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Guinée-Bissau: pauvreté, noix de cajou et narco-trafic

La Guinée-Bissau, petit pays d'Afrique de l'Ouest où se tiennent dimanche des élections législatives, fait partie des Etats les plus…

La Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest où se tiennent dimanche des élections législatives, fait partie des Etats les plus pauvres et instables du monde, connu pour sa production de noix de cajou et ses narco-trafiquants.

Le scrutin, initialement prévu en novembre, est censé mettre fin à une crise politique ouverte par le limogeage du Premier ministre en août 2015.

– Coups d’Etat et valse des gouvernements –

Cette ancienne colonie portugaise est devenue indépendante en 1974 après une lutte de onze ans menée notamment par Amilcar Cabral.

Depuis, le pays a connu quatre putschs (le dernier en 2012), seize tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements.

L’actuel président José Mario Vaz a été élu en 2014. La dernière crise politique s’est ouverte en août 2015 lorsqu’il a destitué son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), auquel tous deux appartiennent.

D’après la Constitution, le choix du Premier ministre revient au parti majoritaire, qui a contesté l’éviction de M. Pereira et la nomination d’un nouveau chef de gouvernement. Ses députés ont refusé de siéger, empêchant le Parlement de fonctionner.

En avril 2018, un nouvel accord régional de sortie de crise a abouti à la désignation d’un Premier ministre de consensus et à la reprise des travaux parlementaires après deux ans d’interruption.

– Un des plus pauvres au monde –

Ce petit pays (36.100 km2) constitué d’une partie continentale et de l’archipel Bijagos (88 îles dans l’océan Atlantique) est frontalier du Sénégal et de la Guinée.

Sa population s’élevait à 1,86 million d’habitants en 2017 (Banque mondiale), avec une grande variété de groupes ethniques, langues et religions.

Sa principale exportation est la noix de cajou, dont il est le 3e producteur africain. Celle-ci est cultivée sur 12% du territoire et ses recettes fiscales représentaient en 2017 près de la moitié du budget.

En 2017, la croissance du PIB s’est établie à 5,9%. Mais l’activité a ralenti en 2018 à environ 3,8 % en raison d’une moindre production de noix de cajou provoquée par un climat défavorable et une baisse des prix, selon le FMI et la BM.

La Guinée-Bissau figure parmi les pays les plus pauvres au monde, classée 177e sur 189 pays, selon l’indice de développement humain du Pnud (classement 2018).

Près de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté (avec moins de 2 dollars par jour) et plus d’un tiers dans l’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour).

La mauvaise qualité des services de santé demeurent l’un des plus grands problèmes du pays où lespérance de vie moyenne n’atteint que 57,8 ans.

En septembre, le 44e anniversaire de l’indépendance n’a pas été célébré faute d’argent.

– Narco-trafic –

Un télégramme diplomatique américain de 2009 révélé par Wikileaks qualifiait la Guinée-Bissau de « premier narco-Etat émergent d’Afrique ».

Le pays est considéré comme un important point de transit du trafic de cocaïne de l’Amérique du Sud vers l’Europe.

L’instabilité et la pauvreté y ont longtemps facilité l’implantation de narcotrafiquants, sous la protection de hauts responsables de l’armée.

En 2013, l’arrestation par l’Agence fédérale anti-drogue américaine (DEA) du chef de la Marine « Bubo » Na Tchuto, condamné par un tribunal américain à quatre ans de prison et rentré à Bissau en octobre 2016, a révélé au grand jour l’implication de la hiérarchie militaire dans le narcotrafic.

L’ONU a néanmoins salué ces dernières années les progrès réalisés dans la lutte contre le narco-trafic depuis l’élection de José Mario Vaz, mais regretté dans un récent rapport que depuis près d’un an, la volonté des autorités en la matière se soit « peu affermie ».

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