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Italie: Salvini et Conte s’affrontent avant le vote de confiance au Sénat

L'ancien homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini et le Premier ministre Giuseppe Conte, reconduit à la tête d'une nouvelle…

L’ancien homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini et le Premier ministre Giuseppe Conte, reconduit à la tête d’une nouvelle majorité sans La Ligue de Salvini, se sont vivement affrontés mardi pendant le débat au Sénat précédant le vote de confiance.

Au cours de son intervention dans l’après-midi, le chef de la Ligue (extrême-droite) a attaqué durement M. Conte, l’accusant « d’être cloué à son fauteuil » de chef du gouvernement « comme une vieille momie de la première république », celle où la Démocratie chrétienne régnait en maître dans l’après-guerre.

« Vous êtes la minorité dans le pays (…) vous pouvez fuir pendant quelques mois, mais pas à l’infini », a-t-il poursuivi en évoquant les élections régionales qui auront lieu dans les prochains mois en Italie.

M. Conte a été renouvelé la semaine passée dans ses fonctions à la tête d’une majorité rassemblant le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) et le Parti démocrate (première force de gauche) et a composé un gouvernement pro-européen et penchant à gauche.

M. Salvini en veut au Premier ministre d’être resté à son poste en dépit de l’éclatement de la coalition entre le M5S et la Ligue qu’il a provoqué le 8 août en réclamant des élections anticipées à l’automne. A ce moment-là, la Ligue était créditée de 36 à 38% des intentions de vote, elle est tombée aux alentours de 31/32%.

M. Conte, un avocat, au ton modéré et à la voix calme, avait été choisi en juin 2018 par le M5S, un mouvement fondé sur le rejet de la vieille classe politique, qui est le premier parti au parlement italien depuis les législatives du printemps 2018.

Sous les applaudissements de ses troupes, Matteo Salvini a mêlé les attaques personnelles contre M. Conte, en évoquant un CV « enjolivé » par ce dernier, aux critiques sur la politique qu’il propose de mettre en oeuvre.

« Si quelqu’un ne veut pas aller aux élections, cela signifie qu’il a mauvaise conscience. Pour vous l’important c’est de stopper (l’ascension de) la Ligue, pour nous c’est de faire repartir le pays », a lancé M. Salvini.

Sans jamais nommer le Lombard, M. Conte a dénoncé dans sa réplique « l’arrogance de celui qui réclamait les pleins pouvoirs », comme le dictateur Benito Mussolini. Au moment de sa rupture avec le M5S, M. Salvini avait exigé un retour aux urnes, afin d’avoir « les pleins pouvoirs » pour diriger l’Italie.

– « se déresponsabiliser à vie » –

Rejeter la faute des problèmes sur les autres, comme la sortie du gouvernement sans avoir obtenu des élections comme souhaité, « c’est se déresponsabiliser à vie », a ajouté malicieusement M. Conte.

Les sénateurs italiens débattent toute la journée du programme du nouveau gouvernement de Giuseppe Conte et termineront la journée par un vote de confiance, dernier feu vert dont a besoin le nouvel exécutif.

Le gouvernement Conte 2 a obtenu lundi soir la confiance des députés avec une large majorité (343 oui contre 263 non).

La situation est un peu plus compliquée au Sénat où le gouvernement dispose d’une majorité plus étriquée (une dizaine de voix de plus que la majorité absolue), même si pour les observateurs il n’y a aucun doute sur le succès de cette étape.

Après un débat à la chambre qui s’est déroulé dans une atmosphère de match de foot avec des cris et huées de ses opposants, principalement les élus de la Ligue, au Sénat, la situation n’était pas fondamentalement différente.

M. Conte a été accueilli aux cris de « dignité » et « traître » provenant des bancs de la Ligue et de Frères d’Italie (FDI) un petit parti d’extrême droite proche de la formation de M. Salvini.

Ces deux partis avaient organisé lundi une manifestation contre le gouvernement qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes, près du parlement, dont un bon nombre appartenant à des groupuscules néo-fascistes.

Dans son discours programmatique de lundi, M. Conte a promis d’engager l’Italie dans « une nouvelle ère réformatrice », pour relancer l’économie, la natalité, les infrastructures et l’innovation, tout en réclamant à l’Europe plus de souplesse en matière de budget et de solidarité pour gérer les flux migratoires.

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