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Iran: l’enrichissement d’uranium a repris à Fordo

L’Iran a repris jeudi ses activités d'enrichissement d'uranium à l'usine souterraine de Fordo, conformément à sa décision annoncée mardi de…

L’Iran a repris jeudi ses activités d’enrichissement d’uranium à l’usine souterraine de Fordo, conformément à sa décision annoncée mardi de réduire encore un peu plus ses engagements pris devant la communauté internationale en 2015 sur son programme nucléaire.

« Dans les premières minutes de la journée de jeudi […] la production et collecte d’uranium enrichi [a démarré] dans les installations de Fordo », à environ 180 km au sud de Téhéran, indique un communiqué de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA).

Le texte précise que « toutes ces activités ont été réalisées sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique » (AIEA), organe de l’ONU chargé du contrôle du programme nucléaire iranien.

Le porte-parole de l’OIEA, Behrouz Kamalvandi, avait indiqué mercredi que la production d’uranium enrichi à Fordo serait « opérationnelle à partir de minuit » dans la nuit de mercredi à jeudi (20H30 GMT mercredi).

La reprise de ces activités gelées en vertu de l’accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 avait été annoncée mardi par le président iranien Hassan Rohani, au lendemain de l’expiration d’un délai donné par Téhéran aux autres Etats encore parties à ce texte (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) pour qu’ils l’aident à surmonter les conséquences du retrait des Etats-Unis de ce pacte en 2018.

La mesure marque la quatrième phase du plan de réduction des engagements iraniens lancé en mai, en riposte au retrait américain.

Par cette politique, Téhéran entend faire pression sur les autres parties pour qu’elles l’aident à contourner les sanctions rétablies par Washington, qui ont plongé son économie dans une sévère récession.

Aux termes de l’accord de Vienne, Téhéran a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires –afin de garantir leur nature exclusivement civile– en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales asphyxiant son économie.

– « En tirer les conséquences » –

L’accord interdit à la République islamique de mener des activités d’enrichissement d’uranium à Fordo, usine souterraine longtemps tenue secrète.

A Vienne, une source proche de l’AIEA a indiqué mercredi à l’AFP que « les inspecteurs de l’Agence [étaient] sur place » à Fordo et qu’un rapport spécial sur la situation dans cette usine devrait être remis très rapidement.

L’annonce de la reprise d’activités d’enrichissement à Fordo a suscité de nouvelles inquiétudes des autres parties à l’accord de Vienne.

La République islamique assure rester attachée à la survie de l’accord et être prête à revenir à l’application complète de ses engagements dès lors que les autres parties respecteront les leurs, en prenant des mesures concrètes pour satisfaire ses demandes, et en particulier en lui permettant d’exporter son pétrole.

Le Kremlin a dit « observer avec préoccupation le développement de la situation », tandis que Paris, Londres, Berlin et l’Union européenne (UE) ont appelé Téhéran à revenir sur sa décision.

L’UE a exhorté l’Iran à s’abstenir de nouvelles mesures susceptibles de miner davantage l’accord de Vienne et de rendre encore « plus difficile » son sauvetage.

A Pékin mercredi, le président français Emmanuel Macron a jugé que l’Iran avait « décidé de sortir du cadre » de l’accord, « pour la première fois de manière explicite et […] non limitée ».

C’est « un changement profond », a ajouté M. Macron : « J’aurai des discussions dans les prochains jours, également avec les Iraniens, et nous devons collectivement en tirer les conséquences ».

« Ce que le président Rohani a annoncé n’est pas acceptable », a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas lors d’une conférence de presse à Berlin.

Il a appelé « l’Iran à revenir sur toutes les mesures qu’il a prises depuis juillet et à respecter à nouveau pleinement ses engagements » internationaux.

Washington, qui mène contre Téhéran une politique de « pression maximale » destinée à contraindre la République islamique à conclure un nouvel accord encadrant son programme nucléaire avec de « meilleures garanties », a réagi à la remise en route des centrifugeuses de Fordo en accusant l’Iran de poursuivre son « chantage nucléaire ».

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