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Jerry Nadler, procureur en destitution et adversaire de Trump depuis 35 ans

Des sept procureurs désignés pour mener le procès en destitution contre Donald Trump, il est sans doute celui qui connaît…

Des sept procureurs désignés pour mener le procès en destitution contre Donald Trump, il est sans doute celui qui connaît le mieux le président américain: l’élu démocrate new-yorkais Jerry Nadler croise le fer avec l’ex-magnat de l’immobilier depuis 35 ans.

En tant que président de la puissante commission judiciaire de la Chambre des représentants, l’élu de 72 ans connaît parfaitement l’affaire ukrainienne au coeur de ce procès: c’est lui qui a dirigé la rédaction des deux chefs d’accusation, pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès, retenus contre le président américain.

Spécialiste de droit constitutionnel, ce vétéran de la politique – son premier mandat remonte à 1976 – devrait étayer pour les sénateurs la base juridique du dossier constitué par les démocrates contre le président républicain, sous la houlette de son collègue Adam Schiff, nommé procureur en chef.

Ce procès est une consécration pour M. Nadler qui, en décembre 2017, briguait la présidence de la commission judiciaire en affirmant être « le plus fort » pour diriger une procédure de destitution.

M. Nadler, qui avait boudé la cérémonie d’investiture de Donald Trump en le jugeant « légalement élu, mais non légitime », a longtemps espéré que l’enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller déboucherait sur une procédure en destitution.

M. Mueller n’a pas conclu à un comportement illégal de M. Trump mais ce n’était que partie remise: en septembre, les démocrates du Congrès ont ouvert une enquête en destitution suite aux informations sur un coup de téléphone suggérant que M. Trump avait fait pression sur le président ukrainien pour qu’il enquête sur son rival démocrate Joe Biden.

– 1985, première bataille –

De tous les élus du Congrès, M. Nadler est l’un de ceux qui connaissent le mieux l’ex-magnat de l’immobilier et star de téléréalité.

La première bataille entre les deux New-Yorkais, nés à un an d’écart, remonte à 1985.

Donald Trump multipliait alors les projets immobiliers à Manhattan et Jerry Nadler représentait le quartier de l’Upper West Side, à l’ouest de l’île, au parlement de l’Etat de New York.

M. Nadler s’était alors opposé à un vaste projet incluant une tour de 150 étages, dénoncé par des riverains comme une hérésie pour ce quartier historique.

Donald Trump avait dû voir ses ambitions à la baisse. Mais une fois élu au Congrès en 1992, M. Nadler a fait supprimer des fonds fédéraux promis au promoteur immobilier pour ce projet.

Alors que M. Nadler lançait en avril dernier une enquête visant le président pour soupçons d’entrave à la justice et de corruption, M. Trump s’était remémoré publiquement cette première bataille, en assurant l’avoir gagnée.

« Jerry Nadler s’est battu contre moi pendant des années sur un grand ensemble immobilier que j’ai construit à l’ouest de Manhattan. Il voulait que soit construit un dépôt ferroviaire sous l’ensemble ou, mieux encore, tout bloquer. Mais il n’a obtenu aucun des deux, et le projet a été un grand succès », avait tweeté le président.

« Certaines choses ne s’arrêtent jamais mais on peut espérer que tout ira bien pour tout le monde. Seul l’avenir le dira », avait poursuivi M. Trump, en allusion à sa longue rivalité avec M. Nadler.

– « Jerry le Gros » –

Mais le président n’est pas toujours aussi magnanime envers ce vieil adversaire, très actif sur les droits humains ou la défense du droit à l’avortement.

Rarement en mal de surnoms désobligeants, Donald Trump continue à l’appeler en privé « Jerry le Gros », indiquait récemment le Washington Post.

Cela bien que l’élu démocrate, qui a souffert un temps d’obésité, ait perdu beaucoup de poids depuis qu’il a subi une opération de l’estomac au début des années 2000. Il a depuis changé radicalement d’alimentation et de mode de vie.

Leur rivalité notoire vaut à M. Nadler d’être souvent ciblé par les alliés du président.

Beaucoup de républicains ont volontiers rappelé récemment qu’il avait qualifié de « coup d’Etat partisan » et d' »infamie » la procédure en destitution intentée contre le démocrate Bill Clinton en 1998, qui s’était terminée par un acquittement.

Certains encouragent même le fils aîné du président, Donald Trump Junior, qui n’a pas exclu de briguer un mandat électif, à se présenter contre M. Nadler aux législatives de novembre prochain.

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