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Israël autorise la visite de l’élue américaine Rashida Tlaib pour motif humanitaire

Israël va finalement autoriser l'entrée sur son territoire à l'élue démocrate américaine d'origine palestinienne Rashida Tlaib, mais uniquement pour rendre…

Israël va finalement autoriser l’entrée sur son territoire à l’élue démocrate américaine d’origine palestinienne Rashida Tlaib, mais uniquement pour rendre visite à sa famille, après lui avoir refusé l’accès en raison de son soutien à la campagne de boycott de l’Etat hébreu.

A la suite d’appel du président américain Donald Trump, Israël avait annoncé jeudi avoir interdit la visite de Mme Tlaib et d’une autre élue américaine Ilhan Omar en raison de leur soutien au mouvement de boycott.

Mais dans la nuit, Rashida Tlaib, première élue au Congrès américain d’origine palestinienne, a écrit aux autorités israéliennes pour leur demander de pouvoir visiter sa famille, et plus particulièrement sa grand-mère, qui vit dans le village de Beit Ur al-Fauqa, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

« Il pourrait s’agir de ma dernière chance de pouvoir lui rendre visite », a fait valoir l’élue américaine dans sa lettre mise en ligne. « Je m’engage à respecter toutes les restrictions et à ne pas faire la promotion du boycott d’Israël durant ma visite », poursuit le court texte en anglais.

Vendredi, le ministre israélien de l’Intérieur Arié Dery a décidé d’autoriser l’entrée de Mme Tlaib « pour une visite humanitaire à sa grande-mère », Muftia. Rashida Tlaib a aussi « promis de ne pas promouvoir la cause du boycott contre Israël durant son séjour », a souligné le ministre dans un communiqué en hébreu.

– « Ennemies » –

Si les Etats-Unis sont un allié historique d’Israël, Rashida Tlaib, et sa comparse Ilhan Omar, sont considérées par plusieurs comme des « ennemies » de l’Etat hébreu car militant pour la campagne BDS qui prône le boycott d’Israël pour la colonisation des Territoires palestiniens.

Or, depuis 2017, une loi israélienne permet aux autorités d’interdire l’entrée aux partisans du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) qui appelle au boycott économique, culturel ou scientifique d’Israël afin de protester contre l’occupation des Territoires palestiniens.

Si la colonisation par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est annexée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son allié à Washington, Donald Trump.

Aujourd’hui, plus de 600.000 personnes vivent dans les colonies juives, jugées contraires au droit international, et mènent une coexistence souvent conflictuelle avec près de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

– Questions et indignation –

Le refus jeudi par Israël d’autoriser Mme Tlaib et Ilhan, des adversaires politiques de M. Trump, à entrer sur son territoire a suscité des réactions d’indignation côté palestinien et soulevé aussi côté israélien un débat sur la proximité entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu.

« Un Etat qui n’a rien à cacher ne penserait pas à empêcher la venue de deux membres du Congrès. Il s’agit encore d’une tentative désespérée de cacher la réalité au monde », a réagi Ayman Odeh, député arabe israélien élu à la Knesset.

Si une partie de la presse israélienne a défendu la décision de M. Netanyahu de barrer la route aux deux élues, nombre de commentateurs lui ont reproché d’avoir cédé au chant des sirènes de Trump plutôt que de défendre les intérêts fondamentaux d’Israël, allié historique des Etats-Unis.

« Après de nombreux zigzags entre ce qui est bon pour Israël et ce qui est bon pour Trump, Netanyahu a choisi Trump », a noté l’analyste Shimrit Meir dans les pages du quotidien Yediot Aharonot, plus grand tirage de la presse israélienne.

Interdire l’entrée sur son sol aux deux élues revient en fait à publiciser leur cause, selon des analystes, notant la popularité du hashtag #BDS jeudi sur les médias sociaux.

« Cela leur permet de passer pour des martyrs… Israël leur permet de toucher un nouveau public qui se demandera pourquoi on leur a barré la route. Grâce à notre générosité, elles ont reçu de la publicité gratuitement », écrit dans le Maariv Ben Caspit, auteur d’une biographie de Benjamin Netanyahu.

Dans le village familial de Rashida Tlaib, sa grand-mère Muftia avait dit l’attendre. « Je la vois arriver au village en tunique traditionnelle », a-t-elle confié à l’AFP, impatiente de retrouver sa petite-fille.

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