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Guerre commerciale: l’arsenal de la Chine face à Trump

La Chine a promis vendredi des "représailles" si le président américain Donald Trump met à exécution sa menace d'imposer dès…

La Chine a promis vendredi des « représailles » si le président américain Donald Trump met à exécution sa menace d’imposer dès le 1er septembre de nouvelles surtaxes prohibitives aux produits chinois importés aux Etats-Unis.

Ces droits de douane supplémentaires de 10% sur 300 milliards de dollars d’importations « made in China » pourraient frapper des marchandises comme des sèche-cheveux, des chaussures, des téléviseurs à écran plat ou encore des jouets.

Pékin n’a pas précisé comment il comptait répliquer à Donald Trump. Mais il dispose de plusieurs armes dans son arsenal.

– Les droits de douane –

La Chine frappe déjà de surtaxes douanières la quasi-totalité des marchandises américaines — soit environ 110 milliards de dollars d’importations annuelles (sur 120).

Leur taux s’échelonne entre 5% et 25%, en fonction des produits. Mais le gouvernement chinois pourrait aisément les faire grimper de 10 points supplémentaires, voire plus.

« Les produits agricoles et énergétiques américains sont très dépendants du marché chinois. Si la Chine applique des tarifs douaniers prohibitifs, cela frappera durement la base électorale de Donald Trump », prédit Zhang Yansheng, chercheur au Centre chinois des échanges économiques internationaux (CCIEE), un groupe de réflexion semi-officiel.

– Les produits agricoles –

Les droits de douane chinois ont déjà eu un impact sensible sur les importations de marchandises « made in USA »: celles-ci ont plongé de… 30% lors du premier semestre 2019.

Les agriculteurs américains avaient donc accueilli avec soulagement l’annonce par Pékin jeudi que des entreprises chinoises avaient commencé à augmenter leurs achats de produits agricoles américains.

« Si la Chine n’augmentera pas nécessairement les droits de douane sur les marchandises américaines, elle pourrait cependant (…) reconsidérer ces achats de produits agricoles », met en garde Louis Kuijs, analyste d’Oxford Economics.

– La dévaluation du yuan –

La banque centrale chinoise peut-elle abaisser le cours de sa monnaie, le yuan, pour soutenir les firmes exportatrices, comme Donald Trump l’en accuse régulièrement?

Une baisse du yuan permettrait certes de compenser en partie les surtaxes douanières de 10% que menace d’imposer M. Trump. Mais une chute de la monnaie précipiterait aussi les sorties de capitaux hors de Chine — un scénario catastrophe pour Pékin.

– Les entreprises américaines –

La Chine pourrait compliquer l’activité des firmes américaines présentes dans le pays, avec des blocages de produits en douane ou des exigences réglementaires supplémentaires.

Pékin pourrait « utiliser davantage de mesures non-tarifaires », note Rajiv Biswas, analyste du cabinet IHS Markit. « Cela pourrait créer des obstacles significatifs, notamment pour les produits périssables », observe-t-il.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par l’intensification des contrôles, des retards dans la délivrance de permis et d’autorisations, ainsi que par la discrimination visant les entreprises américaines dans les appels d’offres gouvernementaux », a indiqué vendredi Craig Allen, président du Conseil économique sino-américain (USCBC).

– Les listes noires et le boycott –

La Chine a annoncé fin mai la création d’une liste noire d’entreprises étrangères « non fiables ». Une mesure de rétorsion après l’interdiction faite par Washington aux entreprises américaines de vendre des produits technologiques au géant chinois des télécoms Huawei — lequel a un besoin crucial de composants « made in USA » pour ses produits.

Le ministère du Commerce a plusieurs fois assuré cet été que la liste noire serait « bientôt » publiée. Elle devrait viser les entreprises américaines refusant de fournir Huawei.

La Chine pourrait également mobiliser ses 1,4 milliard de consommateurs.

Lors de tensions bilatérales avec le Japon (2012) et la Corée du Sud (2017), des campagnes de boycott avaient fait plonger de 50% en un mois leurs ventes d’automobiles en Chine.

Par ailleurs, Pékin cherche souvent à limiter le nombre de ses touristes se rendant dans les pays et régions avec lesquels il a des différends.

– Les terres rares –

Les médias d’État ont agité dans le passé la menace de réduire les exportations vers les Etats-Unis de « terres rares » — des métaux indispensables à de nombreuses industries de pointe aux Etats-Unis.

La Chine a également déclaré qu’elle lancerait de nouvelles mesures pour mieux contrôler leur exportation.

En réaction, Washington avait appelé à prendre des « mesures sans précédent » pour sécuriser leurs approvisionnements. Mais augmenter leur production nationale pourrait prendre du temps aux Etats-Unis.

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