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Iran: Trump accuse de « terrorisme » les Gardiens de la Révolution et augmente la pression

Les Etats-Unis ont placé lundi les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime iranien, sur leur liste noire des…

Les Etats-Unis ont placé lundi les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime iranien, sur leur liste noire des « organisations terroristes étrangères », un geste « sans précédent » pour accroître leur campagne de pression qui n’a pas réussi pour l’instant à faire fléchir Téhéran.

C’est « la première fois » qu’une organisation « faisant partie d’un gouvernement étranger » est ainsi visée, a déclaré Donald Trump dans un communiqué au sujet de cette décision qui sera effective le 15 avril.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif a aussitôt appelé son gouvernement à classer en représailles les forces américaines au Moyen-Orient sur sa propre liste des groupes « terroristes ».

L’Iran figure déjà depuis 1984 sur la liste américaine très restreinte des « Etats soutenant le terrorisme », avec la Corée du Nord, le Soudan et la Syrie. L’idée de mettre plus clairement à l’index les « Pasdaran », armée spéciale créée en 1979 dans le but de protéger la Révolution islamique iranienne des menaces étrangères et intérieures, planait depuis l’arrivée du milliardaire républicain à la Maison Blanche.

Selon le président des Etats-Unis, cette annonce « est une reconnaissance du fait que l’Iran n’est pas seulement un Etat soutenant le terrorisme, mais que les Gardiens participent activement, financent, et promeuvent le terrorisme ».

La force Qods est également placée sur la liste noire des « organisations terroristes ». Cette unité d’élite des « Gardiens » est leur branche extérieure qui soutient les forces alliées de l’Iran au Moyen-Orient, comme les troupes du président syrien Bachar al-Assad ou le Hezbollah au Liban.

Son chef, Ghassem Soleimani, est régulièrement dépeint par l’administration américaine comme l’un des principaux responsables de la « déstabilisation » de la région qu’elle reproche à l’Iran.

Depuis deux ans, Donald Trump a clairement fait du régime de Téhéran son ennemi numéro un.

Première conséquence spectaculaire de ce changement de cap, il a retiré en mai 2018 les Etats-Unis de l’accord international de 2015 censé empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, signé par le gouvernement de son prédécesseur démocrate Barack Obama mais jugé trop laxiste par l’homme d’affaires républicain.

Dans la foulée, Washington a rétabli toutes les sanctions levées en échange de l’engagement nucléaire iranien, et a promis une « pression maximale » avec des mesures punitives « les plus fortes de l’histoire ».

– Netanyahu remercie Trump –

Tout en assurant que l’objectif n’était pas un changement de régime mais « un changement de comportement » de la part des autorités iraniennes, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait alors énoncé une liste de 12 conditions draconiennes pour relâcher la pression et conclure un « accord global » avec Téhéran.

Mais pour l’instant, même si les sanctions économiques nuisent à l’économie iranienne, les deux pays ennemis campent sur leurs positions. Les Etats-Unis tentent de forger une « coalition » anti-iranienne, mais avec des résultats mitigés, les Européens étant toujours furieux du retrait américain de l’accord nucléaire.

Seuls certains pays arabes du Golfe, comme l’Arabie saoudite, et Israël sont totalement derrière la démarche américaine. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à la veille d’élections législatives délicates, a remercié lundi son « cher ami » Donald Trump d' »avoir répondu positivement » à sa « demande ».

Face à cette impasse, l’administration américaine espère que la mise à l’index des « Pasdaran » augmente « significativement l’échelle et la portée » de leur « pression maximale contre le régime iranien ».

« Si vous faites affaire avec les Gardiens de la révolution, vous financez le terrorisme », a prévenu le président des Etats-Unis.

Son chef de la diplomatie Mike Pompeo a ainsi appelé toutes les « entreprises et banques à travers le monde » à couper tout lien financier » avec l’armée idéologique, tandis que ses conseillers ont expliqué que l’objectif était de rendre « radioactifs » les Gardiens de la révolution, qualifiés de « mafia » adepte du « racket ».

Concrètement, tout soutien matériel à cette unité gouvernementale iranienne sera considéré comme un crime fédéral.

Pour Mark Dubowitz, du cercle de réflexion Foundation for Defense of Democracies qui porte une ligne dure contre l’Iran, « le gouvernement américain peut désormais vraiment mettre toute sa puissance économique, judiciaire et politique à contribution pour punir » l’Iran.

Mais d’autres, comme l’ex-diplomate Richard Nephew, estiment que cette mesure est avant tout symbolique, étant données les nombreuses sanctions déjà en vigueur. « Les risques sont élevés que cela ne fasse que contribuer à une situation vraiment dangereuse, surtout pour nos militaires dans la région », a-t-il prévenu.

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