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Italie-France: une relation à reconstruire par la nouvelle coalition italienne

L'un des chantiers qui attendent le nouveau gouvernement italien sur la scène internationale sera d'assainir la relation avec la France,…

L’un des chantiers qui attendent le nouveau gouvernement italien sur la scène internationale sera d’assainir la relation avec la France, sérieusement dégradée par les attaques de la coalition formée par le parti souverainiste de La Ligue et les anti-système du Mouvement 5 Étoiles.

En 14 mois passés au pouvoir, les patrons des deux partis, Matteo Salvini (Ligue) et Luigi Di Maio (M5S), tous deux vice-Premiers ministres du gouvernement populiste, ont multiplié attaques et invectives contre Paris.

Cible privilégiée de M. Salvini, le président français Emmanuel Macron avait été notamment fustigé par le tonitruant ex-ministre de l’Intérieur pour de l' »arrogance » et « hypocrisie » en matière d’immigration.

Le chef de la Ligue (extrême-droite), fer de lance d’une politique anti-migrants intransigeante, dénonçait le fait que M. Macron se pose en défenseur des droits de l’homme tout en refoulant vers l’Italie les migrants arrivant dans la ville-frontière de Vintimille.

De son côté, Luigi Di Maio, alors titulaire du portefeuille du Développement économique, n’avait pas été en reste en matière d’amabilités, accusant la France « d’appauvrir l’Afrique » en se servant du franc CFA pour poursuivre « son œuvre colonisatrice ».

Le jeune dirigeant de 33 ans dépourvu de diplôme universitaire avait même provoqué une grave crise diplomatique en février lorsqu’il était allé rencontrer en France quelques représentants mineurs des « gilets jaunes », un mouvement de protestation sociale émaillé de violences.

Un rendez-vous en catimini qualifié de « provocation inacceptable » par le Quai d’Orsay qui, ulcéré par cette énième provocation, avait décidé de rappeler pour quelques jours son ambassadeur, une première depuis 1940.

Après des mois de tensions entre les deux capitales, la nomination du même Luigi Di Maio à la tête de la diplomatie italienne, pour représenter une coalition rassemblant le M5S et les sociaux-démocrates, apparaît incongrue puisqu’il sera en première ligne pour œuvrer à la réconciliation.

« Il ne semble avoir ni la compétence, ni la vocation pour les relations internationales donc, la meilleure chose qu’il puisse faire, est de se laisser guider par les diplomates qui vont l’entourer », explique à l’AFP Giampiero Gramaglia, spécialiste des questions européennes à l’Institut pour les Affaires internationales de Rome (IAI).

– « Choix insolite » –

Pour cet expert, l’important c’est que « les relations de l’Italie en Europe ont été confiées à une série de personnes compétentes et crédibles auprès des institutions communautaires, comme le ministre de l’Economie (Roberto Gualtieri, membre du Parti démocrate) ou celui des Affaires européennes (Enzo Amendola, également du PD) qui feront office de ceinture de sécurité autour de M. Di Maio », analyse-t-il.

Nombreux sont les commentateurs qui pointent du doigt l’inexpérience du néo-diplomate et sa méconnaissance des langues étrangères.

Des faiblesses relevées, entre autres, par l’agence de presse chinoise Xinhua, qui a ironiquement qualifié cette nomination de « choix insolite », ou par l’Institut italien pour les études de politiques internationales(Ispi).

Ce dernier prédit de « probables rapports difficiles avec la France de Macron, après l’épisode des gilets jaunes, ou l’Amérique de (Donald) Trump », après la signature par Rome au printemps d’un accord préliminaire avec Pékin dans le cadre du méga-projet des « Routes de la soie » (réseau maritime et ferroviaire entre l’Europe et la Chine).

Les observateurs les plus indulgents avec le jeune patron des Cinq Etoiles se limitent à estimer qu’il sera jugé selon ses actes.

« L’une des premières mesures que prendra Luigi Di Maio vis-à-vis de la France sera sans doute de reprogrammer un sommet bilatéral », rendez-vous annuel initié en 1983 mais qui n’avait pas été mis à l’agenda l’an passé pour cause de tensions entre les deux pays, explique à l’AFP Jean-Pierre Darnis, maître de conférence à l’université de Nice.

« La nomination de M. Di Maio est aussi un moyen pour lui de conserver une position prestigieuse dans l’ordre protocolaire bien qu’il sorte affaibli de la crise après avoir dû abandonner son poste de vice-Premier ministre », condition imposée par le nouvel allié de gauche pour permettre l’éclosion de la nouvelle majorité, précise ce spécialiste des relations franco-italiennes.

Selon cet expert, les discussions en cours au parlement de Strasbourg pour permettre aux 14 députés Cinq Etoiles d’intégrer le nouveau groupe « Renew Europe » – l’ancienne Alliance des démocrates et des libéraux (Alde) dont font partie les députés macronistes -, devrait aussi être un facteur d’apaisement.

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