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Japon: Abe, le nationaliste convaincu contre Ishiba, l’expert militaire

Premier ministre depuis fin 2012, le nationaliste Shinzo Abe affronte un seul candidat lors de l'élection du président du Parti…

Premier ministre depuis fin 2012, le nationaliste Shinzo Abe affronte un seul candidat lors de l’élection du président du Parti libéral démocrate: Shigeru Ishiba, expert militaire, plusieurs fois ministre, un des rares qui osent dans son camp critiquer le très actif chef du gouvernement.

Face à « Abe tout puissant », expression employée par l’opposition et une partie des médias, M. Ishiba, né le 4 février 1957, se pose en homme calme et pédagogue.

Originaire de la préfecture rurale de Tottori et diplômé de droit, il a débuté sa carrière comme employé de banque. Son entrée en politique date de 1986 quand il est élu député, un fauteuil qu’il n’a pas perdu depuis.

Il a occupé plusieurs postes clés au sein du gouvernement à la fin des années 2000, en tant que ministre de la Défense puis ministre de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche. Il est revenu aux affaires sous Abe au poste de la revitalisation des régions, un sujet qu’il a placé au coeur de sa campagne actuelle.

Contre la stratégie « abenomics » (souplesse monétaire, largesses budgétaires, réformes structurelles) de son adversaire, qui devait vaincre la déflation en deux ans, mais en est encore loin, M. Ishiba estime que le cercle économique vertueux que tous appellent de leurs voeux passe par le fait de redonner de l’entrain aux provinces.

M. Abe, né le 21 septembre 1954, lui, est l’héritier d’une dynastie politique: son grand-père Nobusuke Kishi a été Premier ministre dans les années 1950 et son père Shintaro a été ministre des Affaires étrangères au début des années 1980.

Elancé, M. Abe est un adepte du golf, tandis que le bien en chair Ishiba est un fan des groupes de jeunes chanteuses dont il n’hésite pas à reprendre les airs au karaoke.

– Réviser les principes nucléaires –

Au rang des points communs, tous deux sont considérés comme des faucons, d’accord pour réformer la Constitution, mais ils se distinguent sur la manière de faire.

Après avoir modéré ses ardeurs, Shinzo Abe promet de ne pas revenir sur l’engagement pacifiste de la charte fondamentale. Il compte bien cependant y inscrire noir sur blanc l’existence d’une armée nationale, les Forces d’autodéfense, placées sous la responsabilité du Premier ministre.

Le rêve de réforme constitutionnelle date du début du PLD, lorsqu’il fut créé en 1955. Cette ambition n’a jamais pu être concrétisée et la raison en est selon M. Abe que les conditions à remplir sont trop draconiennes: deux tiers des parlementaires de chaque assemblée d’accord, et plus de la moitié de la population interrogée par referendum.

Ayant bâti un pan de sa réputation sur sa fermeté à l’égard de la Corée du Nord, ce conservateur veut aussi un Japon capable de se défendre sans traîner indéfiniment le fardeau du repentir vis-à-vis de la Chine ou de la Corée du Sud.

Jusqu’où ne pas aller trop loin pour ne pas fâcher les Américains? Là est la limite de l’exercice.

M. Ishiba, lui, juge que mentionner l’existence d’une armée de fait « ne résout pas les problèmes de fond de cette Constitution », écrite par l’occupant américain après-guerre.

Il plaide pour expliquer clairement aux Japonais pourquoi la charte fondamentale, inchangée depuis 1947, doit être revue plus profondément, ce afin d’obtenir le nécessaire assentiment populaire « au terme d’un profond débat ».

Pour cet ancien ministre de la Défense, le Japon doit aussi réviser ses « trois principes nucléaires » qui précisent qu’il ne peut pas produire, posséder ou accepter sur son sol d’armements atomiques. S’il consent à conserver les deux premiers, le troisième doit être discuté car il est, selon lui, en contradiction avec le fait que le pays soit protégé par le « parapluie nucléaire » américain.

M. Ishiba affiche une passion non feinte pour l’armée, les technologies militaires. « Il est connaisseur, vraiment », confiait il y a quelques années à l’AFP le patron d’une entreprise d’équipements de défense.

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