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Iran: importante allocution du guide suprême après le drame de l’avion ukrainien

Le guide suprême iranien prononce vendredi un important discours après l'indignation causée en Iran par le drame de l'avion ukrainien…

Le guide suprême iranien prononce vendredi un important discours après l’indignation causée en Iran par le drame de l’avion ukrainien abattu le 8 janvier près de Téhéran dans un contexte de fortes tensions avec les Etats-Unis.

L’ayatollah Ali Khamenei doit délivrer son message à la mi-journée à l’occasion de la grande prière hebdomadaire musulmane à la mosquée Mosalla de Téhéran, qu’il doit diriger pour la première fois depuis février 2012.

La télévision publique iranienne émet en direct depuis le début de la matinée et montre des bus décharger des foules de fidèles et des images de l’intérieur de la mosquée déjà pleine.

« A la demande répétée de la population », des rassemblements de soutien au « système sacré de la République islamique » et aux forces armées du pays contre « le Grand Satan » (les Etats-Unis) auront lieu dans tout le pays « à l’exception de Téhéran » à l’issue de la prière, ont annoncé les autorités.

Les Etats-Unis et l’Iran ont paru à deux doigts de l’affrontement militaire direct début janvier, pour la deuxième fois en moins d’un an.

Le 8 janvier, Téhéran a tiré des missiles sur des cibles militaires abritant des Américains en Irak en représailles à l’élimination par Washington du général iranien Qassem Soleimani, architecte de la stratégie d’influence régionale de l’Iran, cinq jours plus tôt à Bagdad.

– « Efforts incessants et purs » –

La tension entre les deux ennemis semble être retombée après le drame du Boeing d’Ukraine International Airlines (UIA) abattu quelques heures plus tard, après avoir décollé de Téhéran.

La catastrophe a fait 176 morts, des Iraniens et des Canadiens en majorité, et a suscité l’indignation dans le pays après qu’il eut fallu trois jours pour que les forces armées reconnaissent que l’avion avait été abattu « par erreur » alors que la défense du pays était en alerte « guerre » par crainte d’une riposte américaine.

Un général des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, a endossé la responsabilité totale du drame et affirmé que celui-ci avait été causé par l’opérateur d’une batterie de missile qui avait pris l’avion pour un « missile de croisière ».

Selon le Conseil de coordination de la propagation de l’islam, les rassemblements de vendredi après la prière doivent être l’occasion de célébrer les efforts incessants et purs des forces armées populaires (…) en particulier les Gardiens de la Révolution ».

Alors que le président iranien Hassan Rohani a défendu jeudi sa politique d’ouverture internationale, l’ayatollah Khamenei répète régulièrement que les Occidentaux ne sont pas dignes de confiance et a interdit tout dialogue avec le gouvernement du président américain Donald Trump.

« Le gouvernement travaille quotidiennement à empêcher un affrontement militaire ou la guerre », a dit M. Rohani.

A l’approche des élections législatives du 21 février, annoncées comme difficiles pour le camp modéré de M. Rohani, et dans un contexte de tensions croissantes entre Téhéran et les Occidentaux sur le programme nucléaire iranien, M. Rohani a également déclaré vouloir continuer de dialoguer avec le monde sur cette question.

Selon M. Rohani, l’Iran a obtenu « la compensation militaire » voulue pour la mort de Soleimani avec ses frappes contre des bases utilisées par l’armée américaine.

Celles-ci ont fait d’important dégâts matériels. Après l’attaque, les Etats-Unis avaient affirmé que les frappes n’avaient fait aucune victime. Mais l’armée a finalement annoncé jeudi qu’onze soldats américains avaient été blessés.

– Crise de confiance –

En juin 2019, déjà, les Etats-Unis et la République islamique avaient paru au bord de l’affrontement militaire direct après que Téhéran eut abattu un drone américain accusé d’avoir violé son espace aérien.

M. Trump avait alors affirmé avoir annulé des frappes de représailles à la dernière minute.

L’animosité entre Washington et Téhéran va grandissant depuis que la Maison Blanche a dénoncé en 2018 l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 et rétabli des sanctions économiques contre Téhéran.

La question de l’avenir de cet accord, menacé depuis le retrait américain, suscite aussi de fortes tension diplomatiques entre les Européens et l’Iran.

M. Rohani a reconnu implicitement l’existence d’une crise de confiance envers les autorités. De samedi à jeudi, des rassemblements antipouvoir ont eu lieu chaque jour.

Concentrées surtout dans la capitale, les manifestations sont apparues d’une ampleur nettement inférieure à la vague de contestation nationale de novembre contre la hausse du prix de l’essence, matée au prix d’une répression ayant fait au moins 300 morts, selon Amnesty International.

Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, une cérémonie à la mémoire des victimes du crash à Ispahan a tournée à la manifestation hostile aux autorités jeudi.

A Téhéran, la police restait déployée de manière inhabituelle vendredi matin.

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