avait ensuite passé son bâton de rouge à lèvres à ses codétenues en les encourageant à se faire belles pour l’interrogatoire.

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