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Irak: le Parlement accepte une partie du gouvernement, des postes-clés restent vacants

Le Parlement irakien a accordé dans la nuit de mercredi à jeudi sa confiance à l'indépendant Adel Abdel Mahdi et…

Le Parlement irakien a accordé dans la nuit de mercredi à jeudi sa confiance à l’indépendant Adel Abdel Mahdi et à 14 de ses ministres, tandis que des postes-clés comme la Défense et l’Intérieur restaient à pourvoir.

Plus de cinq mois après des législatives qui ont fait émerger un Parlement extrêmement fragmenté, M. Abdel Mahdi avait la lourde tâche de former un gouvernement de consensus avant début novembre.

Dans un système calibré pour éviter tout retour au parti unique du dictateur Saddam Hussein, le principal défi pour cet ancien ministre du Pétrole reste de ménager une place dans son cabinet aux nombreuses forces parlementaires qui toutes ou presque revendiquent d’y siéger.

Celui qui fait figure de rare personnalité consensuelle dans un pays pris en étau entre deux puissances ennemies, l’Iran et les Etats-Unis, est parvenu à prêter serment dans la nuit, après avoir fait accepter 14 de ses ministres aux 220 députés présents, sur 329.

– Prochain vote le 6 novembre –

Il n’a présenté qu’une partie de son cabinet car il a buté sur l’opposition de nombreux parlementaires à certains de ses candidats, notamment pour les portefeuilles de l’Intérieur et de la Défense, cruciaux dans le pays qui sort de trois années de guerre contre les jihadistes.

Il a toutefois obtenu que son programme gouvernemental soit approuvé, lors d’un vote à main levée.

Le reste des portefeuilles ministériels doivent désormais être attribués lors du prochain vote de confiance, fixé au 6 novembre par le Parlement.

Le nouveau gouvernement fait face à l’immense défi de la reconstruction dans un pays ravagé par trois années d’occupation des jihadistes de l’Etat islamique (EI) et autant de durs combats.

Il devra également s’attaquer à plusieurs fléaux qui ont suscité des manifestations ayant dégénéré en violences meurtrières: la prévarication dans le 12e pays le plus corrompu au monde, les pénuries d’électricité et la déliquescence des services publics. Durant l’été, 100.000 personnes ont été hospitalisées pour des intoxications à l’eau dans la province pétrolière de Bassora (sud).

Parmi les ministres qui devront s’atteler à cette tâche figure, pour le Pétrole –unique source de devise du pays– Thamer al-Ghadbane, qui a déjà occupé ce poste de 2004 à 2005.

Pour l’Electricité, un poste à risque pour lequel aucun ministre n’est jusqu’ici allé jusqu’au bout de son mandat, M. Abdel Mahdi a choisi Louaï al-Khatib, un chercheur reconnu dans le domaine des énergies.

Et pour les Affaires étrangères, M. Abdel Mahdi a porté son choix sur Mohammed Ali al-Hakim, un ancien ambassadeur d’Irak à l’ONU, actuellement cadre d’une agence onusienne pour le développement.

– Après l’EI et le référendum kurde –

M. Abdel Mahdi aura également la lourde tâche d’apaiser les relations avec le Kurdistan irakien qui, il y a un an, votait massivement pour la sécession. Ce référendum dénoncé par Bagdad et la communauté internationale a déclenché une série de représailles, notamment économiques de Bagdad.

La nomination mercredi soir de Fouad Hussein, candidat kurde malheureux à la présidence de la République début octobre et proche de Massoud Barzani, architecte du référendum d’indépendance, est un signal fort envoyé à la région autonome. En grave crise économique malgré ses ressources pétrolières, elle est en conflit ouvert avec Bagdad sur la part du budget fédéral qui lui revient.

Fort d’un budget en hausse –comme les prix du pétrole dont il dépend quasi-entièrement– le gouvernement irakien devra reprendre les négociations en cours avec l’Américain General Electric (GE) –soutenu par l’administration américaine, fortement influente dans le pays– et l’Allemand Siemens pour remettre sur pied un réseau électrique vétuste et insuffisant.

Il devra également poursuivre l’effort de stabilisation dans un pays où l’EI, défait militairement, ne tient plus de territoire mais conserve un pouvoir de nuisance et mène encore régulièrement des attaques.

Ce retour à la sécurité est une question brûlante pour les 1,9 million d’Irakiens toujours déplacés qui assurent ne pas pouvoir rentrer chez eux de peur d’y trouver des jihadistes ou des zones entières toujours en ruines.

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