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Ivanka Trump annonce l’arrêt de sa marque, devenue une cible

Ivanka Trump a annoncé mardi qu'elle allait mettre fin aux activités de sa marque de vêtements, chaussures et accessoires, dont…

Ivanka Trump a annoncé mardi qu’elle allait mettre fin aux activités de sa marque de vêtements, chaussures et accessoires, dont elle avait limité le développement pour éviter des conflits d’intérêt avec sa fonction de conseillère à la Maison Blanche.

Après avoir connu une forte hausse de ses ventes en 2016 à la faveur de la campagne présidentielle, la marque avait subi le contrecoup de l’élection de Donald Trump, plusieurs chaînes de magasins décidant notamment de la déréférencer.

« Après 17 mois à Washington, je ne sais pas si je reprendrai un jour cette activité, mais je sais que jusqu’à nouvel ordre, mon attention se porte sur ce que je fais ici », a expliqué Ivanka Trump dans une déclaration transmise à l’AFP.

« Cette décision est la seule voie juste pour mon équipe et mes associés », a-t-elle ajouté. Les 18 employés de la société vont être licenciés.

Lancée sous sa forme actuelle en 2014, la marque bénéficiait d’un partenariat avec le groupe G-III Apparel Group, qui fabriquait et distribuait vêtements et accessoires.

Positionnée sur le segment de moyenne gamme, à des prix abordables, elle avait réalisé un chiffre d’affaires de 47,3 millions de dollars lors de l’exercice 2016/17, clos fin janvier 2017, en hausse de 61%, selon des chiffres publiés par G-III.

Après l’élection de son père et sa nomination comme conseillère à la Maison Blanche, cette mère de trois enfants avait conservé sa participation majoritaire dans la marque mais l’avait versée dans un trust afin de minimiser les risques de conflits d’intérêt.

Une source proche de la marque a rappelé qu’après la création du trust, la société avait travaillé avec un spécialiste pour s’assurer qu’elle respectait bien les recommandations du Bureau pour l’éthique gouvernementale (OGE) et avait « pris des mesures qui allaient au-delà des dispositions légales ».

Plusieurs élus du Congrès se sont pourtant régulièrement inquiétés des risques de conflits d’intérêt que posait la participation d’Ivanka Trump dans sa société.

Après avoir été alertée par la Commission des Lois de la Chambre des représentants, la marque avait renoncé, en 2017, à un partenariat avec le groupe textile japonais Sanei, dont l’un des actionnaires était, indirectement, l’Etat japonais.

Fin mai 2018, l’association américaine anti-corruption Citizens for Responsability and Ethics in Washington (Crew) avait relevé que la société Ivanka Trump s’était vu accorder l’enregistrement de marque par la Chine quelques jours avant que Donald Trump ne lâche du lest sur le dossier de l’équipementier télécoms chinois ZTE.

– Une image abîmée –

De manière générale, les activités de la marque à l’étranger étaient suivies de près et souvent soupçonnées de bénéficier de l’influence du clan Trump.

En mai 2017, trois militants chinois avaient été interpellés en Chine alors qu’ils enquêtaient dans des usines produisant des chaussures pour la ligne Ivanka Trump. Détenus durant plusieurs semaines, ils avaient été relâchés fin juin 2017.

Après avoir un temps incarné la voix de la raison dans le clan Trump, à même de pousser son père à modérer sa position sur certains dossiers, elle a vu son image se détériorer, critiquée pour son inaction et son manque d’impact sur l’administration Trump.

Depuis l’investiture de Donald Trump, plusieurs chaînes de magasins, notamment Nordstrom et Neiman Marcus aux Etats-Unis et Hudson Bay au Canada, avaient choisi de ne plus vendre d’articles portant le nom de la fille du président des Etats-Unis.

La décision d’arrêter ses activités « n’a rien à voir avec les performances de la marque et est uniquement liée à la décision d’Ivanka de rester à Washington jusqu’à nouvel ordre », a indiqué une source proche de la marque.

« La structure de la marque était construite sur un modèle de croissance », a néanmoins ajouté cette source. Le départ de la fondatrice pour Washington et les restrictions imposées à la marque pour éviter des conflits d’intérêt « ont limité sa capacité à croître, aux Etats-Unis ou à l’étranger », rendant son développement difficile.

« Les perceptions de la marque sont désormais très polarisées et elle est devenue un paratonnerre pour la contestation et le boycott », a estimé Neil Saunders, directeur du cabinet GlobalData Retail.

« Même si la société est toujours viable », a-t-il ajouté, « la poursuite de ses affaires est devenue beaucoup plus compliquée et ces problèmes ne seraient allés que croissant ».

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