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Italie: le patron des autoroutes relaxé après un accident de car meurtrier

Le patron de la société italienne d'autoroutes Autostrade per l'Italia (Aspi), Giovanni Castellucci, a été relaxé vendredi dans le procès…

Le patron de la société italienne d’autoroutes Autostrade per l’Italia (Aspi), Giovanni Castellucci, a été relaxé vendredi dans le procès d’un accident de car ayant fait 40 morts en 2013.

Le procureur du tribunal d’Avellino (sud), où se déroule le procès, avait requis dix ans de prison à l’encontre de M. Castellucci, 59 ans, qui est aussi mis en cause dans l’enquête sur l’effondrement du viaduc autoroutier de Gênes (nord-ouest) qui avait fait 43 morts en août 2018.

« Honte! Ce n’est pas la justice! », « Castellucci est un assassin », « Vendus! » ont crié les proches des victimes à l’énoncé du verdict, ont rapporté les agences de presse italiennes.

Le 28 juillet 2013 au soir, près d’Avellino, une cinquantaine de personnes originaires de la région de Naples rentraient de trois jours de pèlerinage sur les pas de Padre Pio, un saint très populaire dans le sud de l’Italie, quand les freins de leur car, qui venait de perdre une pièce, ont cédé au début d’une longue descente.

Incontrôlable, le car a parcouru environ un kilomètre en zigzags, percutant plus d’une dizaine de véhicules au passage, avant de tenter de ralentir sur la bande d’arrêt d’urgence le long du rail de sécurité d’un viaduc.

Mais le rail a cédé, et après être resté suspendu quelques secondes, le car a basculé et plongé dans des broussailles environ 30 mètres plus bas: 38 personnes étaient mortes sur le coup, deux autres avaient succombé à leurs blessures les jours suivants.

Seuls une dizaine de passagers, dont trois enfants, avaient survécu.

A l’issue de près de deux ans et demi de procès contre une quinzaine de prévenus, la peine la plus lourde a été infligée vendredi à Gennaro Lametta, propriétaire du car et responsable de l’agence de transports.

– Viaduc de Gênes –

Également frère du chauffeur mort dans l’accident, il a été condamné à 12 ans de prison, dans la mesure où la cause initiale de l’accident est liée à un mauvais fonctionnement — et un mauvais entretien — des freins.

Une fonctionnaire ayant falsifié le certificat de contrôle technique du car a été condamné à 8 ans de prison, et six anciens responsables du tronçon autoroutier ont écopé de peines de 5 à 6 ans de prison.

Ces derniers ont été jugés responsables de n’avoir pas maintenu dans de bonnes conditions le rail de sécurité. Sa base aurait souffert de la corrosion due au sel jeté sur la chaussée pour éviter le verglas pendant l’hiver.

Le parquet avait requis 10 ans de prison contre eux mais aussi contre six plus hauts responsables d’Aspi, dont M. Castellucci, estimant que l’ensemble de la société autoroutière était responsable.

L’avocat d’Aspi, Giorgio Perroni, avait estimé que l’effondrement du pont autoroutier de Gênes, lui aussi sous concession à Aspi, avait « certainement pesé » sur ce réquisitoire.

Une vingtaine de personnes physiques et morales, dont Aspi, M. Castellucci et sept autres responsables de la société autoroutière, sont mises en cause dans l’enquête sur ce nouveau drame, qui a détrôné celui d’Avellino en tête des accidents routiers les plus meurtriers en Italie.

L’effondrement du viaduc de Gênes a provoqué une chute du cours de l’action Atlantis, dont Aspi est une filiale, et représenté un cauchemar de relations publiques pour M. Castellucci.

Quand l’architecte génois Renzo Piano a présenté à la presse son projet de nouveau pont moins d’un mois après le drame, M. Castellucci, dans l’enthousiasme, a involontairement cassé la maquette sous les flashes des caméras.

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