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Incendie meurtrier et émeutes, la « tragédie » du camp de Moria à Lesbos

Le camp de migrants de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, s'est réveillé sonné lundi par un incendie meurtrier suivi…

Le camp de migrants de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, s’est réveillé sonné lundi par un incendie meurtrier suivi d’une soirée d’émeutes, une « tragédie » pour ce site asphyxié par l’arrivée constante de nouveaux exilés.

Les autorités grecques ont confirmé lundi la mort d’une d’une réfugiée dans l’incendie qui, selon des migrants, serait parti d’un petit commerce ambulant. Mais selon les médias grecs, une couverture brûlée retrouvée à côté de la femme morte contiendrait des résidus de peau qui pourraient appartenir à l’enfant de la défunte, un nouveau-né.

Dix-sept migrants blessés –neuf hommes, six femmes et deux enfants dont un nourrisson — ont été transportés à l’hôpital de Mytilène, selon le ministère de la Santé.

« Une telle tragédie peut arriver à tout moment » dans le camp de Moria, a déploré Kostas Moutsouris, le préfet du nord de la mer Egée (dont fait partie Lesbos).

« Il s’agit d’une structure qui accueille plus de 12.000 personnes de cultures différentes », a-t-il ajouté sur le site newsbomb.

« La situation est très tragique », a renchéri à l’AFP Boris Cheshirkov, porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) en Grèce, jugeant « extrêmement urgent » d' »accélérer les transferts vers le continent ».

Depuis la multiplication des arrivées ces dernières semaines sur les îles égéennes depuis la Turquie, le camp de Moria suffoque avec près de 13.000 migrants pour une capacité de 3.000.

– Réfugiés en colère –

C’est dans un camp au bord de l’asphyxie que les exilés en colère contre les autorités ont déclenché des émeutes dimanche soir, grimpant sur les conteneurs et les murs d’enceinte du centre d’hébergement.

La police a tiré des gaz lacrymogènes contre la foule furieuse du retard pris par les pompiers à venir éteindre l’incendie, ont-ils rapporté à un correspondant de l’AFP.

Lundi matin, le plus important camp d’Europe avait retrouvé un semblant de calme mais avec un renforcement de la présence policière, selon Astrid Castelein, porte-parole du HCR à Lesbos, qui se trouvait à l’intérieur du site pour « aider les familles affectées par l’incendie ».

« Beaucoup de policiers sont arrivés aujourd’hui, ils vérifient les papiers de chacun, ils regardent à l’intérieur des conteneurs… tout ça nous stresse encore plus », a confirmé Farid, un jeune Afghan joint par téléphone par l’AFP.

« Beaucoup de réfugiés sont tristes et stressés, ils ont peur d’un nouvel accident », a-t-il dit depuis Moria.

Pour le HCR, « l’incendie est survenu dans un contexte d’augmentation des arrivées » de migrants depuis la Turquie voisine.

En trois mois, près de 10.000 personnes sont arrivées sur l’île de Lesbos, a déclaré le ministre adjoint à la protection civile Lefteris Oikonomou.

– « pire période » depuis 2016 –

« Nous sommes dans un contexte différent de (la crise migratoire de) 2015, où les frontières étaient ouvertes. Mais depuis l’accord UE/Turquie (de mars 2016), nous vivons de loin la pire période », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Mytilène.

Les autorités ont promis le nouveau transfert de 250 personnes lundi. « Nous essayons de transférer graduellement les réfugiés pour vider le camp de Moria ».

D’après le HCR, du 2 au 15 septembre, 2.510 réfugiés ont été transférés des îles égéennes vers le continent grec.

Le maire de Lesbos Stratos Kytelis a également réclamé « la décongestion immédiate de nos îles et le renforcement du contrôle aux frontières ».

Au plus fort de la crise migratoire, l’UE et la Turquie avaient signé en 2016 un accord ayant entraîné une réduction importante du flux des migrants et réfugiés en Europe via les îles grecques, proches de la Turquie.

Mais, début septembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays accueille plus de quatre millions de réfugiés, a menacé « d’ouvrir les portes » aux migrants vers l’Union européenne s’il n’obtient pas davantage d’aide internationale.

La semaine dernière à New York, les dirigeants grec et turc « se sont mis d’accord pour faire tous les efforts possibles pour réduire les flux de migrants », selon un responsable grec.

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