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Jimmie Åkesson, un nationaliste bon teint

Orateur habile au discours policé, le chef de l'extrême droite suédoise Jimmie Åkesson est parvenu au fil des années à…

Orateur habile au discours policé, le chef de l’extrême droite suédoise Jimmie Åkesson est parvenu au fil des années à élargir sa base électorale en soldant l’héritage néonazi de son parti.

Avec son visage poupon, le chef de file des Démocrates de Suède (SD) a un air de gendre idéal: cheveux impeccablement coiffés, allure décontractée. Accessible, il est parvenu à séduire un électorat bien au-delà des viviers traditionnels de la droite populiste.

A 39 ans, Jimmie Åkesson participe dimanche à ses quatrièmes élections à la tête des SD, dont il a pris les rênes en 2005.

Avec sa passion pour les romans policiers et des frites en garniture de sa pizza, il cultive une image de Monsieur Toulemonde, avec ses forces et ses faiblesses.

A la veille des élections de 2014, il avait reconnu une addiction aux jeux en ligne. Un mois après le vote, un burnout l’a tenu éloigné de la vie publique six mois.

« Il est perçu comme une personne ordinaire par certains qui voient les autres politiciens comme des acteurs ayant un rôle à jouer », a expliqué à l’AFP Karin Svanborg-Sjövall, responsable du think tank libéral Timbro.

Une vision que Lisa Pelling, analyste en chef au think tank Arena Idé (gauche), ne partage pas. Elle ne voit en lui qu' »un loup dans la bergerie »: un stratège adroit, qui ne craint pas de dire: « Je ne sais pas ».

Créé en 1988 sur les cendres du mouvement Bevara Sverige Svenskt (Gardons la Suède suédoise), le parti aux fondements nationalistes et anti-immigration a depuis pris ses distances avec les groupuscules racistes et violents, très actifs dans les années 1990.

Lors de la dernière semaine de campagne, il a dû exclure une dizaine de candidats investis pour les élections locales – qui ont lieu le même jour que les législatives – suite à des révélations dans la presse qu’ils avaient milité au Front national-socialiste (NSF) ou d’autres groupuscules néonazis.

– « Suédois sanguinaire » –

Lors de son élection en 2005 – à la faveur d’un compromis entre factions rivales, peu auraient parié qu’il ferait entrer cette très petite formation au Parlement. Mais dès 2010 les « Sverigedemokraterna » s’invitent au Riksdag en obtenant 5,7% des voix et 20 députés.

En septembre 2014, ils réalisent une nouvelle percée en devenant la troisième force du pays avec près de 13% des voix.

Dimanche, ils pourraient se retrouver derrière les sociaux-démocrates mais au coude-à-coude avec les conservateurs, selon les sondages qui donnent à son parti autour de 20%.

Né en 1979 à Sölvesborg (sud) où il est élu conseiller municipal à 19 ans, Jimmie Åkesson est le fils d’un entrepreneur et d’une aide-soignante.

Entré adolescent en politique, il choisit d’abord les Modérés (centre droit) mais est vite déçu par leur libéralisme économique et leur soutien à l’adhésion de la Suède à l’Union européenne (UE). Il a depuis fait de l’europhobie, de l’opposition à l’immigration et de la lutte contre la criminalité qui en découle, selon lui, des piliers de l’idéologie des SD.

En 2014, il confiait dans une interview télévisée se souvenir d’un incident dans son enfance qui l’a rendu « sceptique face à l’immigration » : de jeunes réfugiés l’ont poussé de son vélo et traité de « Suédois sanguinaire ».

– Swexit –

Nationaliste assumé, il est partisan d’une sortie de la Suède de l’UE, un « Swexit », et est favorable à la suppression de la double nationalité, excepté pour les citoyens nordiques.

Il considère les coutumes et traditions multiculturelles comme un obstacle à l’intégration. En 2009, il déclarait voir dans les musulmans la « plus grande menace étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale ».

La crise migratoire de 2014 et 2015 a constitué une chambre d’écho pour ses idées: la Suède à accueillir près de 250.000 demandeurs d’asile, plus que tout autre pays européen comparé à sa population de 10 millions.

Vendredi, il a provoqué un nouveau tollé lors d’un débat télévisé en déclarant que les étrangers avaient plus de mal à trouver du travail « car ils n’étaient pas Suédois ».

« Ils ne s’intègrent pas en Suède et forcément c’est dur de trouver un emploi », a-t-il affirmé.

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