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Italie : Luigi di Maio, du triomphe électoral à l’échec gouvernemental

Luigi Di Maio, 33 ans, l'ambitieux chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), a réussi à porter son parti au…

Luigi Di Maio, 33 ans, l’ambitieux chef du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), a réussi à porter son parti au pouvoir, mais au prix d’une alliance avec l’extrême droite qui l’a obligé à renier une à une ses promesses.

Ayant fait du M5S le premier parti du pays avec plus de 32% des voix aux législatives de mars 2018, il a établi « un contrat de gouvernement » avec Matteo Salvini, acceptant de le traiter d’égal à égal alors que la Ligue n’avait recueilli que 17% des voix.

Costume toujours impeccable, sourire accroché aux lèvres et ton posé, Luigi Di Maio a réussi le tour de force de faire oublier les vociférations légendaires du fondateur du M5S, le comique Beppe Grillo.

Agé de 71 ans, ce dernier avait choisi de prendre ses distances avec un M5S devenu « mature », et sans vraiment laisser les clés il a cédé le devant de la scène politique à Luigi Di Maio, alors populaire parmi les militants, désigné en septembre 2017 « chef politique » du mouvement pour mener la campagne des législatives.

C’est donc le fringant dauphin qui, pendant une campagne où il a sillonné la péninsule, a essuyé les coups de ses adversaires expérimentés, de Silvio Berlusconi (droite) à Matteo Renzi (centre gauche) en passant par Matteo Salvini.

Souvent taxé par ses opposants d’inexpérience, voire d’incompétence, en raison de son jeune âge et d’un CV plutôt mince, il a pourtant rassemblé sur son nom quelque 11 millions d’électeurs.

« Di Maio a été créé pour être modéré, rassurant pour les mamans », écrit le journaliste Jacopo Iacoboni dans un livre sur le jeune leader.

Fils d’un ex-dirigeant du Mouvement social italien, parti néo-fasciste aujourd’hui dissous, Luigi Di Maio réfute le terme de populiste, qu’il juge péjoratif, pour qualifier le M5S, et ne veut pas d’une Italie extrémiste ou anti-européenne.

– « L’autre là » –

Entré au mouvement en 2007, le jeune homme en a rapidement gravi les échelons. Après un échec aux municipales de 2010 dans sa ville natale de Campanie, il est devenu député et vice-président de l’assemblée en 2013 : il est le plus jeune à avoir occupé ce poste dans l’histoire de la République.

Il est celui qui a assagi la doctrine du M55 sur la sortie de l’euro ou le veto sur les alliances avec d’autres partis, jusqu’à arriver au pouvoir.

Chef politique du M5S, vice-Premier ministre et ministre du Développement économique et de l’Emploi, Luigi Di Maio a eu une fâcheuse tendance à concentrer le pouvoir entre ses mains.

Cela ne posait aucun problème avec 32% de votes mais quand les échecs électoraux ont commencé à se succéder, pour aboutir aux 17% de voix seulement aux européennes de mai, les contestations à l’intérieur du M5S se sont multipliées.

D’autant que dans le même temps, son allié lui faisait avaler couleuvre après couleuvre.

Né en 2009 du rejet des petits arrangements de la vieille classe politique, le M5S a ainsi dû se résoudre à voter l’immunité parlementaire pour stopper des poursuites pour séquestration de migrants contre Matteo Salvini.

Il s’est aussi vu imposer moult conditions au « revenu de citoyenneté », sa mesure phare, et n’a pas pu bloquer les grands travaux dont il avait promis l’arrêt immédiat, à commencer par la liaison ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin.

Luigi Di Maio en a parfois perdu son calme pourtant réputé à toute épreuve, allant jusqu’à se plaindre récemment auprès d’élus du M5S que « l’autre là » bloquait toutes ses réformes. « Je m’appelle Matteo », a froidement répliqué M. Slavini.

Face à ce tribun lombard devenu un phénomène sur les réseaux sociaux, le jeune Napolitain a fait pâle figure, du haut de ses études de droit vite abandonnées et d’une expérience professionnelle limitée : administrateur d’un site web, assistant réalisateur et stadier.

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