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Guerre commerciale: l’arsenal de représailles de la Chine

La Chine importe presque quatre fois moins qu'elle n'exporte vers les Etats-Unis. Il lui faut donc trouver d'autres armes que…

La Chine importe presque quatre fois moins qu’elle n’exporte vers les Etats-Unis. Il lui faut donc trouver d’autres armes que les simples droits de douane pour pénaliser l’économie de l’Oncle Sam, au moment où les deux premières puissances économiques mondiales basculent dans la guerre commerciale.

– Pénaliser les entreprises –

L’iPhone X, la voiture Buick Excelle, les cafés Starbucks et les productions de Hollywood font partie des meilleures ventes en Chine — soit autant de moyens de pression potentiels.

« Pékin dispose d’armes limitées en termes de représailles douanières, mais peut infliger diverses autres mesures aux entreprises américaines présentes en Chine, en durcissant les contrôles sanitaires, sécuritaires et fiscaux, en retardant les importations, ou en organisant un boycott », insiste Louis Kuijs, analyste d’Oxford Economics.

Depuis mai, la viande de porc et des automobiles américaines sont déjà dans le collimateur des douanes chinoises qui ont annoncé un renforcement des inspections.

– Boycott –

Nombre d’entreprises américaines dépendent de la Chine, à l’image de General Motors, qui vend davantage de voitures en Chine qu’en Amérique du Nord. Pékin pourrait compliquer leurs ventes en s’attaquant à leur image.

« Cela peut être simplement une campagne de propagande, cela s’est révélé efficace et rapide dans le passé », souligne Mark Williams, de Capital Economics. Les campagnes contre le Japon en 2012 ou contre la Corée du Sud l’an dernier « ont conduit à un effondrement de 50% des ventes pour les marques automobiles de ces deux pays en l’espace d’un mois », rappelle l’analyste.

Boudé par les consommateurs chinois et visé par diverses mesures réglementaires, le distributeur sud-coréen Lotte avait dû fermer les trois quarts de ses magasins en Chine après avoir fourni à Séoul un terrain pour le déploiement d’un bouclier antimissile américain, au grand dam de Pékin.

– Etudiants et touristes –

Pékin pourrait s’efforcer de limiter le nombre de touristes et d’étudiants se rendant aux Etats-Unis.

Avec 350.000 étudiants chinois l’an dernier, soit le tiers des étudiants étrangers, « le montant cumulé des dépenses des Chinois dans l’éducation et le tourisme aux Etats-Unis équivaut à celui des importations chinoises de soja ou d’avions américains », résume Mark Williams.

– Boeing –

La Chine, deuxième marché aéronautique mondial, est capitale pour Boeing, qui y vend un quart de ses avions, faisant jeu égal avec Airbus.

Mais l’essentiel des compagnies aériennes chinoises sont sous contrôle public et leurs commandes pilotées étroitement par Pékin. Le journal officiel Global Times ne s’y est pas trompé, assurant en janvier: « La Chine pourrait ajuster le volume de ses achats d’appareils Boeing et Airbus ». Et ce même si les commandes chinoises en cours prévoient des livraisons s’échelonnant sur au moins cinq ans.

– Dette américaine –

Forte de ses colossales réserves de changes, la Chine est le principal détenteur de dette américaine (environ 1.200 milliards de dollars). L’agence Bloomberg rapportait en janvier que des responsables chinois avaient recommandé de ralentir ou suspendre l’acquisition de bons du Trésor américain.

Mais l’exercice serait délicat pour Pékin, car toute déstabilisation des marchés pourrait entamer la valeur des bons du Trésor et dollars encore en sa possession… et rares sont les actifs alternatifs vers lesquels se tourner.

– Dévaluer le yuan –

La banque centrale chinoise a-t-elle orchestré la récente glissade du yuan en vue de soutenir les firmes exportatrices? Ce scénario est écarté par de nombreux analystes, qui attribuent cette dépréciation à une simple pression des marchés, naturelle face aux tensions commerciales.

Selon eux, la banque centrale pourrait au contraire intervenir pour freiner la chute du yuan si celle-ci devait s’accélérer. Un repli prolongé du yuan pourrait provoquer d’importants flux de capitaux hors du pays, ce que les autorités veulent à tout prix empêcher: « Les risques encourus par la stabilité financière dans son ensemble en cas de dévaluation n’en valent pas la peine », commente Julian Evans-Pritchard, de Capital Economics.

– Le dossier nord-coréen –

La coopération entre la Chine et les Etats-Unis sur la Corée du Nord pourrait se compliquer: dans sa quête d’une dénucléarisation de la Corée du Nord, Donald Trump a besoin du soutien de la Chine, principal soutien économique de Pyongyang. Mais une guerre commerciale pourrait pousser Pékin à se montrer moins coopératif.

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