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Joao Gilberto, père de la « Girl from Ipanema »

Le Brésilien Joao Gilberto, dont le décès à l'âge de 88 ans a été annoncé samedi par son fils, était…

Le Brésilien Joao Gilberto, dont le décès à l’âge de 88 ans a été annoncé samedi par son fils, était le dernier vivant des pères de la bossa nova, rythme syncopé issu de la samba mais métissé de cool jazz, devenu l’ambassadeur de l’âme brésilienne.

Avec Joao Gilberto, le pianiste compositeur Tom Jobim et le poète-diplomate Vinicius de Moraes, la « saudade » (nostalgie) a fait irruption sur les ondes, à l’été 1958.

Né le 10 juin 1931 à Juazeiro, dans l’Etat de Bahia (nord-est), Joao Gilberto Prado Pereira de Oliveira découvre la musique avec sa première guitare, à l’âge de 14 ans.

Quatre ans plus tard, « Joaozinho » quitte son village natal pour Salvador de Bahia où on peut l’entendre sur les ondes de la radio locale et, à 19 ans, se retrouve à Rio de Janeiro. Il y joue dans une petite formation, Garotos da Lua, avec laquelle il fait ses premiers enregistrements et, en 1957, se fait connaître comme guitariste sur un disque de Elizeth Cardoso, Cançao do Amor Demais, composé par Tom Jobim et Vinicius de Moraes.

– « Chega de saudade » –

En août 1958, son 33 tours « Chega de Saudade » marque le point de départ de sa carrière et celui de la bossa nova (« nouveau truc »). Le public est sous le charme de sa voix chuchotante, des harmonies de Jobim et des paroles de Moraes.

Deux autres albums de Joao Gilberto sortent en 1960 et 1961 avec outre des compositions de Jobim et Moraes, celles d’autres comme Dorival Caymmi, Carlos Lyra, Roberto Menescal.

A partir de 1962 et pendant près de 20 ans, le guitariste-chanteur vit à New York avec un intermède de deux ans au Mexique. Il travaille avec Jobim et des jazzmen comme le saxophoniste Stan Getz qui avoue être tombé amoureux de sa musique, dès les premières notes entendues.

L’album Getz/Gilberto, avec Garota de Ipanema chantée par Astrud Gilberto, la première femme de Joao (qui le quittera pour Stan Getz), est un immense succès comme leur concert new-yorkais au Carnegie Hall, à l’automne 1964.

En 1967, Frank Sinatra met « Girl from Ipanema » à son répertoire. La bossa nova envoûte un public international.

Perfectionniste à l’extrême, Joao attend 1970 pour sortir un nouvel album, Ela é Carioca.

Il reste généralement fidèle à Jobim mais collabore aussi avec Gilberto Gil, Caetano Veloso, Maria Bethania notamment, mêlant bossa nova, samba, chansons et dialogues.

Guitariste et chanteur intimiste de l’âme brésilienne, il est rentré à Rio mais se produit sur les plus grandes scènes du monde. Parmi ses nombreux morceaux d’anthologie, il cite Desafinado, Garota de Ipanema, Chega de saudade, Rosa Morena, Corcovado, Aquarela do Brasil.

En 2001, il remporte à Los Angeles le Grammy du meilleur artiste dans la catégorie Musiques du monde pour son album « Joao: Voz e Violao », succédant à ses compatriotes Milton Nascimento, Gilberto Gil et Gaetano Veloso.

Son succès semble éternel: en août 2008, les billets de ses concerts pour le 50e anniversaire de la bossa nova sont épuisés en moins d’une heure.

A l’été 2015, il devait encore se produire en France aux festivals de Vienne, Marciac et Marseille.

Joao Gilberto est le père de la chanteuse Bebel Gilberto qu’il a eue à New York en 1966 avec la chanteuse Miucha, alors son épouse, et soeur du chanteur-compositeur Chico Buarque.

Il a fini sa vie en solitaire et ruiné, pris dans un conflit entre deux de ses enfants, son fils Joao Marcelo et sa fille Bebel, d’une part, et sa dernière épouse dont il vivait séparé, Claudia Faissol, une journaliste 40 ans plus jeune que lui et mère de sa fille adolescente.

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