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Israël: Lieberman, un chantre de la manière forte à l’épreuve de Gaza

Avigdor Lieberman, qui a démissionné mercredi de son poste de ministre de la Défense après des semaines de désaccord de…

Avigdor Lieberman, qui a démissionné mercredi de son poste de ministre de la Défense après des semaines de désaccord de plus en plus patent sur Gaza avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, est un vétéran et un chantre de la manière forte, connu pour son populisme belliqueux.

Alors que M. Netanyahu avait rappelé tardivement cet ancien videur, en mai 2016, pour élargir sa majorité, son départ intervient dans un climat pré-électoral de plus en plus marqué: des élections avant l’échéance de novembre 2019 sont dans l’air, et Israël Beiteinou, le petit parti dirigé par M. Lieberman, a des raisons de s’inquiéter pour sa survie au Parlement, où il détient cinq sièges.

Un an après l’installation de son gouvernement, Benjamin Netanyahu avait poussé Moshé Yaalon à une démission fracassante afin d’offrir le poste stratégique de ministre de la Défense à cette figure éminente de la politique.

Il s’agissait alors d’asseoir plus solidement, grâce aux sièges d’Israël Beiteinou, la coalition qui, avec une voix de majorité, était à la merci de la moindre défection.

En la personne d’Avigdor Lieberman, qui avait résisté aux avances de M. Netanyahu un an plus tôt, le Premier ministre s’adjoignait un vétéran en politique précédé par ses diatribes anti-arabes et son populisme belliqueux.

– « Décapiter à la hache » –

Le président palestinien Mahmoud Abbas est un « terroriste diplomate », avait-il proclamé en 2014. Quant aux Arabes israéliens déloyaux envers Israël, ils « méritent de se faire décapiter à la hache », estimait-il l’année suivante.

La même année, ce personnage râblé à petite barbe blanche se mettait dans la peau du Premier ministre –qu’il traitera par la suite de « crapule »– en affirmant qu’il dirait au dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh: « Si vous ne restituez pas sous 48 heures les corps des soldats (israéliens tués pendant la guerre de 2014), on vous élimine, vous et toute la direction du Hamas ».

Sa nomination à la Défense en 2016 avait provoqué les réactions hostiles des Palestiniens.

Comme largement anticipé, il a fait preuve dans l’exercice de ses fonctions d’un pragmatisme rompant avec ses postures de personnage de l’opposition.

Sans être hostile à la création d’un Etat palestinien, M. Lieberman a défendu un échange de territoires qui ferait passer sous administration palestinienne une partie de la minorité arabe d’Israël en échange des colonies de Cisjordanie, idée inacceptable pour les Palestiniens.

– « Tsar », « Raspoutine », « KGB » –

M. Lieberman n’est pas un partisan du « Grand Israël », défendu par le lobby des colons, mais vit à Nokdim, une colonie juive près de Bethléem, en Cisjordanie occupée.

Il s’est dit prêt à déménager en cas de paix avec les Palestiniens même s’il juge cette perspective irréaliste.

Né dans la république soviétique de Moldavie, M. Lieberman, 60 ans, a émigré en 1978 en Israël, où il a travaillé un temps comme videur de boîte de nuit, durant ses études.

Les médias l’ont affublé des surnoms de « tsar », de « Raspoutine » et de « KGB », en allusion à son comportement autoritaire et à ses origines, dont son verbe lent en hébreu conserve un lourd accent.

En 1999, il créé son propre parti, à la droite de la droite, Israël Beiteinou, capitalisant sur le vote du million d’Israéliens émigrés de l’ex-URSS, une base électorale qu’il a ensuite considérablement élargie.

Son exigence centrale pour entrer au gouvernement portait sur les retraites de ces immigrés et la prise en compte des années travaillées en ex-URSS.

Nationaliste mais résolument laïc, il réclame la création d’une forme de mariage civil qui n’existe pas en Israël. Il défend le service militaire pour les étudiants d’instituts talmudiques ultra-orthodoxes qui bénéficient d’exemptions, sujet central au sein de la coalition, où les partis ultra-orthodoxes ont une place prépondérante.

Diplômé en relations internationales, il a fait son service militaire en Israël après avoir immigré. Mais la seule balle qui ait jamais sifflé à ses oreilles est une balle de tennis, persifle-t-on dans le camp de M. Netanyahu quand M. Lieberman pousse –comme souvent– loin la critique.

Au Likoud, dont il a gravi les échelons jusqu’à devenir directeur de cabinet de M. Netanyahu lors de son premier mandat (1996-1999), il fut le mentor de « Bibi », qui lui doit en partie son ascension.

Après 2001, il a détenu différents portefeuilles, dont celui des Affaires étrangères de M. Netanyahu (2009-2012 et 2013-2015).

Son image a été entachée par des affaires de corruption qui l’ont obligé à quitter les Affaires étrangères entre 2012 et 2013 mais il a été innocenté lors de son procès en 2013.

Il est marié et père de trois enfants.

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